Face à la guerre à Gaza, les couples judéo-arabes unis

Orna est une Juive israélienne mariée avec un Palestinien depuis plus de 30 ans
Orna est une Juive israélienne mariée avec un Palestinien depuis plus de 30 ans

Une minorité subit de plein fouet l’impact de la guerre en Israël : les couples mixtes judéo-arabes. Orna et Fouad Akad, ensemble depuis presque quarante ans, racontent au "Temps" leur parcours hors du commun dans ce contexte extrême.

Orna est une Juive israélienne, tandis que Fouad est un Palestinien de nationalité israélienne. L’appartement des Akad, en plein centre de Tel-Aviv, témoigne de leur histoire. A côté de la porte d’entrée, sont accrochées les photos des parents et grands-parents juifs bulgares d’Orna. Dans le salon, des livres en arabe et en hébreu ornent la bibliothèque.

Le couple est marié depuis plus de trente ans. "On a dû célébrer notre mariage à Chypre en 1993, car Israël n’autorise pas les mariages mixtes", précise Orna. En effet, l’Etat hébreu ne reconnaît que les noces religieuses de deux personnes de même confession. Les couples interconfessionnels se marient civilement, à l’étranger. En 2015, sur 58 000 mariages recensés en Israël, seuls 23 étaient des unions entre juifs et Arabes. Ces statistiques difficiles à trouver en disent long sur le silence qui règne autour de ces couples.

Ce tabou, Orna et Fouad le combattent depuis leur rencontre en 1986. Lui est originaire de Jatt, un village arabe israélien situé dans le nord d’Israël. Elle, de la ville de Rehovot, à une heure de Tel-Aviv. Ils se sont rencontrés au sein de l’association étudiante Sadaka Reut, qui signifie "amitié" en hébreu et en arabe. Tous deux y militaient pour la coexistence entre Arabes et juifs. "On rêvait d’une vie meilleure", souligne Fouad. Orna, aujourd’hui dramaturge, venait alors de finir ses études de théâtre à Londres. Elle devait animer un atelier pour l’association.

"J’entre dans une salle où une autre réunion est en cours. Les jeunes doivent écrire sur une feuille ce qu’ils souhaitent comme épitaphe sur leur tombe. Et là, je vois Fouad déambuler, hilare, avec sa pancarte 'Fouad Akad était un homme bien'. Ça m’a fait beaucoup rire ! C’est comme ça qu’on s’est connus", se remémore Orna.

Chacun est déjà dans une relation à l’époque. "On est restés amis pendant quatre ans, à parler des heures au téléphone, avant de rompre chacun de notre côté. Comme dans le film Quand Harry rencontre Sally", sourit Fouad.

Source : Le Temps.ch

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Mis en ligne : Dimanche 9 Juin 2024
 
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