Les astuces des Syriens pour préparer le repas du Ramadan

Des femmes jordaniennes et syriennes échangent des recettes, des plats et des souvenirs (Al Jazeera)
Des femmes jordaniennes et syriennes échangent des recettes, des plats et des souvenirs (Al Jazeera)

Durant le mois du Ramadan, les familles syriennes tentent de préparer les plats du mois sacré à moindre coût, en recourant à des alternatives bon marché à certains des ingrédients coûteux que ceux habituellement utilisés dans la tradition syrienne.

En réponse à la question posée par le média arabophone Arabi21 : "Comment gérez-vous les repas du Ramadan face à la hausse folle des prix ?", un instituteur nommé Ghufran al-Hassan explique qu’il a tendance à "Remplacer les pistaches par des noix pour décorer la maqluba, le riz et le freekeh", des plats traditionnels syriens, puisque les pistaches coûtent cher.

L’instituteur ajoute : "Pour le kibbeh, ma femme remplace la farine par du pain dans la pâte à kibbeh, et elle utilise du poulet ou des pommes de terre bouillies pour la garniture. Ainsi, vous pouvez préparer l'un des plats du Ramadan les plus délicieux et les plus emblématiques de la ville d'Alep à un coût acceptable.".

"Je fais du ma’arouk (une pâtisserie populaire du Ramadan en Syrie) à la maison, car c’est moins cher et que cela a meilleur goût que le ma’arouk qu’on achète tout prêt !", explique Jamal Issa, un vendeur de légumes d’Alep. "En raison du coût de la vie élevé et de nos faibles revenus, ajoute-il, nous avons remplacé les cubes de bouillon de poulet par du poulet.". Issa poursuit : "Les conditions s’améliorent et les marchés s’amélioreront progressivement, nous sommes donc patients jusqu’à ce que le pays se rétablisse, et alors nous pourrons vivre dans l’abondance économique et recommencer à préparer les plats du Ramadan comme avant.". (cela ressemble à un vœu pieux ! NDLR).

Radwan Al-Debs, chercheur en économie, a confirmé à Arabi21 que la pauvreté en Syrie avait eu un impact radical sur les habitudes de consommation pendant le mois de ramadan. "Les sucreries, les hors-d’œuvre et les jus ont disparu des tables syriennes du ramadan, qui ne contiennent désormais qu’un seul plat", a-t-il déclaré assez tristement.

Le chercheur explique, avec nostalgie, qu’il est fier de la renommée de la cuisine syrienne et la variété de ses plats, notamment les "entrées", et déclare: "Les tables du ramadan syrien contenaient autrefois un certain nombre de plats principaux en plus des entrées, mais aujourd'hui tout cela est terminé, et les tables d'aujourd'hui se composent bien souvent d'un seul plat léger et non gras.".

Mezzés syriens (Ramadan)
Mezzés syriens (Ramadan)

Le Ramadan rassemble les familles syriennes

D'autre part, Radwan Al-Debs regrette la disparition de la coutume des "invitations pour le Ramadan" en Syrie, expliquant que "les familles syriennes avaient l'habitude d'inviter et d'être invitées en grand nombre au repas de la rupture de jeûne pendant le mois de ramadan, mais maintenant, en raison du coût élevé de la vie et des contraintes financières, on ne s’invite pratiquement plus pour rompre le jeûne ensemble.".

Les repas pour les soirées du ramadan et autres fêtes familiales ont tendance à disparaître à cause du coût élevé de la vie et du manque de transport, selon Al-Debs, qui confirme que la pauvreté du peuple a bien sûr un impact significatif sur la consommation des ménages syriens.

En effet, des commerçants de la ville d’Alep ont décrit à Arabi21 l’activité du marché pendant le ramadan de cette année comme "faible", en disant "On n’a pas la baraka (la bénédiction) cette année.".

Une hausse des prix due à la fin de l’hiver ?

Le ministre de l'Economie et des Finances syrien, Abdul Hakim Al-Masri, affirme que l'une des raisons de la faible activité commerciale des marchés du ramadan est due à la hausse des prix ce mois-ci, notamment des légumes et des fruits, dont les prix ont augmenté en moyenne de 30 pour cent au début du mois de mars.

Il a attribué cette situation à plusieurs raisons, la première étant que le mois de ramadan tombe à la fin de l’hiver et au début du printemps. "Pendant cette période, les prix des légumes augmentent chaque année, or c’est durant la saison estivale que les productions sont les meilleures ici.", a-t-il expliqué.

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Mis en ligne : Jeudi 20 Mars 2025
 
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