Ce précieux fragment de papyrus vieux de 4500 ans, est le plus ancien document retrouvé en Egypte, où apparaît le nom du pharaon Khéops. Il a été écrit en écriture hiéroglyphique cursive.
Il s'agit des plus anciens papyrus d'Egypte exhumés en 2013 sur le site de Ouadi el-Jarf par la mission archéologique française (et égyptienne bien entendu) dirigée par Pierre Tallet, de l'université Paris-Sorbonne. Vieux de 4500 ans, ces manuscrits rarissimes sont les seuls documents parvenus jusqu'à nous, contemporains de Khéops (2589-2566 av. J.-C), le célèbre pharaon de la IVe dynastie (2613-2498 av. J.-C). Précieusement conservés dans les réserves du musée de Suez, dans le Sinaï, ils n'avaient encore jamais été dévoilés au public.
Les architectes de Khéops auraient procédé en trois étapes successives. Pour s'assurer que Pharaon, s'il venait à mourir avant l'achèvement de l'édifice, aurait une sépulture, ils ont d'abord commencé à creuser dans la roche en place, comme pour les pyramides de ses prédécesseurs, une chambre souterraine. Leur souverain étant toujours en vie lors de l'édification de la chambre de la Reine et la réalisation de la chambre du Roi avait été entamée.
Lorsque un accident endommagea les poutres des chambres de décharge de cette dernière, ils se rabattirent sur ce qu'on appelait la chambre cachée, où serait le roi Khéops.
Des entrepôts creusés au sein des massifs montagneux
C'est dans ces entrepôts creusés dans le massif montagneux bordant le port pharaonique de ouadi el-Jarf, sur la Mer Rouge, qu'ont été découverts les plus anciens papyrus d'Egypte. Ils prouvent que c'est le pharaon Khéops qui a commandé la célèbre grande pyramide de Guizeh.
Ces papyrus ont été mis au jour dans un port antique de la mer Rouge, au sud-est du Caire, d'où partaient les navires qui approvisionnaient en matériaux les grands chantiers pharaoniques de l'Ancien Empire. " Il s'agissait pour l'essentiel de papyrus comptables datés de l'Ancien empire (2181 av.J.C), de la Ve dynastie (2498-2345 av.J.C) et de la fin de la IVe dynastie ", précise Pierre Tallet. Des registres où tout était consigné, comme l'exigeait l'administration de l'époque. Certains portent sur la construction de la grande pyramide du plateau de Guizeh et le souverain Khéops, comme l'avait révélé Sciences et Avenir lors de leur découverte (Sciences et Avenir n°796, 2013).
Phrase qui a attiré l'œil de Pierre Tallet
Sur ce véritable papyrus comptable de 4500 ans étaient inscrites les denrées et fournitures à livrer: pain, bière, dattes, autant que les jours où ces livraisons devaient être effectuées.
Mieux encore, sur tel autre papyrus, c'est le journal de bord d'un fonctionnaire du pharaon, un certain Merer, qui y décrit chaque jour l'essentiel de son activité. Une phrase a ainsi attiré l'œil de Pierre Tallet: "L'inspecteur Merer a passé la journée avec son homme à charger des pierres dans les carrières de Tourah".
Ce gisement de calcaire à la blancheur éclatante, situé au sud du Caire, était en effet exploité pour les parements de la grande pyramide ! Puis, écrit le même jour : "Je suis allé livrer des pierres à la pyramide de Khéops"…. Un incroyable témoignage surgit du passé. Un document sans équivalent dans toute l'histoire de l'Egypte antique. Rappelons que Pierre Tallet a été récompensé en décembre 2015 pour ces découvertes, lors du 2eme Forum mondial d'archéologie de Shanghai (Chine).
Le port de ouadi el-Jarf. Situé à 120 km au sud du Caire, sur la rive occidentale de la mer Rouge, le port pharaonique de ouadi el-Jarf est actuellement le plus ancien port maritime connu. C'est de ses quais, aujourd'hui sous les eaux, que les navires prenaient la mer, chargés de rapporter les minerais de cuivre et de turquoise situés de l'autre côté du Golfe, à El-Markha, au sud de la péninsule du Sinaï. Une trentaine de galeries-magasins creusées dans le massif montagneux bordant le désert oriental, recelaient des entrepôts profonds d'une trentaine de mètres. Ceux-là même où se trouvaient les restes de papyrus. Scellés par de gros blocs, certains de ces entrepôts portaient des inscriptions hiéroglyphiques à l'encre rouge liées au pharaon Kheops. Ce port aurait fonctionné pendant un siècle à peine, remplacé par celui d'Ayn Soukhna, plus au nord, préféré sans doute pour sa proximité avec Memphis, la grande capitale administrative de l'époque.