De l'Empire ottoman à la Turquie moderne

Mehmed Said Efendi et sa suite
Mehmed Said Efendi et sa suite

La Turquie est l'héritière de l'Empire ottoman, l'Etat le plus prestigieux fondé par les Turcs et qui a existé de 1299 à 1922.

En 1922, le maréchal Mustafa Kemal Atatürk l'abolit pour fonder par la suite la République de Turquie, en 1923. L'Empire ottoman ou son gouvernement est parfois désigné d'après le nom de la porte d'honneur monumentale du Grand Vizirat à Istanbul, où gouvernait jadis le Sultan, à savoir "La Sublime Porte".

Naissance de l'Empire ottoman

A l'origine de l'Empire ottoman il y a une tribu turque oghouz (ce mot signifie "les taureaux" en turc) qui avait conquis au 11e siècle la terre que les Grecs ont appelé l'Anatolie, littéralement "pays où le soleil se lève" et qui correspond à la partie située en Asie. La tribu commence son extension au 13e siècle, sous le règne du sultan Osman Ier (Uthman en arabe et Ottoman en français), qui donnera naissance à la dynastie Osmanli. Cette tribu conquiert de vastes terres du Moyen-Orient à l'Afrique du Nord (à l'exception du Maroc) en passant par une partie de l'Europe orientale, sans oublier la Crimée, presqu'île située au sud de l'Ukraine.

En 1453, le sultan Mehmet II prend Constantinople (Byzance) et absorbe l'Empire romain d'Orient, également appelé Empire byzantin. Dès lors, les Ottomans règnent sur la partie chrétienne de la Méditerranée orientale. Les Turcs appellent les populations chrétiennes "Roumis", mot dérivé de Romain, en référence à l'Empire romain d'Orient.

Les Ottomans administreront l'ensemble des territoires musulmans de la Méditerranée et, cerise sur le gâteau, au 16e siècle, les sultans ottomans prennent le titre de califes, c'est-à-dire de successeurs de Mahomet ! Certaines terres conquises deviennent des provinces turques (ou Vilayet en turc) et d'autres pas, bien qu'elles payent des taxes à l'Empire. Les provinces africaines de Tunis et d'Alger sont assez autonomes.

Apogée et déclin de l'Empire

L'Empire ottoman connaît son apogée au 16e siècle, sous le règne de Soliman le Magnifique. Chypre et des îles en mer Égée rejoindront l'Empire ottoman, mais l'expansion de ce dernier ne l'empêche pas de décliner petit à petit. En effet, la Turquie n'est plus en mesure de suivre les progrès économiques de l'Europe de l'Ouest. En 1782, la Russie de Catherine II s'empare de la Crimée sans que La Sublime Porte ne réagisse, sans doute consciente de sa faiblesse.

Au 19e siècle, l'Empire se porte encore mal et décide de moderniser ses institutions pour retrouver sa puissance. Pour parvenir à ce but, des lois inspirées des législations française et anglaise sont adoptées. En 1847, l'esclavage est aboli. Mais ces mesures ne suffisent pas : L'indépendance de la Grèce en 1830, province ottomane depuis 1453, et la prise de l'Algérie par les Français la même année, affaiblissent l'Empire.

La dislocation de l'Empire ottoman

L'Empire finit de perdre les Balkans, sauf un petit territoire en Thrace orientale où se situe sa capitale d'alors, Istanbul. Cette dernière est la seule ville au monde située sur deux continents : L'Europe et l'Asie.

En 1913, après une ultime défaite de l'Armée ottomane, les Jeunes-Turcs, des révolutionnaires qui ont évincé du trône Abdülhamid II, se retrouvent au pouvoir et les minorités (Grecs, Arméniens, Kurdes, Arabes) leur posent un problème. En 1915, sous le commandement du ministre de l'Intérieur Talaat Pacha, ils décident de se débarrasser des Arméniens ottomans en les massacrant. Talaat Pacha et ses acolytes seront condamnés par la justice turque pour ces crimes, même si l'Etat turc ne les reconnaît pas comme un génocide.

La dislocation de l'Empire ottoman est achevée pendant la Première Guerre mondiale; les territoires arabes qu'il contrôlait à savoir la Syrie, la Palestine, le Liban, l'Irak et l'Arabie, sont attribués à la France et à la Grande Bretagne par décision de la SDN, l'ancêtre de l'ONU, et la région du Caucase est perdue.

Naissance de la Turquie moderne

En 1922, le maréchal Mustafa Kemal Atatürk abolit l'Empire ottoman et fonde en 1923 la République de Turquie sur l'Anatolie et la Thrace orientale. En 1923, la capitale de la Turquie n'est plus Istanbul, ancienne Constantinople ou Byzance, mais Ankara, héritière de la ville antique Ancyre située en Anatolie.

En 1924, Kemal Atatürk met fin au Califat, dernière trace des institutions de l'Empire. Il met en place une république laïque, la seule du monde méditerranéen musulman. En effet, depuis 1928, l'islam n'est plus religion d'Etat, mais cela n'empêche pas la population turque d'être musulmane à 97% (chiffres de 2003). A cette même date, l'alphabet ottoman d'origine arabe est abandonné au profit de l'alphabet latin. Kemal Atatürk est un admirateur de la France des Lumières et veut faire de la Turquie un Etat du même niveau que les pays européens. Et il a beaucoup contribué à faire évoluer le statut des femmes turques, lesquelles ont obtenu le droit de vote aux élections nationales en 1934.

L'ère post-kémaliste

Après l'époque de Kemal, la Turquie connaîtra l'instabilité politique : Certains dirigeants tenteront de remettre en cause la laïcité, alors que l'Armée, fidèle au kémalisme et soutenue par les progressistes, prendra de force le pouvoir à plusieurs reprises (coups d'Etat) pour éviter l'avènement de partis politiques radicaux. Les conflits avec les Kurdes, qui existaient déjà à l'époque kémaliste, s'aggraveront durant les années 1970. Sur le plan économique, la Turquie, aidée financièrement par les Etats-Unis, adopte une économie de marché, ouverte sur les échanges internationaux.

Malgré la normalisation entamée au début des années 1970, la Turquie manque de sombrer dans le chaos politique et économique. Les affrontements entre radicaux de droite et de gauche s'accentuent et des islamistes bafouent la laïcité. La crise économique liée au choc pétrolier enfonce le clou. Plusieurs gouvernements se succéderont ensuite avec plus ou moins de succès. Durant les années 1980, l'économie turque parvient même à se redresser admirablement. Mais aucune classe politique n'a empêché la montée du radicalisme islamique ni n'a résolu le problème kurde, qui consiste en la revendication d'indépendance du territoire peuplé de Kurdes, se situant dans le sud-est de la Turquie.

La Turquie des années 1990-2000

Dans les années 1990, des articles du Code pénal turc restreignant la liberté d'expression sont abrogés, ce qui est un signe de progrès des mentalités. De nos jours, les conditions de vie en Turquie ne sont pas trop mauvaises comparé à d'autres pays de la région du Moyen-Orient. Le taux d'alphabétisation atteint presque 86% de la population et l'espérance de vie y est d'environ 73 ans. Le taux de croissance du pays est bon (entre 5 et 6% en 2006), néanmoins son taux d'endettement reste élevé. Selon les sources officielles, la Turquie est un pays jeune, puisque deux Turcs sur trois ont moins de 30 ans !

A côté de ces aspects positifs, le pays a ses dossiers sensibles. Il en est ainsi de son adhésion à l'Europe. La Turquie aimerait adhérer à l'Union européenne, mais des éléments jouent en défaveur de sa candidature selon les Etats de l'Union européenne : La Turquie ne reconnaît pas la République de Chypre, Etat adhérant à l'Union européenne et n'accepte pas de considérer comme un génocide le massacre d'Arméniens. Enfin, la Turquie, bien que liée à l'histoire européenne, possède seulement 3% de son territoire en Europe.

Grande Mosquée Turquie çamlika
Grande Mosquée Turquie çamlika
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Mis en ligne : Mardi 11 Décembre 2007
 
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