Le 29 mars 2022, l'Algérie a disputé une rencontre de football contre l'équipe du Cameroun. Alors que les Fennecs avaient gagné au Cameroun 1-0 au match aller, le match retour, entaché par plusieurs erreurs d'arbitrage, a donné l'équipe du Cameroun victorieuse 2-1. Mais les joueurs de l'équipe nationale d'Algérie, son sélectionneur M. Djamel Belmadi et tout le public algérien estiment que les erreurs d'arbitrage démontrent que ce match était truqué afin de permettre cette étrange victoire du Cameroun.
Djamel Belmadi fustige l'arbitrage en Afrique
Le 29 mars au soir, après la défaite de l'Algérie, M. Belmadi est resté prostré, sans voix. Cette défaite contre le Cameroun était pour lui impossible. Les Fennecs ne pouvaient pas perdre à domicile, avec leur public, dans leur stade préféré. Cette victoire, les Algériens en avaient besoin pour disputer le Mondial de football 2022 au Qatar, pour la première fois organisé par un pays arabe, tout un symbole!
L'équipe d'Algérie avait récemment gagné fièrement la Coupe Arabe 2021 mais avait été disqualifiée rapidement au Cameroun pour la Coupe d'Afrique des Nations 2022 (CAN). Lors de la CAN, les Algériens avaient trouvé suspecte leur élimination; De l'état des terrains à un arbitrage déjà pointé du doigt, les Algériens avaient décidé de tourner la page de cette CAN catastrophique pour placer tous leurs espoirs dans la Coupe du Monde au Qatar. Mais la défaite contre le Cameroun à domicile achève cet espoir.
M. Belmadi a décidé d'exprimer sa colère le 24 avril 2022. Le sélectionneur algérien explique que les derniers matches de l'équipe d'Algérie montrent combien l'arbitrage en Afrique est une catastrophe: "L’arbitrage est une catastrophe en Afrique. Il faut régler tous les problèmes d’arbitrage et d’infrastructures. Les dirigeants auraient dû s'intéresser surtout à ça. S'il y a des terrains et des stades qui se construisent ici et là, le niveau de l'arbitrage est encore très loin du niveau exigé. Pour moi, on est, et tout le continent inclus, à l'âge préhistorique au niveau arbitrage.".
Belmadi s'en prend à Gassama
M. Belmadi a également épinglé l'arbitre de la rencontre suspecte entre l'Algérie et le Cameroun: M. Bakary Gassama. Il a notamment déclaré: "Plus jamais de la vie on laissera deux-trois personnes conspirer contre notre pays. Je ne dis pas qu’il faut le tuer ... Mais il a brisé l’espoir de tout un peuple.". Des voix s'élèvent dans le monde du Football pour dénoncer les propos de M. Belmadi en condamnant ses propos jugeant qu'il s'agit d' "une menace de mort à peine voilée".
Donc personne ne s'indigne du fond, à savoir qu'il y a suspicions de corruption d’arbitre, de match truqué, mais on condamne M. Belmadi en lui faisant dire ce qu'il n'a pas dit? Quelle indécence! M. Belmadi est un sportif de haut niveau, il n'appelle pas à la mort de l’arbitre, mais à sa suspension à vie!
Les critiques formulées par le sélectionneur algérien concernent des faits subis par de nombreuses équipes, et non limités à l'équipe d'Algérie. Récemment, l'équipe de Tunisie a estimé avoir été victime d'une grave erreur d'arbitrage lors de la CAN. L'équipe nationale d'Egypte a porté plainte auprès de la FIFA pour demander la disqualification du Sénégal suite à l'organisation calamiteuse de leur dernière rencontre qui les ont privés de pouvoir disputer la Coupe du monde du Qatar. Si les équipes du Maghreb et du Machrek sont particulièrement victimes ces dernières années d'actes louches dans l'organisation des compétitions ou lors d'arbitrage des rencontres, certaines équipes d'Afrique sont également régulièrement victimes de ces pratiques douteuses.
Arbitre corrompu, est-ce possible?
M. Belmadi accuse clairement plusieurs individus, dont l'arbitre M. Bakary Gassama (Gambie), d'avoir conspiré contre l'Algérie afin de favoriser la victoire de l'équipe du Cameroun.
Alors est-ce une accusation fantaisiste? En fait, pas du tout, car les arbitres africains sont régulièrement suspendus ou radiés. Ils sont nombreux les arbitres à avoir été confondus de corruption par la Confédération Africaine de Football (CAF) ou la Fédération Internationale de Football Association (FIFA).
En voici une petite liste non exhaustive 🏋🏿: M. Anicet Brou (Côte d'Ivoire), a été suspendu à vie en 2016 pour avoir reçu de l'argent afin de saboter des matches; les preuves avaient été trouvées sur son téléphone portable. M. Joseph Lamptey (Ghana), a été suspendu à vie en 2018, pour avoir accordé un pénalty imaginaire en faveur des Sud-Africains. Il a été accusé de corruption. M. Marwa Range (Kenya), a été suspendu à vie en 2018 pour faits de corruption. M. Ebrima Jallow (Gambie) et M. Yanissou Bebou (Togo) ont été suspendus pour 10 années en 2018 pour soupçons de corruption. M. Boukari Ouedraogo (Burkina Faso), M. Denis Dembele (Côte d'Ivoire), M. Marius Tan (Côte d'Ivoire), M. Bi Valere Gouho (Côte d'Ivoire), M. Coulibay Abou (Côte d'Ivoire), M. Jallow Ebrima (Gambie), M. Moriba Diakite (Mali), M. Demba Boubou (Mauritanie), M. Maman Raja Abba Malan Ousseini (Niger), M. Yanissou Bebou (Togo) ont été suspendus entre 2 à 10 années pour soupçons de corruption.
M. Bakary Gassama pourrait donc parfaitement grossir cette triste liste. Certaines équipes non africaines ont déjà fait part de leur crainte de devoir disputer des rencontres prochainement au Qatar 2022 avec M. Gassama pour arbitre! Car oui, M. Gassama a bien été sélectionné pour participer à l'arbitrage de la Coupe du Monde au Qatar...
CAF, FIFA, sont-ils fiables?
La FIFA comme la CAF sont des associations ayant pour but de promouvoir le football. Mais ces derniers temps, il n'est pas rare de voir s’immiscer des enjeux politiques, idéologiques ou géo-politiques dans le monde du sport, et ce même au plus haut niveau.
Bien qu'étant officiellement une association à but non lucratif, la FIFA brasse des milliards de dollars et attise forcément des appétits individuels très éloignés de l'envie de promouvoir le sport. Bien que depuis plusieurs années des soupçons pèsent sur la FIFA, bien que des enquêtes soient menées au sein de la FIFA, l'organisation reste très opaque et ses prises de décision ne sont jamais transparentes ni contestables.
La CAF et la FIFA se sont montrées, dans le passé, parfaitement capables d'évincer les arbitres coupables ou soupçonnés de corruption. Si, dans le cas de M. Gassama, rien n'est décidé à son encontre, c'est la démonstration que la corruption est réalisée à grande échelle et que la FIFA utilise ce genre d'arbitre douteux afin de nuire volontairement aux meilleures équipes. La FIFA affiche une organisation opaque: elle intrigue de nombreux observateurs et les dirigeants de nombreux pays. La mainmise de cette organisation, trop souvent au coeur de scandales, semble trop puissante et trop riche pour être inquiétée. C'est bien dommage, le football mérite mieux.