L'Allemagne a joué un rôle primordial dans l'indépendance algérienne

L'Allemagne a contribué à l'indépendance algérienne
L'Allemagne a contribué à l'indépendance algérienne

Peu de gens savent, hormis les historiens, que l’Algérie considère qu’elle a pu accéder à l’indépendance grâce à l’Allemagne. Rappelons que l’Algérie a été colonisée pendant 130 ans et que la conquête du pays s’est faite au détriment des autochtones qui se sont vus relégués au rang d’indigènes sans droits, du moins n’étaient-ils pas considérés comme des citoyens français, mais comme des sujets du Royaume de France, puis comme des "individus de troisième ordre" de la République française, pour citer l’extrait d’un livre de Klaus-J. Müller.  En effet, les Algériens musulmans n’avaient que le statut de "Citoyens musulmans d’Algérie", au contraire des colons qui eux, avaient la nationalité française et les droits qui y sont attachés.

L’Algérie a obtenu son indépendance en 1962. Nous aimerions revenir sur une période importante de l’histoire d’Algérie, marquée par l’aide apportée par des Allemands humanistes à la libération du peuple algérien.

Soutien des Allemands au projet d’indépendance algérien

Il faut savoir que les positions de l'Allemagne lors du déclenchement de la Révolution de libération nationale en novembre 1954 n’étaient pas uniformes et n’allaient pas toutes dans le sens des Algériens. La position du gouvernement fédéral allemand différait de celle adoptée par le parti d’opposition socialo-libérale.

Fort du soutien de son parti (l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne), majoritaire au Parlement fédéral (Bundestag), le chancelier Konrad Adenauer avait comme priorité politique de réunifier et de réarmer son pays, considérant cet objectif comme une garantie contre la menace du communisme. Dans cette entreprise, la chancellerie allemande s’est appuyée sur le soutien français.

Quant au Parti social-démocrate d'opposition, il s'est davantage inscrit dans la tendance de l’époque, qui poussait les peuples sous domination coloniale au désir légitime de s'émanciper et de retrouver leur identité volée. Le leader de ce parti, Erich Ollenhauer, accueillit avec satisfaction la décision courageuse prise par le Premier ministre français Pierre Mendès France de mettre fin à la guerre d'Indochine en mai 1954. Ohllenhauer espérait la même chose pour l'Afrique du Nord.

Mais il a été déçu par le successeur de Mendès France, Guy Mollet, secrétaire général de la section française du Parti international des travailleurs, qui, comme le Parti social-démocrate allemand, était membre de l'Internationale socialiste.

Contre toute attente, et contrairement à ses engagements déclarés lors de sa campagne électorale pour ramener la paix en Algérie, dès son entrée en fonction en janvier 1956, Guy Mollet mit en place une politique de guerre irresponsable en accordant des pouvoirs spéciaux et excessifs aux autorités civiles en Algérie. L'Algérie a également fourni davantage de moyens humains et matériels aux autorités militaires françaises.

Et cela, malgré les soutiens de la section française de l'Internationale ouvrière et du Parti chrétien-socialiste allemand, lors de la réunion de l'Internationale socialiste en 1951. Ces partis avaient en effet pris une position de principe selon laquelle tous les peuples subissant le colonialisme avaient droit à l'autodétermination, et rejetaient toute forme d’esclavage ou d’exploitation des peuples.

Le Parti social-démocrate considérait donc la situation en Afrique du Nord comme une question de colonialisme dont les peuples autochtones devaient se libérer, mais s’abstint, dans un premier temps, de toute intervention dans ce sens.

Sympathie et soutien des Allemands et des Egyptiens à la cause algérienne

À l'été 1956, les dirigeants et militants du Front de libération nationale, qui faisaient l'objet d'enquêtes, de suivis et de pressions de la part des policiers, cherchaient à quitter le territoire français et à s'installer dans les pays voisins. Après la Belgique, premier pays où ils ont cherché refuge, ils se sont tournés vers l’Allemagne, pays beaucoup plus vaste. Ces dirigeants et militants ont été suivis par de nombreux étudiants et travailleurs en grève ou à la recherche de travail. Le droit d'asile inscrit dans la Constitution allemande leur offrait la garantie de leur sécurité.

22 octobre 1956, premier acte de piratage de l'histoire de l'aviation civile, Ait Ahmed, Boudiaf, Ben Bella, Khider et Lacheraf furent arrêtés à l'aéroport d'Alger
22 octobre 1956, premier acte de piratage de l'histoire de l'aviation civile, Ait Ahmed, Boudiaf, Ben Bella, Khider et Lacheraf furent arrêtés à l'aéroport d'Alger

Soutien de la presse allemande au FLN

Le détournement de l'avion des cinq dirigeants du Front de libération nationale a été le premier événement à susciter un soutien de la presse allemande au mouvement algérien. Le détournement de l'avion du FLN est un acte de piraterie aérienne de la guerre d'Algérie ayant eu lieu le 22 octobre 1956 à Rabat au Maroc au cours duquel l'armée française captura un avion de la compagnie Air Atlas-Air Maroc dans lequel cinq dirigeants du Front de libération nationale (FLN) se trouvaient, à destination de Tunis. Les passagers furent arrêtés à l’aéroport.

Or, cette piraterie sans précédent a fait la une de tous les journaux allemands et a été condamnée sans équivoque et sans réserve. L'un des diplomates allemands en poste à Paris n'a pas hésité à souligner que le premier acte de piraterie de l’air de l’histoire, avait renforcé le soutien au mouvement de libération algérien et portait très gravement atteinte à la réputation de la France.

Le deuxième événement, en 1956, est l’agression franco-britannique-israélienne contre l’Égypte (dite "Crise du Canal de Suez"), qui a également suscité de nombreux commentaires. La presse, alors fidèle miroir de l'opinion publique, avait dénoncé cette attaque et la considérait comme une tentative aveugle et désespérée de punir l'Egypte pour son soutien à la lutte du FLN.

L'opposition allemande a également condamné au Parlement (Bundestag) le recours à la force dans les relations internationales. Pour rappeler le contexte de la Crise du Canal de Suez, il faut savoir que le FLN algérien, en lutte armée contre la France, avait son siège au Caire et recevait alors de l'Égypte une importante aide matérielle (notamment des armes) et morale (les représentants du FLN pouvaient par exemple s'exprimer à la radio égyptienne). La propagande française présentait souvent les indépendantistes algériens comme de simples marionnettes de l’Égypte.

Pourquoi le FLN s’est installé en Allemagne

Un autre élément qui a retenu l’attention de l’opinion publique allemande a été le rapatriement de centaines de déserteurs des légions de l’armée coloniale en Algérie. Ce retour des légionnaires algériens dans leur pays est dû au travail d'un citoyen allemand, Winfried Müller, surnommé Si Mustafa, qui a rejoint la révolution algérienne en 1956. Une association a alors été créée pour réintégrer ces héros, et la direction de l'association a été confiée à Hans Peter Rollmann, sympathisant de la cause algérienne.

En 1957, le nombre de réfugiés algériens en Allemagne augmenta et le soutien devint plus tangible. Si le gouvernement fédéral restait alors silencieux, le soutien vint des syndicats, de la jeunesse socialiste, des étudiants, des chrétiens progressistes, ainsi que de nombreuses organisations professionnelles et caritatives.

Deux hommes se sont distingués dans cette démarche : le chef du département du Parti social-démocrate (SPD) à Cologne, Hans Jürgen Wischnewski, et son ami Paul Frank, responsable du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères.

Le premier, qui contacta les responsables du FLN à Cologne, lança une grande campagne de sensibilisation et de mobilisation médiatique et, avec l'aide de la Fédération des syndicats libres dirigée par Willy Reichler, installa les étudiants boursiers. Parallèlement, il proposa des emplois et des formations professionnelles à des travailleurs algériens dans des entreprises allemandes.

Le second, Paul Frank, abandonna la règle de neutralité adoptée par l'exécutif fédéral. Il autorisa l'octroi de documents de circulation aux Algériens ne bénéficiant pas du droit d'asile.
Après avoir reçu l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) et l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), reconnues comme syndicats représentatifs, le comité directeur de l'Union française du Front de libération nationale, dirigé par Omar Boudaoud, a été autorisé à s'installer dans la ville allemande de Düsseldorf et à y exercer librement ses activités.

L'avocat Aït Ahcène, représentant du Comité de coordination et d'exécution (CCE), l'organe administratif du FLN, a également été reconnu officieusement. Ait Ahcène a installé ses bureaux au siège de l'ambassade de Tunisie, à Bonn.

Après la contribution de ces deux responsables, d'autres personnalités ont participé au soutien de la cause algérienne, notamment des parlementaires du Parti social-démocrate et des membres des partis de la coalition de gauche. Les dirigeants d'organisations caritatives (Comité de la Croix-Rouge, Fondation Friedrich Ebert) ont également apporté une aide humanitaire aux Algériens vivant en Allemagne mais aussi aux réfugiés algériens qui se sont installés aux frontières algéro-tunisiennes et algéro-marocaines.

Hans Jürgen Wischnewski, avec l'aide d’Otto Brunner, président de l'Association des journalistes et d’origine autrichienne, a commencé à imprimer et à distribuer dans les principales villes de ce pays européen la version allemande du journal algérien Al-Moudjahid, publié par le Front de libération.

Si Mustafa-Müller au milieu à droite en 1961, avec des militants du FLN
Si Mustafa-Müller au milieu à droite en 1961, avec des militants du FLN

Le responsable de la logistique des armes militaires pour le FLN, Abdelkader Yaici dit Nouasri, installé à Francfort depuis 1956, a réussi à se fournir en armes assez facilement.

Quant aux responsables allemands, ils adoptèrent une position pragmatique, faisant preuve d’une neutralité positive, sans conséquences majeures sur les relations franco-allemandes. Cela n’a cependant pas empêché les autorités françaises de saisir la moindre opportunité pour exercer une pression politique et diplomatique continue sur l’autorité fédérale. La réponse des autorités allemandes a toujours été que l'État fédéral n'avait pas les moyens de contraindre les individus, partis ou organismes agréés, tant qu'ils agissaient dans le strict respect du droit allemand.

Assassinats ordonnés par le Français Guy Mollet

Devant l'échec des pressions, le gouvernement français, sous l'impulsion du Premier ministre Guy Mollet, a ordonné au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), placé sous sa tutelle, d'agir directement, et par la violence, le cas échéant, afin de neutraliser les représentants du FLN et leurs partisans politiques, et d’utiliser les mêmes moyens pour empêcher tout mouvement d'armes ou de matériel militaire au profit du Front.

Les hommes de cette section (le SDECE) ont identifié leur première cible comme étant un marchand qui vendait des armes au FLN et basé dans un quartier d'Hambourg-Außenalster, et ont tenté de l'assassiner à trois reprises, en décembre 1956, puis en février et octobre 1957. Il a miraculeusement échappé à la mort.

Cependant, la première bombe placée dans son bureau a causé la mort de son partenaire, la deuxième a entraîné la mort de sa mère, qui se trouvait à ses côtés dans sa voiture, et la troisième, qui l'a également visé dans sa voiture, a causé des dégâts matériels sans porter atteinte à sa vie.

Un autre commerçant allemand nommé Lehm Sumner a également été touché par une bombe durant la même période, ce qui lui a causé de graves blessures.

En septembre 1958, le cargo allemand Atlas, affrété par Georg Puschert, médiateur officiel du Front de libération nationale, coula dans le port de Hambourg suite à l'explosion d'une mine placée sous sa coque. Le général Gehlen, chef des services spéciaux allemands, a accusé sans hésitation les forces spéciales françaises de documentation et de contre-espionnage, considérant que la bombe avait été placée de manière professionnelle et avait conduit au naufrage du navire, tout en soulignant que les quarante tonnes de dynamite que transportait le bateau n'avaient pas explosé, et que si cela s’était produit, les conséquences auraient été plus lourdes.

Pour semer la confusion et dissiper les soupçons se portant logiquement sur les autorités françaises, la presse française a été largement utilisée pour convaincre l'opinion publique que ces attentats étaient commis par une organisation inconnue, la "Main Rouge", qui menait des actions pour défendre l'honneur de la France. Cette affirmation a fait l'objet de moqueries de la part du Front de libération nationale algérien.

Assassinat de l’avocat algérien Aït Ahcène, tué par balles

Le Service français de documentation et de contre-espionnage poursuivit néanmoins ses opérations sur le territoire allemand. En décembre 1958, le représentant officieux du Front de libération nationale, Aït Ahcène, est la cible d'une agression alors qu'il conduisait une voiture dans la banlieue de la capitale, Bonn (de la RFA - Westdeutschland). Un tireur isolé a réussi à l'atteindre avec plusieurs balles. Il est décédé quatre mois plus tard en Tunisie, où il a reçu des soins, après quoi, sa dépouille a été rapatriée dans son pays natal.

Assassinat de Georg Puchert

L’acte criminel qui a provoqué une réaction unanime en Allemagne fut l’assassinat de Georg Puchert le 3 mars 1959 à Francfort. Les autorités fédérales et régionales, ainsi que des personnalités politiques, la presse et l'opinion publique, ont été choquées par les provocations excessives des autorités françaises. Mais celles-ci ont toujours nié avoir commandité ces actes terroristes et ont continué d’accuser la soi-disant "main rouge" d’en être responsable.

Les représentants sociaux-démocrates Hellmut Kalbitzer et Walter Menzel ont appelé le gouvernement fédéral à prendre des mesures pour protéger les citoyens allemands et leur permettre, notamment, d’exercer librement des activités commerciales légales.

Quant à la justice allemande, habituée à être communicative, le procureur de Francfort, Heinz Wolff, lors d'une conférence de presse tenue en avril 1959, au lendemain de l'assassinat de Georg Puchert, fit état de dix assassinats sur le territoire de la République fédérale d'Allemagne depuis 1956 par des opérations commises par une organisation agissant en relation avec ou pour le compte du service de contre-espionnage militaire français.

Face au rejet de l'opinion publique résultant de la présence de documentation française et de militants du contre-espionnage sur le sol allemand, l'administration du contre-espionnage français a décidé d’envoyer aux victimes des explosifs depuis le territoire français. Dans ce contexte, un livre piégé a été envoyé le 30 décembre 1959 au chef de la mission de recherche et d’achat d’armes, Abdelkader Yaici. Le livre explosa, provoquant l’amputation des mains de Yaici.

A cette époque, la République fédérale allemande résistait aux pressions et ne prêtait aucune attention aux accusations de soutien au Front de libération nationale portées contre elle par les autorités françaises, et ce, bien que les navires allemands aient fait l'objet d'interceptions par la marine française. Cette situation s'est poursuivie en mer Méditerranée et dans l'océan Atlantique jusqu'à la veille du cessez-le-feu.

L'Association des armateurs allemands a confirmé au gouvernement fédéral que 17 bateaux appartenant à des compagnies maritimes allemandes avaient été ciblés, d'octobre 1957 à décembre 1960, pour des interceptions, des vérifications de documents et des perquisitions, et que cinq d'entre eux avaient été détournés de force vers les ports militaires français en Algérie, avec trois expéditions saisies.

Hans-Jürgen Wischnewski (1922-2005)
Hans-Jürgen Wischnewski (1922-2005)

Hans-Jürgen Wischnewski aida les Algériens du FLN

Le soutien au FLN s’est encore accru. Hans-Jürgen Wischnewski, député depuis 1957, et Walter Scheele, représentant de l'aile gauche du Parti libéral-démocrate (FDP), ont appelé les autres syndicats et associations d'étudiants ou de jeunesse à s'engager politiquement en faveur de l'indépendance de l'Algérie, en s'appuyant sur la fait que le général de Gaulle lui-même l'a reconnu à demi-mot.

Le chancelier Konrad Adenauer a partagé la même position de condamnation, saluant l’aide d’Hans-Jürgen Wischnewski et lui disant : "Je sais que vous avez des amis algériens. Sachez une chose. Je ne les aiderai pas mais je ne les harcèlerai pas non plus, à condition qu'il n'y ait aucune tentative d'attaque contre eux et qu'ils gardent secret ce qu'ils transportent dans leurs sacs", selon ce qu’a expliqué Wischnewski à l'écrivain Nassima Bougherara, qui l'a interviewé après l'indépendance. (Aveu de l’auteur dans son livre "Les relations franco-allemandes à l’épreuve de la question algérienne", publié chez Peter Lang 2006.).

Le successeur d'Aït Ahcène à la tête du bureau de Bonn du Front de libération nationale, Abdelhafid Boussouf, a été visé par l'ambassadeur français au motif qu'il avait des relations parmi les personnalités politiques allemandes.

Comme il a été accusé d'avoir commis des délits civils, un procureur indépendant de la région de la Sarre l'a déféré en 1961, ainsi que son compatriote Mouloud Qassem, en raison d'activités affectant la sécurité et la stabilité de la région. Wischnewski est intervenu et a destitué le juge, ce qui a permis de libérer rapidement les responsables du FLN. Celui-ci, reconnaissant du soutien apporté par un grand nombre de responsables allemands, a maintenu une position de respect des règles et coutumes du pays hôte.

Wischnewski multiplia les contacts en Tunisie avec des responsables du gouvernement intérimaire de la République algérienne, accueillant certains d'entre eux lors de leurs voyages en Allemagne et leur permettant, en 1961, de rencontrer des responsables du FLN ayant trouvé refuge en Allemagne. Parallèlement, ils évoquaient la question de la nomination d'Abdelhafid Boussouf, dès l'indépendance, comme ambassadeur d'Algérie auprès de la République fédérale d'Allemagne.

L’Allemagne refusa d’extrader les fugitifs algériens

Une confrontation entre les autorités françaises et l'administration fédérale allemande était liée à la fuite de soldats algériens enrôlés dans l'armée française vers l’Allemagne. Ces évasions qui ont eu lieu de 1958 à 1961, ont fait l'objet de demandes d'extradition des autorités françaises qui prétextait vouloir remettre les fugitifs aux forces militaires auxquelles ils appartenaient et les reconduire pacifiquement à leurs bases militaires.

Les demandes adressées par les autorités militaires françaises aux autorités judiciaires locales allemandes ont fait l'objet d'une évaluation particulière. La justice allemande a créé un précédent judiciaire, estimant que les fugitifs algériens n'étaient pas concernés par la demande d'extradition et leur ont accordé l'asile politique dès leur évasion des forces armées françaises.

En effet, c’est en rejetant les demandes d’extradition de militants algériens résidant en Allemagne, présentées par les autorités judiciaires françaises, sous prétexte de délits d’atteinte à la sécurité intérieure de la France, que les Allemands ont manifesté leur plus grand soutien à la cause algérienne. Paul Frank a justifié sa position par les dispositions de l'article 16 de la Constitution fédérale, qui interdit l'extradition de prévenus pour des raisons politiques.

En conclusion, pendant plus de six ans, la République fédérale d'Allemagne, dans toutes ses composantes humaines et institutionnelles, a maintenu une politique d'entente avec le Front de libération nationale dans des circonstances difficiles, caractérisées par un terrorisme d'État aveugle ordonné par le gouvernement français, qui a porté atteinte à sa souveraineté et à sa dignité.

Ce soutien s'est poursuivi et s'est accru, même si le gouvernement fédéral allemand n'a pas reconnu le gouvernement algérien. C’était un acte d’honnêteté de la part d’hommes épris de liberté et anticoloniaux. Hans Wischnewski, en particulier, est resté un symbole de cet humanisme, qui, après l’indépendance de l’Algérie, a reçu la pleine reconnaissance de tous les dirigeants algériens pour ses efforts et ce jusqu’à sa mort en 2005.

Enthousiasme pour la culture allemande

Après cette fructueuse coopération, les Algériens voudront en savoir plus sur la culture du libérateur. Alors ils liront les œuvres d’Hegel, Nietzsche et Leibniz… Ils découvriront la psychanalyse de Freud (qui, bien qu'Autrichien, contribua au développement de la psychanalyse en Allemagne !). Mohand Tazerout, le philosophe algérien, traduit plusieurs œuvres de philosophes allemands dont Le Déclin de l'Occident d'Oswald Spengler. On enseignera la langue de Goethe dans les écoles algériennes. De son côté, l'Allemagne participe chaque année au festival culturel européen et au festival culturel international de musique symphonique à Alger.

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Mis en ligne : Samedi 5 Octobre 2024
 
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