L’avocat chinois Li Zhuang raconte comment l’un de ses clients, Monsieur Gong Gangmo, est passé aux aveux sous la torture, alors que la ville de Chongqing menait campagne contre la mafia, sous la direction du dirigeant déchu Bo Xilai.
Ce sont des révélations qui risquent d'entacher la réputation de la Chine. Loin de l'image lisse d'une démocratie ou plutôt d'une dictature qui se cache derrière les oripeaux du développement économique, les agents de la ville de Chongqing ont recours à la torture et à des procédés qui rappellent ceux utilisés au Moyen-Age dans la Chine impériale, en toute impunité!
Certes le témoignage qui suit remonte à quelques années mais il serait vain d'imaginer que la Chine ait changé depuis. Il y a seulement un siècle on pratiquait en Chine la torture dite des Cents Morceaux: réservée aux criminels les plus détestés de l'empereur, comme les rebelles contre l'empereur, la méthode consistait à découper le condamné morceau par morceau après l'avoir mis à nu dehors, devant une foule de gens curieux. Le bourreau devait donc retirer plusieurs parties du corps du condamné, puis une fois sa tâche terminée, il coupait la tête du condamné. Cette méthode était en vigueur jusqu'en avril 1905. Les Chinois ont voulu remettre au goût du jour un savoir-faire de mauvais goût!? Je crois que c'est là le moins qu'on puisse dire.
Li Zhuang commence par sortir la déposition des aveux faits par Gong Gangmo lors de son interrogatoire. En la brandissant, il demande sans ménagement à celui-ci :
- Tout ça, c’est ce que vous avez dit ? Gong Gangmo se met alors à pleurer:
- Tout ce qui est écrit là, ce n’est pas ce que j’ai dit, c’est après qu’ils m’ont frappé…
- Puisque vous avez reconnu être le chef de ce gang qui fait du traffic de drogue et avoir ordonné des crimes, vous encourez forcément la peine de mort, lui rappelle Li Zhuang.
- J’ai été frappé, pendu en l’air, durant deux ou trois mois. Ces trucs-là, ce sont eux qui les ont écrits à l’avance, et quand je n’ai pas voulu signer, ils m’ont battu. Je n’en pouvais plus! lâche Gong Gangmo en sanglotant.
C’est bien ce dont se doutait Li Zhang: les aveux ont été arrachés sous la torture.
– Comment avez-vous été battu?
– J’ai été emmené à la base d’entraînement de la milice populaire de Tieshanping où on m’a suspendu en l’air.
– Quand?
– J’ai été arrêté le 19 juin 2009. En août, j’ai été conduit à la maison d’arrêt de Jiangbei [district de la municipalité de Chongqing], mais je n’y suis même pas resté une nuit: on m’a emmené directement à Tieshanping. C’est là-bas qu’on a commencé à m’infliger des séances de pendaison. J’ai été frappé, pendu en l’air, durant deux ou trois mois. J’ai vécu huit ou neuf jours particulièrement pénibles, avant d’être ramené le 20 novembre à la maison d’arrêt de Jiangbei.
– Aujourd’hui, nous sommes le 24. Cela fait donc juste quelques jours que vous êtes rentré.