Les Circassiens, un peuple du Caucase qui a influencé les Arabes
Les Circassiens sont un peuple d’ethnie russe, originaire du nord du Caucase sur la côte de la mer Noire. Ils sont encore présents dans les républiques de Karatchaïévo-Tcherkessie, de Kabardino-Balkarie et d’Adyguée de la fédération de Russie : ce sont les descendants de ceux qui ont échappé à l’expulsion de 1864-67, mais la plupart vivent dans la diaspora, principalement en Turquie et dans plusieurs pays arabes comme l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban, des pays arabes alors rattachés à l’Empire ottoman. Les Circassiens auraient été expulsés par les Russes parce qu’ils étaient musulmans et que l’Empire russe n’en n’auraient pas voulu.
Il faut savoir en effet que les Circassiens, indigènes caucasiens de cette région, subirent de la part de l'Empire russe une guerre russo-circassienne qui dura 100 ans puisqu’elle commença en 1764. En pratique, ils ont subi une invasion russe suivie d’une "épuration ethnique" en ayant été expulsés de la Circassie historique (majeure partie de la Ciscaucasie au nord-est de la mer Noire), vers l'Empire ottoman et, dans une moindre mesure, vers la Perse de l’Empire Kadjare. Après avoir gagné la guerre du Caucase, l'Empire russe les remplaça par les cosaques du Kouban et du Terek. L’expulsion débuta avant la fin de la guerre en 1864 et se termina en 1867.
Une terre en guerre perpétuelle
Vu l'importance du Caucase en tant que lien incontournable entre le Moyen-Orient et l’Europe centrale, on comprend bien pourquoi les empires greco-romain, byzantin, russe et ottoman ont voulu y installer des comptoirs de commerce, voire l'envahir. Les tribus caucasiennes ont donc souvent été réduites en esclavage par ces puissants empires, les femmes ayant souvent pour destin de finir dans les bordels et les harems. C’est ce qui explique que cette région a toujours été en état de guerre perpétuelle, et pourquoi les y femmes apprirent le maniement des armes (source).
Une société de castes
Avant l’invasion russe de 1764, la société circassienne était divisée en castes. La plus haute était la caste des "princes", suivie d’une caste de basse noblesse, puis du peuple, des serfs et des esclaves. Dans les décennies qui précédèrent l’invasion russe, deux tribus rejetèrent ce système traditionnel et mirent en place un processus se voulant démocratique, mais cette évolution n’a pas pu se poursuivre à cause de la guerre. Aujourd’hui, la plupart des Adyguéens parlent le russe. La religion actuelle de la majorité du peuple est l’islam sunnite.
Des femmes respectées par le peuple
Jadis matriarcal, ce peuple a accordé aux femmes un rôle important : la mère est vue comme un élément central de la famille et la femme en général était tellement respectée qu’une coutume obligeait le cavalier à descendre de cheval s’il croisait une femme pour l’accompagner jusqu’à sa maison, et ne devait remonter sur sa monture que lorsqu’il l’avait dépassée.
Regardez comme c'est beau : La tradition de galanterie tcherkesse voulait que lorsqu’il y avait une querelle, si violente soit-elle, entre deux hommes, si une femme laissait tomber son mouchoir entre deux combattants, ils cessaient immédiatement les hostilités.
Les femmes défendaient aussi la nation. Elles portaient les armes aux côtés des hommes, et aujourd’hui encore, elles sont considérées comme hautement respectables et dignes. Dans le monde entier, la femme tcherkesse était recherchée pour sa beauté, sa féminité et son éducation (cf. le roman Aziyadé qui relate l’amour de Pierre Loti pour une femme tcherkesse, en Turquie).
La société tcherkesse devint patriarcale suite aux périodes de guerre ininterrompues pendant plusieurs siècles jusqu’à l’exode forcé. Il est à noter que bon nombre d’acteurs et d’actrices turques qui jouent dans des films et séries à succès, sont en fait d’origine circassienne et qu’elles sont louées pour leur beauté. Indéniablement, dans le domaine culturel, les intellectuels d’origine circassienne ont influencé les penseurs arabes.