Toutes les grandes civilisations ont donné au parfum une place de choix, mais nul ne sait qui des Chinois, des Arabes, des Indiens ou des Egyptiens a su élaborer et mélanger les parfums. Nous savons cependant qu'il existe un lien intime et immémorial entre les Arabes et le parfum. Laissons-nous enivrer par l'odeur du musc, de l'ambre, du camphre et de la rose... Par Mme Siham Bouhlal, docteur ès lettres.
Les Grecs découvrent les parfums d'Arabie
Le premier à avoir décrit les parfums de l'Arabie est le Grec Hérodote : "De l'Arabie entière exhale une odeur divinement suave.". Alexandre roi de macédoine et Auguste empereur de Rome tenteront de conquérir cette terre de parfums pour que brûlent en abondance encens et myrrhe sur les autels. Les parfums étaient d'abords utilisés lors de rites religieux et funéraires, avant d'être utilisés dans l'art médical et pour séduire. Les Egyptiens brûlaient dans les encensoirs résines et essences, enduisaient les statues de leurs divinités d'huile parfumée, de baume et d'eau de parfum.
Parfum, femmes et prière...
Le parfum en arabe se dit tîb ce qui signifie à la fois la meilleure partie de toute chose et l'odeur la plus douce, ou itr. Le Prophète consacra l'usage du parfum dans le fameux hadith : "J'ai été doué de l'amour de trois choses de votre monde : le parfum, les femmes et la prière où fut déposée la paix de mes yeux.". Et certes il aimait se parfumer, décrétant que le parfum offert ne doit pas être refusé.
Parfums simples ou composés
En matière de parfums, les savants arabes distinguent les produits de base : musc, camphre, rose... et les parfums composés tels la ghaliya, le nadd, la barmakiya. Le musc, roi des parfums chez les Arabes, est aussi précieux que l'or. L'ambre gris qui vient de l'arabe anbar est utilisé en médecine, comme la plupart des parfums, comme calmant nerveux, fortifiant et surtout comme puissant aphrodisiaque ! "Après l'avoir ingéré, l'homme peut avoir des relations sexuelles ininterrompues", nous dit le médecin Dawud al Antaki dans sa Tadhkira. Une jeune fille qui enjambe un brûle-parfum gorgé de bois d'agalloche, de musc, d'ambre et de gomme arabique perpétue une tradition ancestrale. En effet, il était autrefois coutume chez les gens raffinés, de parfumer ses vêtements par fumigation. Les Mille et Une Nuits gardent l'image de cette belle qui...
" Se pavanait, vêtue de robes parfumées de safran, de carthame
D'ambre, de musc et de santal "
Les colliers parfumés
Le camphre, cette substance blanche, cristallisée et parfumée, est extrait par incision du camphrier dans les montagnes d'Inde et de Chine. Il servait à élaborer des huiles et des baumes parfumés. Les raffinés de Bagdad, au IXe siècle, n'utilisaient le camphre qu'en cas "d'une forte fièvre, d'une maladie grave ou bien posé sur la braise, mélangé à l'essence de musc ou aux brins de safran naturel, car ainsi, il donne le plus agréable des encens.". Les belles de Bagdad se paraient de colliers en or, de longs colliers de camphre et d'ambre et étendaient ainsi l'usage du parfum. Le skhab est le plus ancien des colliers parfumés connus. Il est réalisé à partir d'un mélange de bois d'algoche pilé et d'ambre gris dilué dans l'eau de rose. Les ingrédients sont pétris jusqu'à obtention d'une pâte solide.