Affaire des maillots algériens, Adidas cède aux pressions du Maroc!
La société Adidas avait été sélectionnée comme équipementier de l'équipe nationale de football d'Algérie. A ce titre, l'entreprise avait proposé de nouveaux maillots à l'équipe des Fennecs. Des tenues sportives joliment colorées inspirées des arabesques du Palais de Tlemcen. La promotion du nouveau maillot, mis en avant par de jeunes gens sur les réseaux sociaux, commençait a rencontrer un beau succès: mais c'était sans compter sur une polémique au Maroc contestant son existence.
Adidas accusé d'avoir copié les Zelliges marocains
Le ministère de la culture marocaine, appuyé par de nombreux influenceurs, a vertement critiqué la société Adidas en l'accusant d'avoir copié les motifs du mausolée de la médina de Fès. Le ministre marocain de la culture a enjoint les responsables de la marque allemande de retirer "cette création dans un délai de 15 jours", à compter du 27 septembre.
Adidas a décidé de mettre rapidement un terme à ce différend en concluant un accord juridique avec les Marocains. Un porte-parole d'Adidas a ainsi déclaré: "Après des discussions constructives entre Adidas et le ministère marocain de la Culture, nous pouvons confirmer un accord juridique positif par rapport à la récente affaire des maillots de football. Il nous a été signalé que nos nouveaux maillots arboraient des motifs inspirés de ceux visibles dans les monuments de la médina de Fès et sur le site de Chellah, tous inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en 1981 et 1985".
Un vol culturel? Mais de qui envers qui?
Difficile de trancher la question de savoir qui a raison dans ce nouveau différend qui divise encore et toujours les deux voisins condamnés à ne jamais s'entendre: le Maroc et l'Algérie.
Les motifs utilisés par Adidas sur ses nouveaux maillots ressemblent aux zelliges marocains mais sont loin d'être identiques. Par ailleurs, les Marocains ont fait remarquer à l'équipementier que leurs motifs provenaient de décorations visibles sur les murs de la médina de Fès, en particulier ceux du mausolée situé sur la Place de la Marche Verte, qui a commencé à être construit en 1717 pour être achevé en 1824. C'est alors que le lieu deviendra le plus sacré de la médina.
En revanche, les Algériens pourraient faire valoir que des arabesques décorent les murs du Palais El Mechouar de Tlemcen et ressemblent bien plus aux motifs utilisés par les nouveaux maillots d'Adidas. De plus, le Palais à Tlemcen a été construit en 1248 ce qui fait que les motifs du Palais El Mechouar sont antérieurs à la Place de la Marche Verte au Maroc de... près de 5 siècles. Le palais El Mechouar est un complexe palatial royal. Il a été construit au Moyen Âge par les sultans zianides. Les Zianides étaient des rois algériens qui ont réussi à créer un Etat prospère et qui a brillé dans toute la Méditerranée. Il y a des raisons de penser que les décorations de type arabesques n’ont pas été inventées par des artistes marocains même si il est vrai qu’ils les considèrent comme faisant partie de leur patrimoine, mais plutôt par des Arabes hilaliens arrivés en Algérie et au Maroc entre le 9ème et le 13ème siècle.
Tous les sujets font l'objet de tensions
Ces dernières années, les Marocains ont intensifié leurs revendications et la paternité de nombreux sujets dans le domaine culturel: invention de la chéchia, paternité du couscous, invention du caftan, et on en passe. Et si, comme nous avons pu le constater dans d'autres querelles précédentes, c'était à nouveau les Marocains qui faisaient de l’appropriation culturelle en s’arrogeant le droit de revendiquer l’invention de motifs arabes, qu'ils ont renommé les zelliges?
Ce qui est sûr, c'est que les Marocains apparaissent plus crédibles tant la réaction côté algérien est molle et sans conviction. A l'image de la réaction de la Fédération algérienne de football, qui, non satisfaite de la réaction d’Adidas vis à vis du Maroc, envisage de résilier le contrat qui la lie au géant allemand ... Mais on peut se demander, en parallèle, ce que font les historiens algériens... Où est la défense du patrimoine?