Exilée volontaire depuis près de dix ans, la chanteuse tunisienne éprouve régulièrement le besoin de retourner dans sa ville natale. Un Tunis lumineux, populaire et révolutionnaire.
C’est dans le ciel de son pays qu’elle avait enregistré son dernier album, "The Tunis Diaries". Dans le ciel, ou presque, juste au-dessous, sur le toit-terrasse de sa maison familiale dans le quartier d’El Menzah 9. "C’est l’un des points culminants. De là, je peux voir toute la ville défiler, jusqu’à la mer et la montagne Boukornine. J’avais oublié le sentiment de grandeur et de liberté que cette vue procure.". En contrebas, la capitale déroule un long tapis blanc d’immeubles, moucheté par le vert des pins et le fuchsia des bougainvilliers.
Ce tableau démesuré reste éclaboussé de lumière, même par mauvais temps, et se pare, au soleil couchant, de gigantesques zébrures roses et orange qu’Emel Mathlouthi a tenté d’immortaliser des centaines de fois, avec son portable. "De la résidence, on n’entend pas la ville, mais le chuchotement lointain des radios, les cliquetis des ustensiles dans les cuisines voisines, le chant du muezzin et de myriades d’oiseaux. La nuit, les grenouilles et les cigales prennent le relais. Si on tend bien l’oreille, on perçoit d’ailleurs ces choristes singulières sur certaines chansons de The Tunis Diaries.".