L'Emir Abd el-Kader, chef des armées

L'émir Abdelkader en 1856
L'émir Abdelkader en 1856

Abdelkader ibn Muhieddine, simplement nommé Abdelkader, est né le 6 septembre 1808 à El Guettana, à l'époque où l'Algérie était la régence d'Alger. C'est un roi (même s'il n'a pas voulu de ce titre), chef religieux et militaire algérien, qui mène une lutte contre la conquête de l'Algérie par la France au milieu du XIXᵉ siècle.

En 1832, Abd el-Kader fut proclamé sultan par les tribus de la région d'Oran, c'est-à-dire grand souverain, mais préféra se contenter du titre d'"émir" (prince ou gouverneur). La prophétie annoncée par le père d'Abd el-Kader disait vrai: le jeune homme luttera pour l'indépendance... mais contre un nouvel assaillant!

La  lutte contre l'occupation française commença dès 1832 mais la guerre ne fut proclamée qu'en 1839 par l'émir. En effet, malgré le Traité de Tafna conclu en 1837 qui instaurait un état de paix et un partage de souveraineté entre les Français et l'émir Abd El-Kader, les hostilités reprirent après la violation de cet accord par le roi Louis-Philippe qui ordonna la prise de Constantine.

Mais après quinze longues années d'une guerre rude au cours de laquelle il gagna des batailles et en perdit d'autres, en 1847, l'émir proposa de déposer les armes en échange de son exil au Proche-Orient. Dans un premier temps, un pacte en ce sens fut conclu entre l'émir et l'Armée française, mais finalement l'émir fut fait prisonnier en France. Durant son séjour en prison, il rédigea un traité de philosophie, la Lettre aux Français. Avec ce livre, il souhaitait faire connaître sa pensée philosophique aux Français, en soulignant l'importance du savoir et celle que revêtait l'échange des connaissances entre les gens de cultures différentes. C'est ce livre qui lui aurait valu la sympathie de l'intelligentsia française et sa libération par Louis Napoléon, en 1852.

La personnalité de l'émir

L'Emir Abd el-Kader était un homme cultivé de son époque et un musulman soufi. Le soufisme est un courant mystique de l'islam qui privilégie une pratique spirituelle plutôt que dogmatique. Cela dit, l'émir n'était pas un Gandhi prônant la lutte non-violente, mais un chef des armées qui a combattu l'ennemi - surtout le maréchal Bugeaud, réputé aussi pugnace que l'émir - pendant quinze ans. Le maréchal Bugeaud et l'émir Abd el-Kader, tout en défendant des causes opposées, se respectaient. Ainsi le maréchal Bugeaud ne tarit pas d'éloge à son sujet : "Abdelkader est un homme de génie... C'est un ennemi actif, intelligent et rapide, qui exerce sur les populations arabes le prestige que lui ont donné son génie et la grandeur de la cause qu'il défend."

L'Emir Abdelkader sur son cheval
L'Emir Abdelkader sur son cheval

En 1860, alors que l'émir avait élu domicile à Damas en Syrie depuis cinq ans, où il pouvait approfondir ses connaissances spirituelles, les chrétiens furent persécutés au Liban et en Syrie. Abd el-Kader recueillit des chrétiens chez lui et offrit même sa protection au consul français. Le gouvernement français lui rendit hommage en lui remettant la plus haute distinction de la Légion d'honneur. Jusqu'à sa mort (naturelle) en 1883 en Syrie, l'émir poursuivit une vie paisible, voyageant beaucoup en Europe et dans les pays du Moyen-Orient et s'entretenant avec plusieurs souverains comme le français Napoléon III et l'ottoman Abdül-Aziz qui l'appréciait pour sa sagesse et lui remit la plus haute distinction honorifique de l'Empire ottoman.

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Mis en ligne : Jeudi 12 Août 2021
 
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