C'est une nouvelle histoire douloureuse, qui fait mal au coeur, que l'Associated Press (AP) relaye actuellement concernant la mort d'une très jeune enfant en Palestine.
La tragédie a eu lieu dans la prison à ciel ouvert, la bande de Gaza. La petite Fatima, âgée d'à peine 20 mois, est décédée en raison de la réticence d'Israël à lui accorder un permis pour qu'elle puisse suivre un traitement médical en dehors de Gaza. En bloquant l'enfant sur le territoire, Israël a signé l'arrêt de mort de cette enfant!
Une enfant qu'ils avaient tant désirée
M. Jalal Al-Masry et sa femme vivent dans la ville de Khan Yunis, dans la bande de Gaza. Ils avaient, durant huit années, essayé en vain de concevoir leur enfant. Ils ont dépensé leurs économies en traitements de fertilité et après ces longues années, ils avaient eu la joie d'accueillir dans leur vie leur fille, Fatima.
La joie d'avoir enfin leur enfant fut de courte durée: en décembre 2021, les médecins de l'hôpital Mubarak ont diagnostiqué au nourrisson une malformation cardiaque congénitale consistant en une communication intraauriculaire; pour faire simple: un trou dans son petit cœur. Les hôpitaux à Gaza ne sont pas en mesure de réaliser l'opération nécessaire pour sauver Fatima, alors les médecins obtiennent sa prise en charge à l'hôpital Al-Makassed, situé à Jérusalem-Est en Palestine occupée.
Les parents ont demandé un permis aux autorités israéliennes pour transférer leur enfant en dehors de la bande de Gaza afin qu'elle puisse bénéficier d'une intervention médicale. Mais le délai d'obtention d'un tel document de sortie est aléatoire et prend souvent 3 mois ou plus.
Le 25 mars 2022, la petite Fatima est décédée, faute de soins, faute de laisser-passer. Jalal, dévasté par la mort de sa fille, explique: "J'ai passé les trois derniers mois à courir dans tous les sens. On a reporté six fois la date de prise en charge de ma fille. Quand j'ai perdu ma fille, pour moi, c'est comme s’il n'y avait plus de vie à Gaza. L'histoire de ma fille se reproduira encore et encore pour d’autres.", ajoute-t-il avec une voix tremblante.
Israël accorde des permis aux Palestiniens de la bande de Gaza au compte-gouttes. Ce blocus qui dure depuis 15 ans, assuré, conjointement, par l'entité sioniste et l'Egypte, aurait pour objectif de paralyser les actions du mouvement du Hamas, qui a pris le pouvoir dans ce territoire en 2007.
Le processus d'obtention des permis reste flou
Pour obtenir un permis pour traitement médical dans un territoire géré par Israël, toute famille gazaouie doit négocier le permis auprès du Hamas, qui ensuite se met en relation avec les Israéliens qui contactent l'Autorité palestinienne. Le processus est très bureaucratique et opaque, on parle de délais importants, de rapports qui doivent être tamponnés, d'un temps important pour le traitement des documents administratifs. Pour ne rien faciliter, l'Autorité palestinienne du Fatah et le Hamas sont deux entités palestiniennes rivales.
Mais en réalité, dans le cas de Jalal pour sa fille Fatima, le jeune père n'avait reçu qu'un seul et unique SMS, envoyé par Tsahal qui lui indiquait d'une manière lapidaire que sa "demande était en cours d'examen".
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sur la seule année 2021, plus de 15 000 demandes de permis de patients en provenance de Gaza ont été enregistrées. Pourtant, 37% ont été retardées ou refusées.
Selon l'organisation Al-Mizan, qui défend les droits des habitants de Gaza, au moins 71 Palestiniens, dont 25 femmes et 9 enfants, sont morts depuis 2011 suite à des demandes de permis de traitement médical rejetées ou retardées.