Encore une fois, il nous semble important d’apporter notre contribution au juste rétablissement des faits historiques et scientifiques en ces temps troubles, durant lesquels des lobbyistes associés à de nombreux ignares et obscurantistes formulent une polémique aussi stupide qu’affligeante : Cléopâtre VII, reine d’Egypte serait noire ou a minima métis…
L’obscurantisme est le fait de ceux qui s'opposent à la diffusion de l'instruction, de la culture.
Cette nouvelle polémique émerge avec pour prétexte le choix d’une actrice blanche d’origine israélienne, nommée Gal Gadot, pour incarner la célèbre reine d’Egypte dans un film dont le tournage débutera prochainement.
De nombreux olibrius, notamment sur les réseaux sociaux, critiquent le choix d’une femme blanche, née en Israël de surcroit, pour incarner une reine d’Afrique du Nord, méditerranéenne.
A croire que le simple fait d'être une personne vivant en Afrique, pour ces gens, entraîne forcément une physionomie noire africaine et une peau noire. Nous avons déjà expliqué ici le règne très limité de personnages noirs dans l’antique Egypte Comment en sommes-nous arrivés à un tel niveau d’inculture ? Même avec beaucoup d’imagination, on voit mal comment cette reine d’Egypte dont il a toujours été dressé un portrait de femme avec des caractéristiques physiques propres aux femmes blanches méditerranéennes, pourrait être noire. Voyez par vous-mêmes, le portrait de sa mère, de son père et d’elle-même, rien à voir avec le physique d’une femme métisse, encore moins d'une femme noire…
Une polémique alimentée par des études scientifiques?
Relayé par de nombreux acteurs d’afro-centrisme en manque d’appropriation culturelle, les polémistes utilisent l’argument que la science vient récemment de prouver que Cléopâtre 7, reine d’Egypte était noire.
En fait d’études scientifiques, il s’agit, lorsqu’on creuse la question, d’un unique documentaire de la BBC nommé "Cléopâtre: Portrait d’une tueuse" diffusé par Arte en 2018 dans lequel une équipe estime avoir découvert une éventuelle sœur de Cléopâtre 7, qui pourrait être Arsinoé IV (ils n'en sont même pas sûrs), où une étude anthropologique du squelette mettrait en exergue des origines africaines, puis ils en déduisent que cet individu était métis et par extrapolation affirment que Cléopâtre 7 pourrait donc être elle aussi métisse.
Déjà, nous notons la manipulation : il n'est nullement question que la sœur de Cléopâtre puisse être noire. Ensuite cette fouille archéologique n’a pas été reconnue par les pairs scientifiques par son approximation, ses suppositions considérées comme fantaisistes, sa méthodologie peu sérieuse et sa déduction par analogie encore moins sérieuse. Et plus important encore, les chercheurs autrichiens appellent 'métis' une physionomie somme toute méditerranéenne.
Cléopâtre 7 était une Grecque. Elle est issue de la dynastie lagide (en grec ancien Λαγίδαι / Lagidai) ou ptolémaïque qui est une dynastie hellénistique issue du général macédonien Ptolémée, fils de Lagos (d'où l'appellation lagide). Les Grecs sont Blancs et de type européen.
Mais certains avancent désormais l’argument que les Grecs étaient Noirs parce que mélangés dans certaines parties du pays avec des Turcs. Et c’est bien connu (ironie) que les Turcs étaient des métis voire des noirs africains ! Plus sérieusement, les Turcs sont un peuple plutôt blanc, originaire d’Asie centrale ; et l’Asie est vaste, il ne faut pas pour autant les confondre avec les autres asiatiques.
En ce qui concerne Cléopâtre, c’était une femme blanche, d’origine grecque. Son mode de vie, ses écrits, ses interactions avec les autres ont laissé des traces aussi …
Les produits de beauté qu’elle utilisait en disent sûrement aussi long que des statues qui démontrent clairement que ces traits sont du Nord de l’Afriqueou du sud de l’Europe. La majorité des recettes de Cléopâtre concernent des soins pour les cheveux et la peau. Elle utilisait des poudres blanches pour unifier son teint, ce qui suppose qu’elle avait un teint de départ plutôt clair, de l’argile blanche pour nettoyer les cheveux, de l’huile de myrte pour les faire pousser et la noix de galle pour les teindre en noir. Or ce sont les femmes des pays arabes qui se teignent les cheveux au henné ou à la noix de galle, aljawz almurara, pour les avoir bien noirs.
Le choix de Gal Gadot pour incarner Cléopâtre fait polémique
Pour en revenir à Gal Gadot les internautes ne comprennent pas le choix d’une actrice blanche. Encore une fois, disent les partisans du woke, la reine d’Egypte serait représentée par une personne blanche – comme Monica Bellucci dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et Elizabeth Taylor dans le biopic de 1963. Insistant sur le fait que des actrices africaines auraient pu incarner ce rôle.
Nous estimons, au vu des preuves et de l’état des connaissances, que cette polémique, agressive, violente et virulente même, est ridicule. Mais ainsi se comportent les lobbyistes de nos jours.
Quant à nous, nous pouvons donc regretter que Gal Gadot ait été choisie pour incarner une reine de l’Orient alors que le rôle pourrait être parfaitement incarné par une actrice égyptienne ou saoudienne, par exemple. En plus, cela contribuerait à faire avancer les droits des femmes de ces pays, et à mettre en avant, toujours un peu plus, la beauté des femmes arabes.
Hollywood a été souvent accusée ces dernières années de pratiquer le "white washing". Ce qui consiste à systématiquement attribuer des rôles représentant des personnages "non Blancs" à des acteurs blancs. Ils estiment, par ailleurs, que cette pratique doperait les recettes d’un film. N’oublions pas que le film doit aussi se vendre et plaire au public en plus de se montrer le plus exact possible lorsqu’il traite d'un sujet historique.
Pour autant, si on choisit un acteur blanc pour incarner la vie du héros Malcolm X ou une actrice noire pour incarner Shéhérazade l'Iranienne, cela n’a plus de sens.
Pour le moment, ni la réalisatrice Patty Jenkins ni Gal Gadot n’ont réagi. Le contrat avec l’actrice israélienne viendrait tout juste d’être signé.
Nous, ce qui nous intéresse, c’est quand les films qui traitent de l’histoire ou de l’Antiquité collent au plus près de la réalité car cela permet aux gens de mieux comprendre une époque en s’immergeant dans l’histoire, et évite ainsi de faciliter la tâche des lobbyistes qui les utilisent comme support pour réécrire l’Histoire selon leurs désirs.
Décryptage du magazine Science et Vie issu du N°1270 de juillet 2023 (p. 43) :
"Dans le documentaire La Reine Cléopâtre, sorti sur Netflix en mai, la souveraine égyptienne est incarnée par une actrice britannique noire. De quoi raviver la polémique sur Cléopâtre VII : en 2009, un documentaire de la BBC affirmait déjà qu'elle avait la peau noire. Sur quelles bases ?
Des archéologues autrichiens avaient conclu, la même année, que sa sœur, Arsinoé IV, était d'origine africaine. "Sauf que pour cela, ils ont appliqué une méthode périmée, l'anthropologie physique, à des photographies de son crâne disparu", pointe Alexis Seydou, de l'Association de lutte contre la désinformation en histoire. Rien ne prouve d'ailleurs que ces restes étaient bien ceux d'Arsinoé IV : le tombeau ne portait aucun nom et les tests ADN n'ont rien donné.
Ni que cette femme avait la même mère que Cléopâtre : leur père, Ptolémée XII, issu de la dynastie lagide gréco-macédonienne, a en effet eu plusieurs épouses.
La mère de la dernière reine d'Egypte n'a jamais été formellement identifiée, mais "elle était probablement d'origine macédonienne, car les Lagides épousaient souvent des femmes issues de leur famille", note l'historien.". Lise Gougis.