Un fragment météorique a été trouvé en mai 2020 dans la région de l'Adrar. Ce caillou extra-terrestre est très particulier. C'est le Professeur Mouley Charaf Chabou qui a annoncé en premier sa découverte mais a informé également les Algériens de la fuite de la roche à l'étranger.
Le pillage des découvertes météoriques en Algérie
Comme nous vous l'expliquions dans un article précédent, l'Algérie souffre d'un véritable pillage des retombées rocheuses venant du ciel et s'écrasant dans le désert du Sahara au profit de réseaux de contre-bandes. Ce qui fut le cas pour cette roche, trouvée en mai 2020, et qui a été analysée par des scientifiques étrangers qui l'ont nommée: Erg Chech 002 ou EC 002.
A ce jour, on estime à plus de 1140 le nombre de roches météoriques trouvées en Algérie et moins d'une dizaine sont dans le pays.
Erg Chech 002, le plus ancien témoin d'activité volcanique
Ce qui est particulièrement dommage pour l'Algérie avec le cas de la roche EC 002, c'est que les chercheurs ont annoncé dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) que cette roche est la plus ancienne lave volcanique connue à ce jour issue de notre système solaire. Ainsi, ce fragment rocheux a une valeur symbolique très importante.
Elle serait âgée de 4.565 milliards d'années, soit plus ancienne de 22 millions d'années que la Planète Terre. Pour rappel l'âge de la planète Terre est estimé à 4.543 milliards d'années et notre étoile le Soleil à 4.603 milliards d'années. Ce qui implique que EC 002 provient de l'activité volcanique d'une planète plus vieille que la Terre, une proto-planète qui n'existe plus aujourd'hui. C'est un témoin qui permet de confirmer la thèse de la modélisation des proto-planètes lors des débuts de notre système Solaire.
Comment pourrait réagir l'Algérie à l'avenir
Le pays connait depuis plusieurs décennies la situation des pillages des retombées extra-terrestres sur son territoire. Les experts savaient que des expéditions essentiellement menées par des Allemands avaient lieu durant plusieurs semaines pour faire des fouilles dans le désert, en se faisant passer pour des touristes, puis repartaient avec leurs précieuses roches en Europe. Des mesures ont été prises par les autorités pour interdire ce type de pratique.
Depuis 20 ans, ce sont des contrebandiers qui s'organisent pour faire sortir les précieux rochers par le sud du Maroc où ils sont ensuite vendus légalement aux étrangers. Pour le moment, les autorités ne luttent pas contre ce phénomène qui dure et qui est bien connu.
Les Algériens disposent de scientifiques qualifiés pour mener leurs propres recherches et publier leurs propres découvertes. Si EC 002 avait été analysée par une équipe algérienne, ces découvertes n'auraient pas été au crédit de l'équipe du Français J-A Barrat et les retombées prestigieuses auraient ainsi bénéficié à l'Algérie. Surtout que rien n'empêche le développement de coopérations internationales scientifiques et qu'il est toujours possible d'inviter les chercheurs du monde entier à effectuer leurs recherches sur le sol algérien.
Même si la volonté politique manque ainsi que les ressources financières, des organismes tels que l'Agence du service géologique de l’Algérie (ASGA) ou le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG) devraient se montrer plus actifs à la fois dans la récupération de ce patrimoine géologique découvert en Algérie, mais aussi dans des programmes de recherches scientifiques. N'oublions pas non plus qu'il existe au moins deux établissements universitaires en Algérie qui pourraient aussi contribuer à la recherche scientifique sur ces roches extra-terrestres: L'Université des sciences de Bab Ezzouar (USTHB) et l'Université d'Oran.