Un réseau de prostitution colombien est soupçonné d'avoir exploité au moins une quarantaine de femmes. Les enquêteurs ont pu démanteler ce réseau grâce à deux jeunes femmes qui ont réussi à s'enfuir. Article rédigé par Franceinfo.
13 suspects ont été interpellés mardi 2 mars en France (trois dans le sud de la France, huit en Espagne, un en Italie et un en Roumanie) après le démantèlement d’un vaste réseau international de prostitution entre la France et l’Espagne, a appris franceinfo de source proche de l'enquête. Il s'agit d'un réseau colombien qui est soupçonné d’avoir exploité au moins une quarantaine de jeunes femmes.
Un juge d'instruction de Montpellier a centralisé l'enquête dans le cadre d'une coopération judiciaire et policière entre les pays concernés. En France, deux personnes ont été mises en examen et placées sous mandat de dépôt jeudi 4 mars à Montpellier. En Italie et en Roumanie, deux autres ont été interpellées et écrouées. En Espagne, huit personnes de nationalité colombienne ont été arrêtées. Cinq d'entre elles ont été incarcérées et trois sont assignées à résidence.
L'Italien arrêté est soupçonné d'avoir joué le rôle de faussaire. Il fournissait de fausses cartes de séjour espagnoles aux jeunes femmes qui arrivaient d'Amérique latine, de Colombie, du Paraguay ou encore de la République dominicaine.
Deux jeunes femmes ont réussi à s'enfuir
Les enquêteurs ont pu démanteler ce réseau grâce à deux jeunes femmes colombiennes qui étaient parvenues à s’enfuir d’un appartement de Montpellier. Elles avaient été séquestrées, violentées et forcées à se prostituer. Elles se sont rendues au commissariat.
Dans la foulée, en juin 2020, l’homme qui les retenait prisonnières est interpellé et écroué. Une information judiciaire a ensuite été ouverte, avec une enquête menée par la police judiciaire de Montpellier et l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH). Au fil des mois et des investigations, les enquêteurs découvrent qu’un clan familial originaire de Colombie, installé à Barcelone, exploitait une quarantaine de jeunes femmes. Les victimes arrivaient d’Amérique latine dans l’espoir de trouver un travail, mais sur place, ce réseau très organisé les a contraintes à venir se prostituer en France.
Des hommes de main les surveillaient et les accompagnaient de ville en ville (Agen, Annemasse, Montpellier, Paris), un maillage territorial impressionnant, raconte une enquêtrice. Dans le même temps, depuis Barcelone, dans un appartement transformé en centre d’appels, ce clan colombien gérait tous les téléphones (environ 40), tous les déplacements et tous les rendez-vous des jeunes femmes. 27 000 euros en liquide ont été retrouvés lors d'une perquisition. Toutes ces jeunes femmes apparaissaient sur des sites internet dédiés à la prostitution.
L'Office central pour la répression de la traite des êtres humains, avec l'appui de plusieurs antennes de police judiciaire, a déjà entendu et identifié 33 victimes toutes mises en relation avec des associations spécialisées et avec le dispositif national d'accueil et de protection de la traite des êtres humains.
Pour la commissaire Elvire Arrighi, cheffe de l’OCRTEH : "C’est un démantèlement d’un réseau de traite des êtres humains d’une ampleur inédite, menée par la police judiciaire avec une parfaite collaboration internationale". "Il s'agissait d'un réseau très structuré, avec un nombre très important de victimes", ajoute-t-elle.