En Égypte ancienne, la préparation de la mort est considérée comme une étape préalable importante pour la renaissance dans l’au-delà. La construction d’une demeure d’éternité dûment équipée permet de répondre à deux exigences importantes : la sauvegarde physique et magique de la dépouille mortelle et le devoir de culte des vivants envers les morts.
Bien qu’il soit évident que tous les Égyptiens partagent l’espoir d’une destinée osirienne, voir la fin de notre article sur Hathor, rien n’indique que la vision élaborée de l’au-delà proposée par l’élite soit partagée par l’ensemble de la société.
Alors que la population n’a généralement pas les moyens d’investir massivement dans des objets rituels de haute valeur et d’accéder aux textes religieux spécialisés, il est logique d’affirmer qu’il existait des pratiques funéraires parallèles.
Probablement basées sur une tradition orale, il nous est impossible d’en connaître les détails. Cependant, il est probable que les classes moyennes bourgeoises n’eussent pas les mêmes moyens, donc les mêmes objets funéraires que les élites. En d’autres termes, les pratiques funéraires s’adaptent à la réalité sociale des individus.
Au sein de la population non-élite, soulignons donc l’existence d’individus qui collaborent étroitement avec l’élite et en retirent des privilèges. La position intermédiaire qu’ils occupent dans la société leur permet d’accéder à des ressources plus importantes que celles des pauvres, qu’ils vont investir dans la préparation de leur tombe. Ces contacts étroits avec l’élite leur permettent dans certains cas d’accéder plus facilement à cette culture élaborée.
Ces individus partagent les mêmes pratiques funéraires en les adaptant en fonction de leurs moyens. Ainsi, sous la XVIIIe dynastie, les plus aisés d’entre eux possèdent de petites tombes familiales contenant l’équipement domestique d’une maisonnée égyptienne ainsi que plusieurs objets spécialement conçus pour l’usage funéraire.
L’assemblage funéraire est tout autre pour les innombrables individus enterrés dans de simples fosses aménagées dans le sable du désert ou entassés dans des tombes collectives. Bien qu’ils espèrent que le mort restera dans sa demeure éternelle, les Egyptiens sont évidemment conscients de l’inéluctable destinée de leurs monuments funéraires. La littérature nous laisse entrevoir par moments un certain doute de la part de la population à l’égard du maintien permanent de la tombe et de son approvisionnement en offrandes funéraires.
Dès lors, les impératifs funéraires pourraient se résumer à enterrer le mort, à pratiquer les rituels funéraires appropriés et à établir un culte simplifié. Un tel consensus permet à l’ensemble de la population de participer à la culture funéraire et d’espérer une renaissance dans l’autre monde.