La vie et l'œuvre de l'écrivain libanais Gibran Khalil Gibran

Khalil Gibran vers 1900
Khalil Gibran vers 1900

La vie et l'œuvre de l'écrivain libanais Gibran Khalil Gibran, l'un des intellectuels contemporains arabes qui a le plus compté, nous rappelle combien le Liban a porté d'intellectuels illustres qui ont écrit sur la sérénité et l'émerveillement devant la vie !

Khalil Gibran est né le 6 janvier 1883 à Bcharré, une ville de montagnes au nord du Liban. Sa mère, Kamila Rahmy, fille d'un prêtre chrétien maronite avait déjà un fils d'un premier mariage appelé Pierre, le demi-frère tant aimé de Gibran.

Après la mort de son mari au Brésil où elle avait émigré, elle regagna le Liban où elle épousa en secondes noces le père de Gibran, un homme simple, éleveur et marchand de moutons. De cette union naquirent trois enfants, Khalil, Mariana et Sultana ses deux sœurs dont il était très proche. Quant à sa mère qu'il adorait, érudite et très bonne chanteuse, elle leur apprit la musique, leur donna le goût des arts, et eut sur Gibran une influence très importante.

Alors que Gibran a douze ans, et en raison de difficultés matérielles, la famille émigre sans le père à Boston aux États-Unis, où se trouve le frère de la mère de Khalil Gibran et où ils ouvrent une épicerie. Pendant trois ans et demi, l'adolescent fréquente une maison de quartier où il suit des cours d'anglais et de dessins. Étonnée et séduite par son talent naissant, son professeur de dessin, Florence Pierce, le présente à une assistante sociale très influente qui le recommandera "avec insistance" à un artiste photographe, Fred Holland Day. Ce dernier le prendra sous son aile, lui fera découvrir la littérature, les arts, et l'encouragera à dessiner.

Le Mont Liban, où est né Gibran, magnifiquement enneigé
Le Mont Liban, où est né Gibran, magnifiquement enneigé

En 1898, sur son insistance, sa mère le renvoya à Beyrouth au Liban où il passa son baccalauréat à Madrasat al-Hikmat, la célèbre Ecole de la Sagesse. C'est à cette époque qu'il va connaître sa première désillusion amoureuse; Il s'éprend d'une jeune fille dont on ignore le nom mais qui pourrait être en vérité Hala El-Dahir, promise à un autre homme, selon la tradition au Liban. Le frère de la jeune fille estima que Gibran n'était pas assez bien né pour prétendre épouser sa jeune sœur. Ce qui inspira au poète l'écriture de son merveilleux livre Les ailes brisées.

Pendant ce temps, sa plus jeune sœur Sultana, malade depuis deux ans, décède alors qu'elle avait à peine quatorze ans. De retour à Boston, il va vivre d'autres grands chagrins : La mort de son demi-frère Pierre, et malheureusement celle de sa mère qu'il vénérait par-dessus tout, emportée par un cancer.

En 1904, Gibran rencontre une directrice d'école, Mary Haskel, qui s'intéresse à ses peintures et à ses écrits. De dix ans son aînée, elle le conseillera, l'aidera dans les traductions de ses textes, et lui procurera des aides financières, et, indéniablement, facilitera la reconnaissance de ce jeune émigré Libanais qu'elle admire et en qui elle croit. Entre eux s'installera une grande complicité qui se transformera en une amitié amoureuse qui durera jusqu'à la mort de Gibran.Toujours en 1904, les dessins de Gibran furent exposés pour la première fois au studio de Fred Holland Day à Boston, et son premier livre en arabe fut publié en 1905 à New York.

Grâce à l’aide financière de sa bienfaitrice, Mary Haskell, Gibran s’installe à Paris en 1908, pour trois ans, pour étudier l’art. Il travaille à l'Académie des beaux-arts, entouré des grands artistes de ce temps tels que Debussy, Maeterlinck, Edmond Rostand et aussi le sculpteur Rodin. A Paris, il entre en contact avec des penseurs politiques syriens qui soutiennent la rébellion en Syrie ottomane après la révolution jeune-turque ; les écrits de Gibran qui incitent à la rébellion contre le pouvoir ottoman sont censurés par les autorités ottomanes.

Riche de ces années dans la ville des arts et de la culture, Gibran s'installe ensuite à New-York où il va continuer à publier des articles dans des journaux, à peindre et surtout à écrire.

Gibran Khalil Gibran et May Ziadah
Gibran Khalil Gibran et May Ziadah

En 1911, il commence une correspondance avec May Ziadah, une journaliste d'origine Palestino-Libanaise installée au Caire en Égypte. Au fil des années, elle deviendra "le grand Amour de Gibran", la femme orientale idéale de ses rêves. Elle restera aussi jusqu'à sa mort, le lien avec sa culture et avec l'Orient, et sans doute celle qu'il aima sans… jamais la rencontrer.

Durant les sept dernières années de sa vie, où Gibran, déjà souffrant, se sentait seul, une admiratrice exerçant le métier de professeur d'anglais, Barbara Young, lui propose de l'aider dans son travail. Après la mort de Gibran, elle rassemblera les chapitres du Jardin du Prophète inachevé, et veillera à sa publication.

Avec une santé fragile et une vie acharnée à construire son œuvre sans relâche, Khalil Gibran s'éteint le 10 avril 1931 : il avait quarante-huit ans. Après que la ville de New-York lui ait rendu un dernier hommage, sa dépouille fût rapatriée au Liban et accueillie comme celle d'un homme d'Etat. Khalil Gibran repose aujourd'hui au vieux monastère de Mar Sarkis dans le Wadi Kadisha (vallée Sainte) tout près de Bcharré au Liban.

Quelques extraits du Prophète de Gibran Khalil Gibran

"Ne dites pas : J'ai trouvé la vérité, mais plutôt : "J'ai trouvé une vérité".

Ne dites pas : "J'ai trouvé le chemin de l'âme". Dites plutôt :
"J'ai rencontré l'âme marchant sur mon chemin. Car l'âme passe par tous les chemins.".

"Ainsi parlait, en sa ville d'Orphalèse, Al-Moustapha, le Prophète. Et le peuple accourait entendre son message d'espoir. "La vie n'est que ténèbres", scandaient les prêtres de toutes les religions. "La vie est lumière", leur opposait le Prophète. Et le peuple d'Orphalèse découvrait, transporté, la sagesse du monde, les vertus de l'amour, les bienfaits de la connaissance et la simplicité du rapport à Dieu.".

Gibran Khalil Gibran est considéré comme l'un des plus grands écrivains libanais et arabe qui ont influencé la littérature de la Renaissance arabe. Ses livres en arabe et en anglais ont influencé et continuent d'enrichir et d'influencer l'esprit de milliers, voire de millions de personnes partout dans le monde, quelle que soit la culture des personnes.

Tout en étant très attaché à ses racines libanaises et chrétiennes, il aspirait à de profonds changements en Orient arabe. Le garçon de Bcharré disait : "L'Orient est resté une demeure et le théâtre de mes espoirs car c'est la demeure des prophètes, des rois, des héros et des poètes.". Malgré son adhésion à une vision orientaliste du Monde Arabe, sa tendance à la solitude et à la contemplation, il semblerait que la vie en Amérique ait influencé sa manière de voir le Monde Arabe, l’incitant à vouloir une nation arabe développée et modernisée.

La production littéraire de Gibran Khalil Gibran

Ecrit original en arabe : Epouses des prés, Esprits rebelles, Les ailes brisées, Merveilles et Processions, Les dieux de la terre

Ecrit original en anglais : Le Prophète, Le sable et l’écume : Aphorismes, Jésus, fils de l'Homme, Seigneurs de la Terre, La Flamme Bleue, qui est un livre qui comprend sa correspondance avec la femme-écrivain libanaise May Ziadah.

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Mis en ligne : Dimanche 20 Octobre 2024
 
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