Alors que le président Abdelmadjid Tebboune ne cesse de vanter les bonnes intentions et le potentiel de son homologue français Emmanuel Macron depuis son élection en décembre 2019, il a toutefois récemment montré un certain agacement, une certaine exaspération en évoquant les forces cachées en France qui tentent de rendre impossible une paix sincère entre l’Algérie et la France.
En juillet 2020, M. Tebboune expliquait que des 'lobbies minoritaires mais très dangereux essaient de saper le travail', que ces lobbies faisaient obstacle à une véritable réconciliation entre les deux pays. Le point d’achoppement tourne autour de la mémoire, entendez par là : la version de l’histoire qui sera retenue, celle qui fera consensus. De part et d’autre de la Méditerranée, les versions du déroulement des évènements diffèrent, et du coup, le poids de la responsabilité aussi.
En juin 2021, le président algérien, lors d’une interview donnée à la chaîne Al-Jazeera, redit en substance la même chose : 'Il y a trois lobbys en France. Aucun ne s’entend avec l’autre, et chacun est influent. Il y a le lobby de ceux qui sont partis d’Algérie après l’indépendance. Leurs descendants entretiennent l’esprit de la haine des Algériens. Il y a un autre lobby qui est celui des Algériens qui ont choisi de soutenir la France (allusion aux harkis) et le dernier est celui de l’ancienne OAS (Organisation armée secrète) qui est toujours active en France'.
Il déplore donc que, malgré sa bonne relation avec le président Macron, ces tensions soient sans cesse ravivées par les différents groupes influents en France.
Les deux pays connaissent d’interminables hauts et bas dans leur entente diplomatique. Récemment, le jeudi 8 avril, un report de la visite du premier ministre français Jean Castex à Alger a été annoncé. Ce report avait coïncidé avec les propos inattendus du ministre du Commerce El Hachemi Djaaboub qui a déclaré que la France était l’ "ennemi traditionnel 'éternel' de l’Algérie." En réaction, le président français Emmanuel Macron a jugé 'inadmissibles' les propos de Djaaboub, tout en restant positif, en affirmant qu’une volonté de réconciliation 'est très largement partagée, notamment par le président (algérien Abdelmadjid) Tebboune.' 'Il est vrai qu’il doit compter avec quelques résistances…', avait dit M. Macron dans un entretien au Figaro.
L'anecdote concernant Jean Castex et l'intervention de Djaaboub, montrent en fait que si des lobbies en France exercent des influences néfastes pour permettre aux deux pays de se réconcilier, il en va de même en Algérie où il existe aussi des influenceurs qui ne veulent pas entendre parler de paix avec l’ancienne puissance coloniale. Alors que les deux peuples rêvent de pouvoir tourner la page et vivre enfin une relation amicale et fraternelle, une poignée d’individus de part et d’autre jouent sur des postures politiques dans un but bien personnel en veillant à ce que les blessures du passé ne referment jamais.