Sitôt l’Algérie libérée de son occupant français en 1962, des tensions naquirent entre quelques Algériens originaires de la région de Kabylie et le tout jeune pouvoir central national.
Certains Kabyles n’ont eu de cesse de vouloir afficher leur différence avec le reste de l’Algérie et de nos jours, plusieurs mouvements politiques se revendiquent les portevoix des Algériens kabyles dans leur ensemble. Leur volonté est de transformer la région de la grande Kabylie en un Etat indépendant ou souverain, ou une région autonome, ou encore obtenir plus de liberté de décision en décentralisant le pouvoir national.
L’un des mouvements que de nombreux médias ne se lassent pas de mettre en avant est le parti du MAK-Anavad, Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (indépendantiste), présidé par M. Ferhat Mehenni. Ces derniers mois, le ton monte entre l’Etat Algérien et les membres de ce mouvement. Le mouvement très obscur quant à ses membres, son financement et sa représentativité a été classé par l’Etat Algérien comme organisation terroriste.
Le MAK-Anavad est accusé par le gouvernement algérien de séparatisme et d’avoir à maintes reprises appelé à la sédition. De pressions exercées auprès de personnes influentes de la communauté kabyle pour créer des 'incitations' à boycotter les élections, aux destructions de matériels de vote et à la dégradation de lieux de vote, jusqu’à fomenter plus récemment 'une dangereuse conspiration ciblant le pays' (dixit un communiqué de l’Etat algérien), on peut dire que le Mouvement ne lésine pas sur les moyens. Une enquête est en cours qui nous en apprendra certainement plus. Bien évidemment le représentant du MAK a démenti les accusations de sédition, via des communiqués de presse.
Le MAK-Anavad est un parti autocentré sur son président qui apparaît comme un mondain parisien à l’abri du besoin, surfant sur un malaise bien réel de la communauté kabyle en Algérie. Le parcours de l’homme est présenté comme une légende vivante, ses collaborateurs sont très actifs et le mouvement dispose d’un site Internet pour communiquer ses idées, en langue française. Ils ont dû abandonner un projet de chaîne de télévision, sans donner d’explication et ont récemment décidé d’autoproclamer un gouvernement kabyle en exil (à Paris, en France) afin de continuer d’édifier le projet d’un pays kabyle libre et indépendant.
Les revendications, les récriminations que l’on peut lire dans les discours de propagandes sont très peu clairs et les propos tous azimut. Principalement on peut retenir que, selon le MAK, il est une nécessité impérieuse de libérer le peuple kabyle du colon algérien, un Etat à la fois trop central, trop policier et répressif, génocidaire envers les Kabyles, voulant imposer l’arabe et l’islamisme et par là- même tuer la langue et la culture kabyles. Parfois, le MAK se proclame berbère au sens large, ou amazigh, d’autres fois essentiellement Kabyle, selon la situation. Un discours qui veut ratisser large c’est certain.
Au niveau représentativité, le leader auto-proclamé président de la Kabylie explique que cela se juge au raz-de-marée humain que l’on voit dans les manifestations du Hirak et dans le boycott des élections nationales. D’abord le Hirak n’est pas un mouvement exclusivement Kabyle, c’est un mouvement citoyen pour exprimer la déception profonde de tout le peuple algérien envers ses élites et son gouvernement central. D’autre part, le boycott des élections nationales par des Kabyles est un fait réel mais rien ne permet d’assurer qu’il est le fait du suivi du 'mot d’ordre de M. Mehenni' ! Il y a de nombreuses raisons qui peuvent expliquer ce désintérêt et ces raisons n’incluent pas ce monsieur.
Autrement dit, le MAK-Anavad et son gouvernement provisoire ne représentent pas tous les Kabyles. Rappelons que le MAK et ses sympathisants représentent une centaine d’individus essentiellement basés à Paris, en France.
Lien : le gouvernement kabyle provisoire : https://www.makabylie.org/anavad/