La fête du Miled à Alger

Des enfants fêtent le Mouloud dans une école à Oran
Des enfants fêtent le Mouloud dans une école à Oran

Miled, Mouloud ou encore Mawlid Nabawi désigne la naissance du prophète Mohamed. Elle est une fête particulièrement importante pour tous les musulmans. Elle a lieu le douzième jour du troisième mois de l'année hégirienne, mois qui porte justement le nom populaire de Miled. Autrefois, cette fête était célébrée en Algérie avec un grand enthousiasme.

Les préparatifs de la fête

D'après l'expression populaire, "l'odeur" de la fête du Miled ou Eid Miled en Nabi, l'anniversaire du prophète pour traduire littéralement, commençait à se faire sentir plusieurs jours avant l'évènement. Dès le début du mois du Mouloud, on blanchissait les lieux de culte et les souks, et la plupart des foyers en faisaient de même. Ici et là, au coin des rues, étaient disposés des étals improvisés, chargés de toutes sortes d'objets pour la fête : bougies, pétards, benjoin, encens, henné... Ces étals attiraient autant les enfants que les adultes, qui faisaient leurs achats pour la fête. Les rues embaumaient les fumigations de benjoin et des nuages d'encens Marché algérois ancien (peinture)s'échappaient des hammams ou bains maures et des maisons. Un employé du mausolée, appelé khedem, muni d'un flacon de parfum, aspergeait les murs des bâtisses, tout en bénissant ceux qui se montraient charitables envers lui en lui offrant quelques pièces. La veille du Mouloud, les gardiens des mausolées faisaient appel à des volontaires pour les aider à les entretenir. Ils devaient notamment changer le R'da, une couverture en soie brodée qui recouvrait les mausolées abritant des saints et allumer les bougies des Menarates (lustres)... Les femmes quant à elles préparaient le couscous qui devait être distribué aux pauvres. Pendant ce temps, des vieux psalmodiaient des versets religieux. Devant la porte du wali (le gouverneur), un volontaire servait aux passants du thé et du Charbat, un sirop léger à la fleur d'oranger, moyennant quelques sous. Dans les foyers algériens, les maîtresses de maison préparaient les douceurs traditionnelles incontournables des fêtes : la Tamina, une semoule grillée arrosée de beurre fondu et de miel et des Baghrires, des crêpes épaisses que l'on arrose de sirop léger ou de miel et que l'on parfume avec de la cannelle.

Le jour du Miled

Femmes d'AlgerLe jour du Miled, les rues s'animaient au fur et à mesure que le soleil déclinait, avec le bruit assourdissant des pétards que les enfants s'amusaient à faire éclater et celui des feux d'artifice. De temps à autre, des coups de feu se faisaient entendre : une vieille tradition appelée le baroud consiste à tirer quelques coups de fusil en l'air pour annoncer une fête ou un heureux événement. Cette coutume rejoint un peu celle de la Fantasia, ce spectacle durant lequel des hommes à cheval simulent des combats comme au 19e siècle.
Les villes se trouvaient complètement changées en cette nuit magique ! Les souks étaient brillamment illuminés et les cafés décorés de feuillages et de guirlandes en papier de couleur ; une foule joyeuse se pressait sur les hauteurs des Casbahs. Dans la soirée, les maîtresses de maison allumaient des bougies dans chaque pièce de la maison. Certaines familles se réunissaient autour d'une Skimpla (table à thé) garnie de thé et de friandises, savourant le ton poétique qu'adoptait une grand-mère en racontant des contes... Des jeunes filles préféraient se réunir sur une terrasse pour papoter et admirer le ciel. A la fin de la journée, juste avant le coucher du soleil, on se tatouait les mains et les pieds avec du henné. Le lendemain matin, les mères servaient de la tamina et des makroudes avec le café. Puis elles continuaient de préparer la suite des festivités, car celles-ci dureraient trois jours.

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Mis en ligne : Mardi 3 Juillet 2007
 
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