L’Egypte et le Soudan sont très en colère contre l’Ethiopie. Le développement des pays de la région implique une bonne maîtrise de l’irrigation pour l’agriculture ainsi que l’utilisation des cours d’eau pour la génération d’électricité, entre autres considérations.
La vie des Egyptiens, depuis l’Antiquité, dépend du Nil. Ce fleuve puise sa force dans deux affluents: le Nil blanc et le Nil bleu pour ensuite se déverser au nord, dans la mer Méditerranée. Le Nil Blanc (Nahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil Bleu (Nahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie).
Le Nil blanc et le Nil bleu se rejoignent au centre du Soudan voisin. L'agriculture égyptienne dépend donc fortement de ces deux affluents.
En 1954, le président égyptien Nasser a lancé la construction du barrage d’Assouan sur le Nil. Ce grand chantier a considérablement bouleversé le cours du Nil et la richesse de l’eau en filtrant en amont les limons. L’eau fut donc appauvrie, la faune et la flore du Nil en ont pâti mais aussi les plantations qui ont fait la richesse de l’Egypte antique. En effet l’agriculture dépend des limons. En dépit de ce constat, ce ne fut que le point de départ de la construction d’autres barrages et pas seulement en Egypte. Le voisin au sud, le Soudan, a aussi placé des barrages qui ont bien évidemment impacté les Nil blanc et bleu ainsi que le Nil lui-même. Depuis 2011, c’est l’Ethiopie qui s’est lancée dans la construction de son barrage nommé "Renaissance", dont le débit annuel est prévu aux alentours de 10 000 000 mètres cubes (10 millions), il sera le plus grand barrage d’Afrique. Un bel édifice que l’Italie a été chargée de réaliser pour la coquette somme de 5 milliards de dollars sur la rive ouest du Lac Tana.
Inquiets, les voisins égyptiens et soudanais se sont donc précipités auprès du gouvernement éthiopien pour leur faire part de leurs inquiétudes quant à l’impact de son projet. Ils ont apparemment discuté durant 4 années de cette question puis ont fini par signer en 2015 un accord tripartite pour fixer les règles et limites de l’utilisation des Nils et des barrages. Mais en juillet 2020 l’Ethiopie a célébré la fin du chantier de son barrage et a commencé le remplissage de ses bassins afin de générer l’électricité attendue: 6000 mégawatts, soit trois fois la production électrique du barrage égyptien d’Assouan.
Les débits des fleuves étaient déjà très affaiblis alors que jusqu’ici le barrage éthiopien n’était pas pleinement opérationnel. Les Ethiopiens ont commencé à remplir le bassin de "Renaissance" qui, pour atteindre son niveau prévu, devra faire une rétention de 79 000 0000 000 mètres cubes d’eau (soit 79 milliards de m3 ou 79km3)! C’est gigantesque bien sûr.
A présent, les gouvernements égyptiens et soudanais sont passés de l’inquiétude à la colère. D’une part ils craignent un tarissement du cours du Nil bleu en provenance d’Ethiopie, mais en plus ils sont furieux car ils estiment avoir été trompés : les Ethiopiens n’auraient pas averti les pays voisins, et n’auraient pas respecté les accords signés en 2015.
Après avoir espéré une médiation de l’Union Africaine, ils en appellent à une intervention de l’ONU en précisant que l’affaire est grave et urgente. Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu une session pour discuter de la crise du barrage de la Renaissance, qui existe entre l'Éthiopie, l'Égypte et le Soudan, mais n'a pas encore émis de décision ou de recommandation après la session. Le gouvernement éthiopien de son côté dit comprendre l’inquiétude et joue l’apaisement, affiche une volonté de discuter, mais des diplomates impliqués dans la crise affirment de leur côté que l’Ethiopie cherche simplement à gagner du temps et placer ses voisins devant une situation de "fait accompli". Espérons qu'ils puissent trouver un terrain d'entente rapidement car des conflits armés ont débuté dans l'histoire de l'humanité pour moins que ça!
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