Similitudes entre Amazighs Berbères et Egyptiens anciens
Quand on étudie la culture amazighe, on se rend compte que ce sont les Kabyles, une des branches des Amazighs ou Imazighen, qui apparaissent comme les plus proches des Egyptiens de l’Antiquité. Se servir du kabyle, du dialecte multiséculaire kabyle, pour comprendre comment les Anciens Egyptiens prononçaient leur langue, nous apparaît comme étant particulièrement pertinent ; outre le fait que nous savons que des rois kabyles ont régné en Egypte, que la fille de Cléopâtre 7 elle-même a épousé un roi kabyle et qu'ils ont vécu en Algérie, les mots kabyles et les mots en égyptien ancien présentent de fascinantes similitudes.
Il y a de nombreux points communs entre Algériens et Egyptiens
Des pyramides ont été découvertes en Algérie, ce qui constitue une première ressemblance avec l'Egypte antique. Par ailleurs, de nombreux contes berbères présentent des points communs avec la mythologie égyptienne. Les ressemblances sont multiples, et concernent aussi bien les mythes, les croyances, que certaines habitudes ou traditions. Un premier exemple : les Kabyles étaient obsédés par les mauvaises odeurs tout comme l'étaient les Egyptiens de l'Antiquité, si bien que dès la naissance d’un bébé on le frottait avec du sel pour qu’il ne sue pas en excès. Autre exemple : les Kabyles utilisaient et utilisent encore aujourd'hui, des pierres semi-précieuses en amulette pour se protéger du mal. Or il se trouve qu’en Egypte antique on utilisait la cornaline qui représentait le sang d’Isis. Les Egyptiens de l'Antiquité affectionnaient de nombreuses pierres fines auxquelles ils attribuaient des vertus magiques. Ce ne sont que deux exemples parmi d'innombrables points communs possibles.
Nous ne pouvons pas dire qui a influencé l’autre. Nous pouvons toutefois raisonnablement penser que des Kabyles de l’Antiquité se sont assimilés au peuple égyptien, à partir de – 960. En tout cas cela pourrait être une piste pour expliquer des mots des Égyptiens de l’Antiquité à l’aide de leurs voisins Algériens, Kabyles.
Le dialecte multiséculaire kabyle peut nous apprendre des choses sur le langage égyptien ancien
Amen
Amon (Amen ou Imen) a fini par devenir un dieu universel mais il a d'abord été adoré à Thèbes – aujourd'hui Louxor – Amon est considéré comme le premier homme de la création. Le bélier, symbole de force de vie, est l'un de ses attributs. Le culte d'Amon a probablement commencé avant l'ère du Bélier.
Les princes égyptiens de Thèbes auraient contribué à faire de ce dieu peu connu au-delà de Thèbes un dieu puissant et universel qui symbolise le principe créateur. Mais ce qu’on sait peu, c’est qu’Amen en kabyle veut dire eau… Or au sens littéral, en égyptien, Amen veut dire eau et air ; c’est le sens littéral, premier, de ce mot ! Etonnant, non ? Ce dieu est connu de longue date, avant même le puissant dieu Rê.
Ramsès ou Ramsis
Certains égyptologues ont pensé que le nom de Ramsès se prononçait Ramessou, nous, nous penchons plutôt pour Ramesis. En Kabyle, Ramsis voudrait dire 'Ra Fils de Sis' (ou Ra fils de Sethi); En effet, si on rentre dans le détail, on s’aperçoit que Ramsis est composé de Râ, Im, Sis, soit Râ fils de Sis. Vous remarquerez en outre que le nom Ramsès ressemble phonétiquement au mot Khamsa (kh se prononce bien ra).
Ramsès était le fils de Sethi. Donc Ramsès pourrait vouloir dire, en fait, Râ fils de Sethi, lequel vient de Séthôs.
La mort et ammut
En Egypte antique, Ammut était un personnage qui dévorait les morts s’ils échouaient aux tests des dieux. Mais ce nom a un sens en langue berbère. En effet, ammut veut dire mort.
Le fils…
Si nous disons que Mis Ra qui signifie tout simplement Egypte et veut dire "Fils de Râ" cela va certainement parler à beaucoup de Kabyles. Pourquoi ? Parce que ce nom se dirait ainsi: Em is Râ. Le fils en kabyle se dit Imis ou Emis.
Thoura
Même si nous ne connaissons pas le sens de thoura en égyptien ancien, il se trouve qu'il y a une carrière de pierres qui a fourni des matériaux pour la construction des pyramides d'Egypte et que ce site s'appelle la carrière de la Thoura. Or le mot thoura en kabyle, existe tel quel et a pour signification maintenant.
L'attrait pour les mathématiques
Les chiffres des Kabyles et des Egyptiens de l'Antiquité ne sont pas identiques, toutefois, les deux peuples adoraient les nombres, l’arithmétique et sont tous deux particulièrement doués en la matière.
Sachez que les Kabyles aiment le calcul et beaucoup de Kabyles vous diront que leurs grands-parents passaient leur temps à calculer le nombre de jours ou de mois d’un bébé en berbère.
En décembre 2004 un jeune Kabyle de 23 ans a été sacré, en Allemagne, vice-champion du monde de calcul mental. Ses spécialités: la multiplication et l’addition à huit chiffres. A l’université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, tout le monde connaît Saïd Mohamed Seghir. Son nom figure même dans l’Alternative Book of Records.
Du côté des Egyptiens, la connaissance des mesures égyptiennes, leur passion pour la géométrie, forment la base des mathématiques et de la logique, indispensables lorsqu’on veut être un (grand) architecte. Les Egyptiens n’hésitaient pas à s’acharner sur des problèmes complexes jusqu’à ce qu’ils les résolvent, ils relevaient presque tous les défis…
Les mesures étaient exprimées en coudées. La pyramide avait ainsi, à l'origine, une base de 440 coudées et une hauteur de 280 coudées. La pente de ses faces est alors donnée par le rapport 280/220 soit 14/11. C’est ce rapport de calcul qui a été utilisé pour imaginer la pyramide de Meïdoum. La pyramide de Meïdoum est une pyramide, initialement à sept degrés, puis élargie à huit degrés et enfin transformée pour devenir la première pyramide à faces lisses égyptienne. Elle est attribuée à Snéfrou, premier roi de la IVe dynastie, et se situe à Meïdoum à l'entrée du Fayoum. Son nom ancien est Djed-Snéfrou (Ḏd-Snfrw, signifiant Snéfrou est stable). Elle porte également le nom de "fausse pyramide", donné par les Arabes, du fait de son état actuel ne la faisant plus ressembler à une vraie pyramide.
Les nombres en égyptien
Comme nous le disions plus tôt, les nombres kabyles et les nombres de l'Egypte antique ne sont pas identiques. Toutefois, après avoir interrogé plusieurs Kabyles, la simple énonciation des chiffres de l'Egypte antique leur paraît à tous très familière.
Chiffre arabe
Chiffre Egypte antique
1
wech it
2
ty
3
himatt
4
fod
5
di
6
sis
7
sfih
8
hman
9
pisid
Le sycomore et le figuier
Chez les Kabyles, le figuier est un arbre important. Le figuier pousse en abondance en Kabylie. En Egypte, c’est le sycomore, parfois surnommé le 'figuier égyptien' qui joue un rôle particulièrement important
"Le sycomore d’Égypte, écrit l’architecte français Pascal Coste (1787-1879), acquiert une grande élévation et une grosseur comme nos chênes ; ses branches sont très étendues ; son fruit ressemble à la figue d’une couleur jaunâtre, d’une saveur douce, mais d’un goût peu délicat, naissant sur les branches, ainsi que sur le tronc, par touffes. Son bois était regardé par les anciens comme incorruptible. Les caisses renfermant les momies égyptiennes sont faites de ce bois. Les Égyptiens en faisaient encore des statues et des stèles funéraires." (Pascal Coste, Toutes les Égypte, éditions Parenthèses, 1998). Cet arbre, au port majestueux, est encore apprécié aujourd’hui, pour son ombre généreuse, par les Égyptiens.
Celui, très célèbre, qui poursuit sa longue, mais pas toujours paisible retraite à Matariya a, selon la tradition locale, servi de refuge à la Sainte Famille: "Jésus, Marie et Joseph, lit-on dans la Description de l’Égypte de Benoît de Maillet (1656-1738), accablés de fatigue et de lassitude, ne trouvant aucun endroit où ils pussent se cacher, allaient devenir la victime de leurs persécuteurs, lorsque le sycomore s’entrouvrit et leur offrit dans son sein une retraite assurée et inconnue.". On a supposé que le sycomore était originaire d’Afrique centrale or les sycomores d’Egypte sont différents des sycomores d'Afrique Centrale car il s'agit de deux espèces de sycomores différentes.
Le sycomore d'Egypte est apparenté au ficus sycomorus originaire du Moyen-Orient: on en trouve d’ailleurs en abondance dans les pays situés à l’est de l’Egypte, les fruits de cet arbre sont différents des fruits du figuier commun, alors que le figuier (commun) produit un "fruit" à la peau verte et au cœur plus ou moins rouge, le sycomore produit un fruit de couleur orangée. Les femmes kabyles observaient un rite appelé "le caroubier du milieu" lorsqu’elles étaient impatientes de se marier, afin d’abandonner leur stérilité, en attachant un morceau de tissu de leur vêtement, de préférence, à une branche de cet arbre sacré.
Le bois du figuier n’est utilisé que pour faire du feu. Beaucoup appellent sycomore un érable ou faux platane ou affirment que le sycomore du Moyen-Orient, est originaire d’Afrique Centrale: on devine l’objectif de cette confusion volontaire mais l’Afrique Centrale n’observe pas de rite particulier comme en Egypte concernant cet arbre!
Il ne s’agit pas non plus du "figuier sycomore du Sénégal". Ce dernier est un arbre d'une forme régulière caractérisé par une grande quantité de nouvelles pousses qui l'affaiblissent et y sèment la confusion. Il fait de copieuses racines qui sont menues, jaunâtres, tortueuses, et qui ne s'étendent qu'à fleur de terre. Son bois est blanc, léger, spongieux, cassant et n'est d'aucun usage; enfin ses fruits sont plutôt verts qu’orangés.
Le bois du sycomore égyptien était, lui, utilisé par les pharaons pour confectionner des objets divers. Or beaucoup d’écrits sur Internet sèment la confusion sur la description du sycomore et sur les rites observés autour de cet arbre.
Parmi les rituels que les Egyptiens pratiquaient avec les arbres, il y a celui de Rê"celui qui ouvrel'arbre-ished". Dans cette expression, l'arbre est une métaphore de l'horizon oriental; c'est-à-dire le lieu où, à l'aube, se lève le Soleil, jeune et régénéré, après son voyage nocturne dans le monde souterrain. En tant que symbole de la régénération de l'astre solaire vieillissant, l'arbre-ished a été associé aux festivités jubilaires.
Parlons du dieu Anubis, protecteur des enfants
Anubs, qui veut dire chien, est peint en noir, comme tous les morts lorsqu’ils sont représentés sur un bas-relief ou un papyrus égyptien. Cette nuance, en effet, représente le mort, l'être passé définitivement dans le Monde des Morts, et plus généralement, le concept de mort. Cette couleur est d’ailleurs taboue chez les Kabyles; pendant des générations, certaines Kabyles ne portaient pas de noir pour ne pas ressembler à des sorcières, qui, selon la croyance, apportent la mort… Selon le Livre des Morts des Egyptiens de l'Antiquité, le dieu Anubis préside la pesée du cœur (psychostasie) du défunt dans la chambre des Deux Vérités afin d'évaluer la qualité de l'âme.Anubis.
Le conte de la chacale, Timuchent un conte kabyle, raconte qu’un jour, la mère de 4 enfants est morte mais qu’ils avaient la chance d’avoir dans la famille un chacal femelle. Celle-ci les protègera et même une fois tuée par le père de famille qui s’était remarié, son esprit protégeait encore les enfants. Or le dieu Anubis qui se trouve être un chacal, est non seulement le dieu des Morts mais aussi celui qui protège les jeunes enfants : on l’invoquait lorsqu’un enfant était malade. Si Anubis est a priori un dieu plutôt masculin, représenté d’ailleurs par un homme, l’Anubis des Kabyles est un personnage féminin puisque son nom commence par un t, timuchent. Chez les Anciens Egyptiens, le dieu Anubis évoque la ténacité et le courage. Le chacal avec sa réputation de chasseur pour se nourrir, mais également protecteur des malades et des membres de la famille, représente très bien cet esprit. Chez les Kabyles cet animal représente la dévotion, la protection.
Il nous apparaît assez clair que des liens forts existent entre Kabyles et Egyptiens de l'Antiquité. Nous trouvons dommage que les différentes études archéologiques n'aient jusqu'ici - à notre connaissance - pas exploré cette piste prometteuse.