Un commentateur sportif tunisien provoque la colère des Algériens

Issam Chaouali
Issam Chaouali

Le match de football entre l'Algérie et l'Egypte, lors de la compétition de la Coupe arabe Fifa 2021, s'est terminé par un résultat décevant pour l'équipe d'Algérie. Mais comme si la rencontre en soi n'avait pas été assez décevante, le commentateur du match, Issam Chaouali, a affiché du mépris envers l'équipe de l'Algérie, et un parti-pris évident pour l'équipe d'Egypte. Durant la rencontre sportive, ce célèbre commentateur tunisien de beIn Sports s'est permis de véhiculer de vieux clichés, toujours vivaces en Tunisie, à l'encontre des Algériens.

Des commentaires hors de propos

Le commentateur tunisien Issam Chaouali a ainsi déclaré, durant le déroulement de la rencontre sportive: "Des cohortes d’enseignants égyptiens ont été envoyés en Algérie, au lendemain de l’Indépendance, afin d’enseigner la langue arabe et ainsi, de contribuer à la politique d’arabisation de l’école algérienne". Des supporters algériens ont très vivement réagi aux propos de M. Chaouali estimant que son commentaire n'avait rien à faire dans un match de football.

Rappel des faits historiques

C'est un fait, lorsque les Algériens ont gagné leur indépendance, ils étaient très "francisés". Très conscients de leur état, ils ont alors décidé de renouer avec la langue de leurs ancêtres: la langue arabe. Pour ce faire, une grande stratégie d'arabisation de l'Algérie a été mise en oeuvre, incluant le fait de faire appel à des professeurs libanais et égyptiens pour enseigner aux jeunes écoliers la langue arabe.

Mais les Algériens ont eu le mérite d'avoir voulu renouer avec la langue arabe alors que dans les pays arabes, actuellement, on parle de plus en plus l’anglais... Par exemple, en Arabie et aux Emirats arabes unis, on parle très fréquemment l'anglais, au prétexte de vouloir faire plaisir aux expatriés, mais au final la langue arabe se perd et la culture de ces pays aussi.

Ali Ben Ayed a Djerba, images d'archives
Ali Ben Ayed a Djerba, images d'archives

Y-a-t-il du mépris de la part des Tunisiens?

Nous avons eu la chance d'obtenir les commentaires d'une jeune femme vivant à Guelma, en Algérie, très proche de la frontière algéro-tunisienne. Cette fan de football a réagi à la polémique autour des commentaires de M. Issam Chaouali qui l'ont profondément choquée. Ainsi, Souheïla M. explique: "Nous à Guelma, nous connaissons très bien les Tunisiens et sommes très proches. Mais le commentateur tunisien m'a rappelé ces vieilles critiques que tout Algérien a déjà entendu de la bouche d'un Tunisien à propos de notre maîtrise de la langue arabe. Déjà il y a des années, on se moquait de nous, les Algériens, parce qu'on mélangeait quelques mots de français lorsqu'on parlait arabe. Et puis on nous disait qu'on était pas vraiment Arabes, puisqu'il a fallu que des Egyptiens viennent nous apprendre la langue et la religion. Moi je dis c'est comme du racisme. Ces gens sont jaloux. Et puis si les Tunisiens étaient des modèles de la langue arabe, pourquoi alors on a pas demandé à la Tunisie de nous envoyer des professeurs d'arabe, hein? On a fait appel aux Egyptiens et aux Libanais, parce que les Tunisiens valent pas mieux que nous. Mais eux, ils pensent qu'ils sont mieux que nous. Et puis aujourd'hui, c'est marrant, les Tunisiens mélangent dans leur arabe du français ET de l'anglais. Alors vous voyez... On a déjà certains Marocains qui nous jalousent, s'il vous plait les Tunisiens, on est vos voisins et vos semblables!".

Ce que dit Souheïla n'est pas faux. Si les Tunisiens étaient des modèles d'arabisme, les Algériens auraient fait appel à des enseignants tunisiens pour se "re-arabiser", mais ils ont appelé des Egyptiens! C'est à méditer. D'ailleurs, l'ancien ministre de la Santé, et ancien dirigeant du mouvement politique tunisien Ennahdha, M. Abdellatif Mekki, avait critiqué le chef du gouvernement, Najla Bouden, pour avoir commis une faute de prononciation en langue arabe, lors de son discours à l’ouverture du Sommet de Ryadh sur l’environnement le 26 octobre 2021. Dans un post sur sa page officielle, Mekki explique que "la langue arabe est notre symbole, comme l’est notre drapeau. N'est-il pas du devoir de ceux qui sont sur le devant de la scène pour représenter la Tunisie, de maîtriser la langue arabe, à l’oral, à l’écrit, à la lecture, ou à travers l’improvisation?!".

Des Algériens reprochent à Issam Chaouali son manque de neutralité

Outre le fait d'avoir été choqués par les propos du commentateur sportif Issam Chaouali, certains Algériens ont été très en colère de constater son manque de neutralité. Le commentateur tunisien s'est affiché constamment avec un parti pris contre les Algériens. Conscient de la polémique qu'il a suscité, M. Chaouali a tenté d’apaiser les critiques à la fin du match en déclarant que l’Algérie avait certes raté la tête de classement, contrairement à l’Egypte, mais qu'elle n'avait pas pour autant raté la Coupe arabe Fifa.

L’ancienne présentatrice algérienne, Sabria Dehilis, a réagi à son tour aux propos du commentateur sportif. Elle lui a reproché son flagrant parti pris. Elle a tenu à rappeler que les propos de M. Chaouali sont reprochables à l'homme mais pas à son pays d’origine, la Tunisie. Pour Mme Dehilis, il faut classer Issam Chaouali au rang "des idiots qui cherchent la notoriété (...) par la sournoiserie…".

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Mis en ligne : Samedi 11 Décembre 2021
 
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