En Russie, il existe une tradition très ancienne consistant à fêter le printemps et appelée "La Roussalnaïa" ou la fête du printemps. Cette fête a lieu une semaine après la Pentecôte orthodoxe, juste avant le solstice d'été de juin. A cette occasion, on rend hommage aux roussalki (roussalka au singulier), des créatures semi-légendaires et fascinantes.
La fête du printemps est appelée la roussalnaïa en russe. Ce mot est un substantif dérivé du vieux russe roussalia, lequel vient du latin rosalia qui désigne la fête des roses. Un intellectuel russe, Max Vasmer, a relevé que cette fête était déjà mentionnée dans des ouvrages datant du Moyen-âge et qu'elle était très populaire en Russie. Cependant, les Russes orthodoxes n'appréciaient guère cette fête païenne dont ils critiquaient les excès comme l'ivrognerie. Les hommes et les femmes trouvaient en effet dans cette fête printanière le bon prétexte pour s'arroser gaiement de vodka!
Lors de cette fête, on célèbrait des personnages mythiques appelés roussalki. Cette célébration avait probablement pour but, à l'origine, de s'attirer leurs bonnes grâces. Les roussalki sont des créatures des eaux ou ondines, dans la mythologie slave.
Selon les versions populaires, la rousalka est soit une femme morte par noyade, qui revient dans les eaux des vivants (rivières, lacs, étangs, fleuves) pour se venger, soit une belle vierge des eaux chagrinée par un amour impossible, comme la petite sirène d'Hans Christian Andersen. Quant à leur description physique, d'après la légende prédominante, les roussalki sont séduisantes, pourvues d'une belle chevelure et ont des yeux vert émeraude.
Dans les régions du sud de la Russie, les gens disent que leurs corps sont couverts par la brume, tandis que dans le nord, elles sont toujours nues. Les roussalki sont réputées être plus dangereuses durant la semaine de la roussalka: Nager durant cette semaine est donc déconseillé par la tradition populaire. Les Roussalki vivent dans l'eau tout l'été, puis vont s'abriter dans les arbres près des plans d'eau, dès que l'été décline. La nuit, les Roussalki se balancent sur les branches des arbres et dansent. C'est ainsi que dans la mythologie russe, on explique la couleur verte des feuillages des arbres en été par la présence des Roussalki. Ces créatures femelles étaient accusées de tous les maux par les paysans russes. Ces derniers pensaient en effet qu'elles abîmaient les récoltes, qu'elles arrêtaient les roues des moulins, qu'elles alourdissaient les filets des pêcheurs avec de la vase et qu'elles provoquaient des pluies torrentielles pour détruire les champs. Pour s'en protéger, la coutume recommande de porter sur soi une bouteille d'absinthe, du raifort, de l'ail ou encore de la livèche.
Les sirènes-roussalki auraient existé !
Ces légendes auraient en effet pour origine des êtres réels: des hominoïdes du type Almasty (être humain sauvage du Caucase) femelles. Tous les témoignages les concernant décrivent des hominidés femelles sachant très bien nager et cherchant à s'accoupler avec des humains mâles qui nagent nus dans un lac ou une rivière de la région du Caucase. Un jeune russe a raconté qu'un jour où il se baignait dans une rivière à Riazan, il a été rejoint dans l'eau et chatouillé par une créature féminine et velue sur tout le corps, que les paysans de la région avaient déjà croisée et qu'ils prenaient pour une folle. Alors finalement, ces Roussalki, qui auraient inspiré de nombreux conteurs, dont H.C. Andersen lui-même, auraient-elles réellement côtoyé l'Homo Sapiens? Si c'est le cas, c'est la preuve que nous n'avons pas besoin de chercher ailleurs que sur notre bonne vielle Terre des cousins hominidés un peu étranges...
Illustration N°2 (tableau) : Rusalka (Русалка) par l'artiste russe Konstantin Vasiliev, 1968.