Le Liban dispose enfin de son gouvernement. Le pays qui cumule les défaillances et les pénuries s'était enfoncé dans une crise politique depuis l'évènement tragique de l’explosion d'un hangar dans le port de Beyrouth il y a plus d'un an. Suite à cet évènement, Hassan Diab, alors Premier ministre avait démissionné et le gouvernement avait depuis lors besoin d'être reformé.
C'est M. Najib Mikati qui devient le premier ministre. Il aura la délicate mission de trouver des solutions aux nombreux problèmes que subit le Liban et veiller au bon fonctionnement de son gouvernement composé de personnalités très différentes.
M. Firass Abiad est le nouveau ministre de la Santé. Il est le directeur du plus grand hôpital public du Liban, le premier à avoir reçu en soin des patients atteints du Covid-19. Il a d'ailleurs personnellement joué un rôle de premier plan dans la lutte contre la pandémie.
L'un des ministres n'est autre qu'un présentateur de télévision: M. George Qiradhi. Ce ministre était auparavant l'animateur de l'émission populaire "Qui veut gagner des millions".
Le ministre des Affaires étrangères est M. Abdallah Bouhabib. Il a été l'ambassadeur du Liban à Washington de 1983 à 1990 et dispose donc d'une solide expérience en matière de diplomatie.
Le choix le plus étonnant et le plus controversé est celui d'avoir nommé M. Yousuf Khalil en tant que ministre des finances. Khalil était le directeur des opérations financières de la Banque centrale du Liban, il est donc censé être expérimenté en matière de finance publique, mais il est surtout l'un des responsables de la crise financière actuelle et de la dévaluation de la livre libanaise! Il avait contribué à instaurer un programme qui visait à attirer les investisseurs au Liban, grâce à une promesse de taux d’intérêts très élevés. C'est pourtant ce même programme qui a contribué à une crise bancaire nationale...
Autre fait remarquable, ce gouvernement ne comprend aucune femme, à aucun ministère. Pour autant, cela n'a ému aucun dirigeant occidental, d'ailleurs M. Macron, président de la France, a félicité M. Mikati pour avoir formé un gouvernement. Rappelons que dans le même temps, les mêmes Occidentaux exigent de la part des taliban d'inclure des femmes dans leur gouvernement afghan...
Un pays en crise, l'eau pourrait être la prochaine pénurie à venir
Le Liban fut initialement confronté à une grave crise financière qui a fait perdre à la livre libanaise plus de 90% de sa valeur. L'électricité et les transports sont très vite devenus inabordables pour la population dont un grand nombre a perdu son emploi et est entrée dans la grande pauvreté.
La crise s'est aggravée par la suite avec un manque de médicaments et de carburant. A ce jour, la crainte se porte sur une pénurie probable dans la distribution de l'eau potable à la population.
Réussir les objectifs de ce nouveau gouvernement est capital
Ce nouveau gouvernement a fort à faire. Sa mission première va être de sortir le pays de sa crise économique et financière. Cela devrait se traduire par des réformes de grande ampleur. Ensuite, il faudra aussi qu'il puisse garantir la tenue des élections législatives prévues pour 2022. Enfin, le Fonds monétaire international attend de pouvoir reprendre les négociations afin d'apporter éventuellement son concours, qui ne sera ni gratuit ni exempt de conditions contraignantes.
Il faudra aussi garder à l'esprit que les tensions politiques sont importantes. Les gouvernements au Liban ont du mal a être formés et souvent ne durent pas longtemps. Mikati a d'ailleurs été chargé de former un gouvernement après trois tentatives précédentes qui ont abouti à un échec.
Suite à la démission de Hassan Diab en 2020, l'ensemble de la classe politique avait fait la promesse à la population de former un nouveau gouvernement en quelques semaines. Des séries de négociations infructueuses entre groupes rivaux n'ont pas permis d'honorer cette promesse, permettant à la crise de prendre une ampleur dramatique.