Au Liban, les problèmes de l'hôpital public sont devenus évidents pour la population durant l'année 2022. Les services de soins sont en crise! Lorsque vous vous rendez dans un hôpital, vous pouvez constater que de nombreux services sont fermés par manque de personnel soignant...
Depuis la pandémie de covid-19, des services ont été ouverts pour répondre à l'urgence, financés par des ONG internationales et par la Banque mondiale. En plus de l'équipement moderne et neuf nécessaire à ces services, ces organismes étrangers ont pris en charge les salaires des personnels soignants. Ces personnels travaillaient au sein des hôpitaux publics mais n'étaient, pour autant, pas à leur disposition, puisqu'ils suivaient les directives des managers des ONG: une situation assez étrange...
André Qazili est le directeur l'hôpital public d'El Bouar. Il a récemment expliqué les difficultés que rencontre son établissement, des difficultés comparables à tous les autres hôpitaux publics du pays. Il a ainsi déclaré: "le salaire moyen de ceux qui travaillent dans un hôpital public est d'environ 6 millions de livres libanaises par an [soit environ 3900 dollars, 3670 euros par an, ndlr]. Nos infirmières et infirmiers obtiennent une rémunération faible alors que ceux et celles qui travaillent pour le compte d’une ONG peuvent gagner jusqu'à trois fois plus chaque mois.".
La fin du système de santé public au Liban?
M. Qazili a également expliqué qu'"à l'hôpital, nous avons actuellement un service fermé qui comprend 36 lits dédiés au coronavirus: nous ne pouvons pas l'ouvrir à cause du manque de personnel soignant. Il y a 27 infirmiers à l'hôpital, dont 12 travaillent au service de l'Etat et 15 au service d'une ONG. Tous les hôpitaux du pays souffrent du même problème, surtout depuis que les hôpitaux privés ont rouvert. Cette concurrence a attiré le personnel, toujours parce que la rémunération dans le privé est meilleure.".
Le Liban compte sur le financement de la Banque mondiale pour assurer son fonctionnement. Le pays est en déliquescence, les pseudo-responsables politiques ne gèrent rien d'autre que des querelles stériles, personne ne gère les problèmes de fonctionnement qui deviennent critiques et le pays part à la dérive.
La Banque mondiale a promis de payer 2,5% des factures de l'hôpital d’El Bouar, mais c'est largement insuffisant. M. Qazili ajoute: "par exemple, nous avons ouvert le service de dialyse et les patients ont commencé à affluer. Un patient a besoin de 3 séances par semaine en moyenne, et cela a un coût de fonctionnement important pour l'hôpital, or, pour le moment, nous ne sommes pas payés pour ces séances. Le ministère de la Santé nous fait constamment des promesses et ne cesse d’affirmer que nous serons payés pour la dialyse des patients… Mais quand?".
Le manque de personnel soignant, aspiré par des ONG et par le secteur de santé privé, ainsi que le manque de financements font que l'hôpital public est voué à disparaître prochainement au Liban. Si tous les hôpitaux publics venaient à être fermés, de nombreux Libanais se retrouveraient sans secours. L'accès aux soins sera alors réservé à la seule "élite" ayant les moyens de se payer une prise en charge dans les établissements privés: Pourtant, ce sont ces mêmes élites qui ont engendré cette situation inhumaine.