Le Wall Street Journal a récemment publié un article dédié aux changements opérés ces dernières années en Arabie Saoudite. L'occasion pour le média occidental de distribuer les bons points mais aussi les mauvais. Le journal fait un gros plan sur un festival qui a eu lieu dans le cadre de la "saison de Riyad". Une période de 5 mois durant laquelle des spectacles d'artistes, des concerts et des expositions s'enchaînent. Un total de 7500 événements auront lieu, couvrant tous les domaines culturels et de loisirs allant de la musique et des arts aux sports sans oublier la gastronomie. Au bout de 3 mois, la saison de Riyad a déjà accueilli plus de 6 millions de spectateurs.
Soirées dansantes dans le désert d'Arabie Saoudite
Le festival "Soundstorm" (Tempête sonore), auquel ont participé des dizaines de milliers de jeunes femmes et hommes saoudiens à Riyad a pris fin récemment. Durant quatre jours, plus de 200 spectacles ont été donnés notamment des concerts d'artistes à la renommée internationale comme David Guetta.
Dans la société saoudienne très traditionaliste, très codifiée, des concerts et spectacles permettant à des jeunes de s'amuser semblent inespérés. Noura Muhammad, 28 ans, a assisté au festival avec sa sœur jumelle et a déclaré: "Je n’arrive pas à croire que cela se passe à Riyad.". Les deux sœurs racontent avoir découvert la musique électronique à travers les films américains.
Bien que les journalistes américains semblaient heureux de voir la pénétration de la "culture" américaine en Arabie, au vu des réponses formulées par ces jeunes femmes, ils ont été contraints de constater que l'enthousiasme pour ce type d'évènement n'était pas partagé par tous les jeunes présents. De plus, les jeunes hommes et jeunes femmes ne se mélangeaient pas vraiment et restaient plutôt entre eux, formant de vastes groupes homogènes. Ainsi, Zahra Sultan, 29 ans, une graphiste semble avoir clairement tempéré l'enthousiasme des journalistes américains en déclarant: "Je ne me sens pas encore 100% à l'aise pour danser librement. Bien que cela me rappelle des festivals à l'étranger, je garde à l'esprit que je suis en Arabie saoudite.".
Ainsi, bien que l'éducation et la société ne prônent pas la mixité en public, le gouvernement affiche son intention de transformer la société en optant pour un fonctionnement à l'occidentale. Il s'agit ici de promouvoir un divertissement pour les jeunes observable pratiquement partout dans le monde mais qui n'était pas possible dans la société saoudienne.
Rivalité avec les Emirats Arabes Unis
Le public que cible le gouvernement saoudien n'est pas uniquement les jeunes de son pays, bien que les 70% de la population de moins de 35 ans offre une base de soutien importante à ses initiatives. Le gouvernement ne cache pas ses intentions d'attirer également un public de tous les pays arabes voisins afin d'endiguer l'engouement constant pour Dubaï aux Emirats voisins et Beyrouth au Liban. Ces divertissements et festivités culturelles ont donc pour objectif d'ouvrir l'Arabie au tourisme international, jusqu'ici exclusivement religieux.
Mohammed bin Salman encensé?
Le gouvernement saoudien vise à inciter les ménages à doubler les dépenses familiales consacrées aux activités culturelles et récréatives dans le royaume d'ici 2030. Cela s’inscrit dans le cadre de la campagne du prince héritier Mohammed bin Salman pour la diversification moderne.
Le Wall Street Journal a attribué tous les récents changements opérés dans le pays au prince Mohammed bin Salman. Ce dernier mènerait une "campagne" qu'il aurait nommée "diversification moderne". Des actions qui donneraient plus de libertés sociales. Aller au cinéma, danser et porter des vêtements "funky", le Wall Street Journal s'empresse de passer en revue tous les changements qui trouvent grâce aux yeux des journalistes. Soulignant que les réformes sont opérées au pas de course, les journalistes américains saluent Mohammed bin Salman qui permet d'assouplir les normes sociales établies. Ils rappellent que le prince a récemment autorisé les femmes à conduire, a ouvert les portes de son pays aux touristes et fait en sorte que la musique diffusée dans les cafés soit à présent dépénalisée.