Dans le monde arabe, le pays de Khalil Jibran est connu pour son dialecte aux intonations particulières. Mais l'arabe libanais n'a pas seulement de charmantes intonations, c'est une langue ancienne aux origines multiples et qui ne cesse d'évoluer. De plus, bien que l'arabe libanais reste proche de l'arabe littéraire, il est spécial.
D'où vient le nom du Liban ?
Le pays porte un nom araméen, qui se prononce Loubnan en arabe et qui signifie "la Blanche", en allusion aux sommets enneigés des montagnes du Liban. L'Araméen était la langue usuelle de la Palestine à l’époque de Jésus de Nazareth, et l’Arabe syro-libanais, langue principale au Liban, lui a emprunté de nombreux mots. Dans les églises libanaises et syriennes, des prêtres font encore la messe en araméen.
Les multiples ethnies du Liban en ont forgé la langue
Le vocabulaire courant a été enrichi de mots et expressions empruntées aux langues de différentes ethnies du Liban comme l'araméen, le grec, le français et le turc. Il faut savoir que la population du pays compterait, outre une majorité de Libanais, plus de vingt minorités ethniques dont les plus importantes sont les Arméniens, les Syriens, les Palestiniens, les Jordaniens, les Kurdes et les Européens (dont une majorité de Français). Les langues usuelles les plus parlées au Liban sont l’arabe levantin, également appelé arabe syro-libanais, qui fait partie de la famille de l’arabe oriental, suivi du français et de l’anglais.
Le français est l’une des langues usuelles du Liban, qui, rappelons-le, a été sous mandat français de 1920 à 1943. Les amoureux de la francophonie déplorent toutefois la préférence des jeunes libanais pour l'anglais au détriment du français (à noter qu’un phénomène similaire a été observé au Québec…). Les défenseurs de la langue arabe déplorent quant eux le dédain des jeunes levantins pour la langue arabe, qu’il s’agisse de l’Arabe dialectal libanais ou de l’Arabe littéraire. Et à l’instar d’autres pays arabes, les citadins libanais mixent souvent l'arabe, le français et l'anglais...
Différences entre l’arabe dialectal libanais et l’arabe littéraire
En arabe libanais, la lettre "qâf" (le "k" guttural) ne se prononce pas du tout. Ainsi, qalb (cœur) se prononce aleb ; qahwa (café) se prononce ahwé. Le qâf muet est d’ailleurs une particularité propre à l’arabe levantin (libanais, syrien, palestinien) et pas seulement à l'arabe libanais. Autre spécificité de l'arabe libanais: la diphtongue "a" se prononce souvent "é", de ce fait, halwa (agréable) se prononce hilwé.
Les différences de syntaxe: en arabe libanais on accorde toujours le verbe et le sujet (lorsque le sujet est au pluriel, le verbe l’est aussi) or, ce n’est pas toujours le cas en arabe littéraire, puisqu’il arrive que le verbe reste au singulier même s’il y a plusieurs sujets…
Et fait amusant, il y a de faux amis entre les deux langues! Pour les linguistes, les faux amis sont des mots qui existent dans deux langues différentes, qui ont une grande similitude de forme, mais dont les significations diffèrent. Ainsi, "laymoun" signifie citron en arabe littéraire alors que ce même mot signifie orange en arabe libanais.
Une percée de l'arabe libanais dans la littérature?
Si l’arabe libanais est utilisé au quotidien, les médias (en particulier pour la communication écrite) et les organes officiels en revanche s’expriment toujours en arabe littéraire, appelé "el arabiya el fus’ha" en arabe. La littérature de langue libanaise est assez rare mais quelques nouvellistes et poètes (comme Younis Al-Ibn) s’y sont essayés et ont été salués pour leur originalité par les critiques littéraires. Une tendance ou quelque chose de durable?...