Mort de l'ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

L'ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika est décédé à l'âge de 84 ans. L'histoire se souviendra de cet homme qui, lorsqu'il est devenu président, a réussi à mettre fin à une guerre civile sanglante.

La télévision d'Etat algérienne a annoncé, ce samedi 18 septembre 2021, la mort du septième président du pays, depuis son indépendance en 1962, après que l’homme ait pris le pouvoir en 1999 et après avoir été réélu pour des mandats ultérieurs.

En 1999, il a assumé la présidence alors que le pays était déchiré par la guerre civile, puis a été réélu en 2004, 2009 et 2014. Il briguait également un cinquième mandat en 2019, malgré une maladie qui l'avait paralysé il y a six ans.

Cependant, il avait annoncé sa démission, après des manifestations de masse contre le cinquième mandat, et s'était retiré à l'abri des regards, isolé dans sa résidence de Zéralda, dans l'ouest d'Alger.

Dans un message d'adieu, Bouteflika demande alors pardon au peuple algérien. En effet, avant sa mort, il a adressé un message au peuple algérien dans lequel il a rappelé ce qu'il avait fait durant son mandat présidentiel puis a demandé aux Algériens et aux Algériennes de "pardonner chaque manquement" qu’il a commis envers eux.

Il est de coutume depuis 1978 que les chefs d’Etat d’Algérie anciens ou en exercice, soient inhumés au carré des Martyrs du cimetière d'El Alia où reposait déjà depuis 1966 celui qui est considéré officiellement comme le fondateur de l’Etat algérien moderne, l’Emir Abdelkader.

Dans le carré, situé à l’entrée du grand cimetière algérois, reposent tous les présidents de la république algériens. Sur le flanc gauche, les deux présidents morts en exercice, Houari Boumediene (1978) et Mohamed Boudiaf (1992), à côté de l’Emir et de quelques martyrs de la révolution.

À droite, les chefs d’Etat décédés après la fin de leurs mandats. Aucun ne manque. Ahmed Benbella, Chadli Bendjedid et Ali Kafi. Rabah Bitat y est enterré pour sa double qualité de chef historique de la révolution et de président intérimaire de décembre 1978 à février 1979. Abdelaziz Bouteflika sera probablement également inhumé au cimetière El Alia.

Le roi du Maroc Mohammed VI a adressé, samedi 18 septembre, un message de "condoléances et de compassion" au président algérien Abdelmajid Tebboune, à la suite du décès de l’ancien chef d’Etat Abdelaziz Bouteflika.

Le monarque marocain ne manque désormais aucune occasion de jouer la carte de l’apaisement diplomatique avec l'Algérie, bien qu'il n'intervienne que sur des sujets annexes, les causes profondes du conflit ne sont jamais abordées. Il s'est toutefois exprimé ainsi: "Je me remémore des attaches particulières qui liaient M. Bouteflika au Maroc, que ce soit lors des périodes de l’enfance et des études dans la ville d’Oujda ou encore au temps du militantisme pour l’indépendance de l’Algérie sœur. L’histoire retient que feu Bouteflika a marqué une importante phase de l’histoire moderne de l’Algérie".

Abdelaziz Bouteflika - élections présidentielles de 1999
Abdelaziz Bouteflika - élections présidentielles de 1999

Rétablir la paix

Il est à noter que "Boutef" comme l'appellent les Algériens, a joué un rôle majeur dans le rétablissement de la paix en Algérie après son accession à la présidence, à la suite d'une guerre civile d'une décennie qui a fait près de deux cents mille morts.

En septembre 1999, il a promulgué la première loi d'amnistie pour les militants qui combattaient les forces gouvernementales et qui ont été accusés de crimes de grande ampleur, en échange de la remise de leurs armes. Cela a été suivi de la reddition de milliers de militants armés.

Après le début de ce que l'Occident a appelé (et fabriqué) le "printemps arabe" dans plusieurs pays arabes, Bouteflika a anticipé la tempête en levant l'état d'urgence qui avait été déclaré dans le pays depuis 19 ans, et en augmentant les salaires, profitant des revenus pétroliers du pays riche en ressources. Cette anticipation a permis d'atténuer l'effet désastreux que l'on a connu dans les autres pays arabes.

La situation économique est toutefois restée mauvaise et le chômage endémique, notamment chez les jeunes. Les protestations contre lui ont éclaté lorsqu'il a décidé de briguer un cinquième mandat.

C'est donc un président qui d'un côté a apporté la stabilité au jeune pays d'Algérie, a certainement évité de nombreuses déstabilisations internes et surtout externes, mais d'un autre côté n'a pas été capable de faire preuve d'ambition au niveau économique, politique et sociétal. Il reste tant à faire pour construire l'Algérie!

Près d'une décennie de santé fragile

Il est à noter que depuis 2013, date de son AVC jusqu'à la date de sa démission, Bouteflika a été plusieurs fois hospitalisé, et il s'est déplacé plus d'une fois en France, puis en Suisse, pour se faire soigner.

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Mis en ligne : Dimanche 19 Septembre 2021
 
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