L’affaire du meurtre de Suzanne Tamim refait surface car l'homme d'affaires égyptien Hisham Talaat Moustafa a été réhabilité.
La Cour de révision du Caire a statué le dimanche 27 août 2023 sur la réhabilitation du meurtrier de la chanteuse libanaise et a décidé d'annuler sa condamnation pour la commission d'un meurtre réalisé par l'entremise d'un tueur à gages. Cette décision a suscité le mécontentement de nombreuses personnes en Égypte. Rappelons que cette affaire est toujours très présente dans la mémoire de la population, bien que les faits remontent à des années maintenant.
Hisham Talaat Moustafa avait été jugé coupable en 2009 et condamné à mort pour le meurtre prémédité de sa maîtresse, Mme Tamim, commis en 2008. L’homme a bénéficié d’une libération exceptionnelle après 8 années passées en prison car il avait obtenu une grâce présidentielle en 2017 (plus d’informations ici).
Hisham Talaat obtient une décision de réhabilitation
En quoi consiste la réhabilitation de M. Talaat? Des experts juridiques égyptiens ont expliqué que la réhabilitation permettait à un justiciable de voir sa condamnation annulée à condition que 6 années se soient écoulées à partir de la date d’exécution de la peine et que le meurtrier ait été gracié, ou encore, que la Cour de révision accepte de rejuger le meurtrier.
La décision de réhabilitation accorde aux accusés la possibilité d'occuper un emploi, d'exercer leurs mandats politiques ou d'accéder aux conseils parlementaires et locaux. Elle entraîne la suppression de tout ce qui résulte de la condamnation en termes d'incapacité, de privation de droits et de toutes conséquences pénales (candidature et vote à des élections diverses), conformément à l'article 552 du Code pénal égyptien.
La colère au Liban
Cette nouvelle a été très mal accueillie par la population au Liban dont la victime était native. La colère était visible jusque dans les rues libanaises, mais aussi sur les réseaux sociaux : les Libanais sont choqués d’apprendre que le meurtrier de Suzanne Tamim a été lavé de son crime !
Cette décision a provoqué colère ou étonnement, car beaucoup considèrent que le sang de l'artiste libanaise est sur les mains de ses assassins, qui mènent pourtant une vie normale malgré leur crime horrible !
De nombreuses photos de la scène de crime avaient été divulguées à l'époque, montrant la laideur du crime dont l'artiste libanaise a été victime ! Elles avaient suscité, à l'époque, l’horreur et la consternation, aussi bien en Égypte qu’au Liban. La décision de la Cour égyptienne, qui favorise un homme politique, ne peut qu'être considérée avec scepticisme quant à ses réelles motivations et éteint toute action en justice à l'avenir concernant ce crime.
Ce type de réhabilitation des assassins par la plus haute cour de justice illustre l'injustice sociale qui règne dans de très nombreux pays. Pas étonnant que le public ait si peu confiance dans les institutions judiciaires.