Nous avons en nous une partie conservatrice et une partie progressiste et audacieuse... Ce sont deux éléments contradictoires nous direz-vous, mais notre éducation est pour beaucoup dans cette bipolarité. Les traditions ont un rôle structurant, ce sont des garde-fous. Mais elles peuvent aussi... rendre fou ! En effet, si on essayait de reproduire de façon très exacte le mode de vie de nos ancêtres dans une société moderne dont le mode de vie est complètement différent, nous rencontrerions de grandes difficultés d'adaptation. Essayer de conjuguer des principes différents ou contradictoires est un véritable jeu d'équilibriste ou de jongleur. Il en va de même avec le savoir : nous voulons tout savoir mais nous avons peur des réponses que l'on trouverait à certaines de nos interrogations, c'est pourquoi l'ignorance est parfois plus confortable ! C'est une peur ancestrale qui est notamment évoquée dans la mythologie grecque avec le mythe d'Icare : en souhaitant voler toujours plus haut, toujours plus près du soleil, Icare s'est brûlé les ailes. On pourrait interpréter cette petite histoire comme une simple prise de risque irréfléchie qui a échoué ou (on peut extrapoler !) une envie de s'élever spirituellement, dont l'issue a été fatale. Dans ce cas, le message serait en quelque sorte "n'essayez pas d'en savoir trop sur l'univers ou la vie, car l'issue en serait fatale". Cette façon de penser est très profondément incrustée dans nos inconscients collectifs. C'est ce qui peut expliquer le refus du progrès, surtout quand celui-ci s'avère ne pas en être un. Nous connaissons tous les répercussions qu'ont eues les inventions technologiques aux fins destructrices. Mais nous savons aussi, au fond de nous, que nous sommes responsables de l'usage que nous faisons de nos inventions... Que cet usage soit bienveillant ou malveillant.
Les erreurs humaines sont surmontables!
Dédale, le père d'Icare, était un inventeur dont l'audace a été punie (alors qu'aujourd'hui, elle serait probablement encensée). Et si on se réfère au mythe d'Icare, on peut se demander s'il ne valait pas mieux conserver le mode de vie ancestral pour ne pas se brûler les ailes. Cela nous aurait permis d'éluder les problèmes posés par la vie moderne, ainsi que les erreurs. Mais on peut aussi se demander : Et si c'était la peur ancestrale de la punition divine, du déluge, la crainte de la mort finalement, qui nous poussait à être intransigeants envers nos erreurs ? Dans l'erreur, il y a l'idée d'errer, de tâtonner, de chercher sa voie... Par définition, errer n'est pas marcher dans un sens précis, mais aller au gré du vent. En errant, on ne parvient pas toujours au but recherché et dans le sens premier du mot, il n'y a même pas de but d'ailleurs, mais nous, nous voulons évoquer l'errance qui précède la réussite. Ainsi, lorsqu'on observe un enfant, on s'aperçoit à quel point les humains sont inconstants et progressent le plus souvent par à-coups : un enfant qui fait ses premiers pas peut très bien en faire cinq d'un coup, ne plus savoir marcher le jour suivant ou tomber, puis, le jour d'après, faire dix pas ! Mais qu'est-ce qui le motive pour avancer ? Le désir d'atteindre son but, de réussir. Sans ce désir, que ferait-il ? Du sur place ! Il nous apparaît donc clair que le fait de tomber ne doit pas nous empêcher de nous relever et de continuer d'avancer, pour reprendre l'image de l'enfant qui apprend à marcher.
C'est en faisant des erreurs que l'on progresse !