Les origines de Warda
Elle est née en juillet 1939 en région parisienne d'un père algérien et d'une mère libanaise. Son père était gérant d'un foyer d'ouvriers à Boulogne Billancourt qui sera, dès 1936, un centre d'activités d'organisation nationaliste de lutte pour l'indépendance du Maghreb. Plus tard, il deviendra propriétaire d'un cabaret de musique arabe installé dans le Quartier Latin de Paris, dont Warda, qui prendra plus tard le pseudonyme de Rose d'Algérie, donc en arabe Warda El Djazairia, sera la vedette jusqu'à sa fermeture en 1958, date de l'exil de toute la famille au Liban. Sa mère, issue d'une grande famille musulmane de Beyrouth (Liban), a initié sa fille dès son plus jeune âge à la chanson libanaise.
Ses débuts
Le public découvre Warda grâce à une émission Télé pour enfants diffusée par la R.T.F en 1951, alors qu'elle a seulement 11 ans. Chaque jeudi, elle assure la présentation de cette émission et chante une chanson devant son jeune auditoire.
En 1958, alors que la France est préoccupée par la guerre d'indépendance algérienne, la famille de Warda se réfugie à Beyrouth où Warda continuera à interpréter des chansons militantes, en particulier "Djamila" dédiée à la résistance des femmes. Quand Warda commence à chanter dans Tanyos, une boîte de nuit célèbre, elle n'a que 17 ans et ses chansons nationalistes ne sont pas adaptées !
Mais ne voilà-t-il pas qu’un soir, un invité prestigieux se présentera pour l’écouter : le très populaire chanteur égyptien Mohammed Abdel Wahab est dans le public. À la fin de la représentation, il lui propose de composer pour elle et elle perçoit sa proposition comme un immense honneur. Wahab deviendra ainsi son "parrain" et pour lui, le prix de la gloire est de travailler dur : ses méthodes de travail sont rigoureuses, quasi tyranniques, mais Warda lui sera reconnaissante. C'est à cette époque qu'elle décide d'apprendre l'arabe écrit et "d'effacer" son accent algérien. Jusqu'alors, Warda interprétait ses chansons d'après des textes transcrits phonétiquement en alphabet latin. Désormais, elle le fera avec des textes écrits en arabe.
L'ascension de Rose d'Algérie
En 1959, Riad Sombati (compositeur arabe important), qui n'avait entendu sa voix que sur les ondes égyptiennes qui retransmettaient "Djamila", chantée au Festival de Damas, a été séduit par sa voix. Il décide alors de la prendre sous son aile en l'invitant au Caire, où il composera beaucoup de chansons pour elle. Parmi elles, "Loubat el Ayyam" et "Nida el Dhamir". Quand elle arrive au Caire en 1960, Riad Sombati lui compose, avec l'aide d'un poète égyptien, deux poèmes : "Ya huria ana bendahlek" ("Liberté, j'écris ton nom") et "Dalia Djamila", en l'honneur de la Palestine...
Vers 1961-1962, le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, lui demande de participer comme représentante de l'Algérie, à une chanson pour le monde arabe intitulée "Al Watan Al Akbar" ("La plus grande patrie") et composée par Mohamed Abdel Wahab. Warda a eu la chance de l'interpréter aux côtés d'autres grands chanteurs tels qu'Abdel Halim Hafez, Sabah, Fayza Ahmed, Al Sagheera et Najat.
1962 marque l'année de l'indépendance de l'Algérie. Un an plus tard, Warda y retourne chanter pour la célébration du mariage d'un ancien officier de haut rang de l'armée nationale de libération (ALN). Puis, son mari lui demande de cesser de chanter pour s'occuper de sa famille – ce qu'elle a fait pendant dix ans et qui a semblé compromettre sa carrière.