Les scandales Netanyahou déstabilisent l'entité sioniste

Netanyahou et Yoav Gallant
Netanyahou et Yoav Gallant

L'information capitale concernant Benyamin Netanyahou, est qu'il fait l’objet depuis jeudi 21 novembre 2024 d’un mandat d’arrêt international de la CPI. Le Premier ministre israélien est accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Les États signataires du Statut de Rome, à l’origine de la Cour pénale internationale (CPI), dont la France, sont désormais tenus de l’arrêter s’il entre sur leur territoire.

Mais sur le plan de la politique intérieure, les choses ne vont guère mieux avec une affaire de fuite de documents top secrets, qui devait servir ses intérêts mais qui se retourne contre lui.

Fuite de documents top secrets

C’est l’affaire dont on parle tous les jours dans la presse israélienne : les "Benyamin Netanyahou Leaks". Cette révélation trouve son origine dans l’histoire d’un conseiller du Premier ministre israélien, Elie Feldstein : il aurait bénéficié de complicités au sein des services de renseignement de l’armée, pour avoir accès à des documents secret-défense qu’il a ensuite transmis à la presse. Ces documents parlent de la stratégie du gouvernement de mener une guerre tous azimuts à Gaza et de la décision de torpiller les négociations avec le Hamas sur un échange d’otages et de prisonniers.

L’opinion publique israélienne s'enflamme

Dans le détail, l’affaire commence en juin dernier quand un officier réserviste de l’armée transmet à Elie Feldstein une copie de documents classifiés. Pendant quelques semaines, le conseiller de Netanyahou les garde pour lui. Le 31 août 2024, les corps sans vie de six otages exécutés, sont retrouvés dans un tunnel à Gaza. L’opinion publique s'enflamme : des manifestations sont organisées pour demander une trêve ou un cessez-le-feu et la libération des otages.

C’est le moment choisi par Elie Feldstein pour divulguer dans la presse une copie du document. Il choisit l’hebdomadaire allemand Bild et le Jewish Chronicle britannique, ce qui lui permet de contourner la censure militaire qui s’impose aux médias israéliens. Les articles publiés le 6 septembre racontent, preuves à l’appui, la stratégie secrète d’Israël. Officiellement, on raconte (la presse israélienne) que le document explique comment le Hamas manipule les familles d’otages pour nuire aux intérêts d’Israël. Sauf qu’il est évident qu’une telle information n’aurait jamais posé problème au gouvernement, soyons lucides. La vraie question est de savoir pourquoi le gouvernement refuse toute négociation pour la libération des otages ; la vraie révélation serait d’apprendre que les otages sont exécutés par l’armée israélienne et pas par un Hamas qui, d’ailleurs, a été créé de toutes pièces par Israël.

Benyamin Netanyahou a alors de nouveaux arguments pour justifier son refus de négocier. Les manifestations perdent en intensité, la guerre continue, les otages restent à Gaza.

Manifestation en faveur de la libération des otages israéliens
Manifestation en faveur de la libération des otages israéliens

Les enquêteurs visent l'entourage de Netanyahou

Presque trois mois après la publication de ces articles, c’est aujourd’hui une affaire d’Etat : il y a d’abord eu une enquête secrète de l’armée et du renseignement intérieur, puis la justice s’est emparée de l’affaire. Elie Feldstein est aujourd'hui derrière les barreaux. Il risque une peine de prison à vie.

Des officiers et d’autres conseillers de Benyamin Netanyahou sont eux aussi dans le collimateur des enquêteurs. Il n’y a pour le moment aucune preuve de l’implication directe du Premier ministre, qui doit cependant comparaître dans une dizaine de jours dans une autre affaire, de corruption.

Ce qui interpelle en revanche, c’est le fait que des ministres au pouvoir défendent Elie Feldstein et demandent la démission de responsables de premier plan, accusés de nuire aux intérêts de l’Etat et du Premier ministre. Benyamin Netanyahou a renvoyé début novembre son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, qu’il estimait trop critique. Il pourrait essayer aujourd’hui de faire tomber de nouvelles têtes, pour échapper à la justice.

Josep Borrell
Josep Borrell

Josep Borrell critique les pays qui ne soutiennent pas la décision de la CPI

Sachez qu’en France, on prétend que de nombreux partis politiques, hormis "les gens de gauche" pour reprendre l’expression d’une certaine presse, ne soutiennent guère la décision d’inculper Netanyahou pour crime contre l’humanité. Netanyahou le criminel se sentirait "humilié" par cette décision, lui qui œuvre au bien de toute l'humanité...

Mais il se trouve que le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et de sécurité, Josep Borrell, a critiqué les pays qui n'ont pas exprimé leur soutien à la décision de la Cour pénale internationale d’arrêter le Premier ministre israélien et les a appelé à se conformer à cette décision.

Borrell a déclaré lors d'une conférence sur Israël et la Palestine tenue à Chypre que cette décision n'était pas politique, mais que c’était la décision d'un tribunal international créé avec le ferme soutien des États membres de l'Union européenne.

Le responsable européen a souligné que lorsque le tribunal a décidé d'émettre un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, de nombreux pays avaient alors exprimé leur soutien à la décision, alors que certains de ces pays restent aujourd'hui étrangement silencieux quant à la décision d'arrêter Netanyahou.

Il a poursuivi : "En tant que vice-président de la Commission européenne et haut représentant de l’Union, je demande aux États membres de soutenir la Cour pénale internationale.".

Borrell a rappelé que les États membres de l'Union européenne étaient tenus de mettre en œuvre la décision de la Cour.

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Mis en ligne : Samedi 23 Novembre 2024
 
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