Fatma n'Soumer, appelée communément lalla Fatma, porte le titre honorifique "lalla", réservé aux princesses et aux saintes. Elle est en effet considérée comme une héroïne algérienne car elle s'est toujours insurgée contre la domination, sous toutes ses formes. Elle a voué sa vie entière non seulement à son affranchissement de la tutelle de l'homme, mais encore pour combattre la domination coloniale.
Naissance de la fille d’Ouerja
Elle vit le jour à Ouerja (peut également s'écrire Werja) en Kabylie, au moment où l'occupation française a commencé en 1830. Son vrai nom est Fatma Sid Ahmed. Elle vécut dans le village de Soumer, d'où son surnom, mais le maréchal Randon la surnommait, lui, "la Jeanne d'Arc du Djurdjura". Capturée en 1857, elle fut emmenée dans le camp de Beni Slimane où elle mourut en 1863, à l'âge de 33 ans.
Une combattante, mais une femme libre avant tout
Lalla Fatma a toujours voulu s'affranchir de la tutelle de l'homme et sa nature kabyle, réfractaire à toute domination, l'a conduit à se battre contre l'occupation de l'armée française dans les années 1850. Avant sa capture, Fatma n'Soumer aurait commandé une armée de 45 000 hommes et femmes pour affronter les troupes du Maréchal Randon.
Lors de certaines batailles, elle pouvait affronter plusieurs divisions. Mais au-delà de la guerrière, lalla Fatma s'avère être une femme instruite, passionnée, avec une personnalité peu commune.
Une femme instruite, une femme de convictions
Lala Fatma était une femme instruite, puisque dès son enfance, elle étudia le Coran avec son père, Mohamed Sid Ahmed, fondateur d'une école coranique à Soumer. Au milieu du XIXe siècle, les femmes kabyles n'avaient pas accès à l'instruction, ce qui fait de lalla Fatma une privilégiée sur ce point.
Jeune fille décidément insoumise, elle s'opposa courageusement à la décision des hommes de sa famille de la donner en mariage à l'un de ses cousins dans son jeune âge. Cela est extraordinaire dans le contexte social de la Kabylie de l'époque !
Une femme peu commune !
Son refus lui valut la réputation de "femme peu commune". Un surnom qui semblerait anodin ou flatteur de nos jours, mais qui pour l'époque était plutôt une critique : "C'était un titre difficile à assumer, indique M. Bitam (1), dans la société kabyle du XIXe siècle".
Fatma N'Soumer était en effet considérée par les villageois comme une marginale, voire une folle. Lalla Fatma consentit à se marier plus tard, mais uniquement, selon M. Bitam, dans le but de faire taire les mauvaises langues qui disaient qu'elle refusait de se marier parce qu'elle n'était plus vierge ! Sa seule arme de résistance sera de se refuser à son mari en préservant sa virginité. Elle vivra avec Yahia n'Ait Ikhoulaf quelques mois, avant de déserter le foyer conjugal ; sa belle-famille excédée par la résistance et l'excentricité de cette forte tête la ramena chez ses parents.
(1) Bitam, auteur d’Une autre lecture du combat de l'illustre fille de Werja