Les Huis, une disparition programmée

Entrée principale de la mosquée de Dadonghu
Entrée principale de la mosquée de Dadonghu

En Chine, le pouvoir oppresse une partie de son peuple, les Huis, uniquement parce qu’ils sont musulmans. Si ce pays détient le triste record mondial du taux de suicide au sein de sa population, c’est aussi le pays qui détruit le plus de mosquées de toute l’Asie.

Qui sont les Huis

Les Huis sont une minorité composée de personnes ayant des ancêtres perses, arabes et hans (ethnie majoritaire de Chine). Ils sont présents depuis le 13eme siècle et sont un mélange ethnique résultant d’échanges commerciaux entre plusieurs pays, via la fameuse route de la soie. Les Huis représentent seulement dix millions d’individus en Chine, soit près de 0,7% de la population totale chinoise.

La seule caractéristique qui les différencie des autres Chinois, aux yeux de l’État, c’est le fait qu’ils soient musulmans. Ils sont présents principalement dans le nord-ouest de la Chine, mais on peut les retrouver sur tout le territoire.

Le pouvoir central intensifie son oppression

En ce début 2019, le constat est sans appel: Le Parti communiste Chinois (PCC, le parti au pouvoir) déploie ses efforts pour attaquer et réprimer la "propagation du halal" dans les zones habitées par les Huis. Il s’agit d’actes qui intensifient sa campagne d’intolérance face aux pratiquants de l’Islam.
Alors que les détentions massives de musulmans continuent, que les "assimilations" dans la région du Xinjiang se renforcent,  le PCC réalise des campagnes de répression et d’élimination de la "généralisation du halal" dans les zones de chaque province où les communautés musulmanes sont présentes. Par "généralisation du halal", le PCC entend l’extension des règles d’alimentation propres aux musulmans dans les symboles de l’identité musulmane et les règles de l’islam dans des domaines de la vie autres que l’alimentation.

Pour autant, ces campagnes contre la "généralisation du halal" visent la nourriture halal également, bien évidemment. Selon les exigences des autorités centrales, provinciales et municipales, les symboles en langue arabe et les éléments religieux dans les lieux publics, ainsi que les pratiques de "généralisation du halal", doivent être résolument maîtrisés. Sauf que cette maîtrise consiste en fait en une destruction systématique.

Patrouille de police devant la mosquée Kashgar (province Xinjiang)
Patrouille de police devant la mosquée Kashgar (province Xinjiang)

En outre, un avis stipule qu’il est interdit d’utiliser les symboles arabes et les éléments religieux dans les installations et les lieux publics. Les symboles et les éléments religieux de langue arabe existants doivent être "rectifiés" c’est-à-dire démolis ou modifiés.

Là encore, cette lutte, en réalité, s’invite dans les espaces privés puisque depuis peu les caractères chinois signifiant "halal" et les symboles en langue arabe dans les restaurants halal, dans les cantines scolaires dédiées aux élèves musulmans, sur les aliments halal et dans les foyers musulmans sont également interdits. Ce constat a été confirmé par l’édition anglaise du Global Times du 8 janvier dernier, nous expliquant d’ailleurs que le gouvernement estime que cette action est à même de freiner la "panarabisation". Le panarabisme est une expression qui désigne un mouvement qui vise à réunifier tous les peuples arabes.

Comment réagissent les Huis ?

Un habitant huis s’est dit outré par ces mesures car la langue arabe a une signification symbolique pour les musulmans ; la langue coranique, rappelons-le, a une valeur sacrée. Ces mesures prises par les autorités visent clairement à ôter l’identité ethnique et religieuse du cœur du peuple hui, selon lui.

Les autorités d’une autre province, celle du Hebei, ont lancé l’année dernière une campagne à grande échelle pour supprimer les symboles arabes. En octobre 2018, un retrait massif de symboles arabes a eu lieu dans le comté autonome hui de Mengcun, sous la juridiction de la ville de Cangzhou, province du Hebei, au nord de la Chine. La plupart des symboles arabes inscrits sur les magasins situés le long des rues ont été retirés dans tous les restaurants, épiceries et autres magasins. Les mentions de nourriture halal sont masquées vulgairement avec de la peinture, du ruban adhésif. Parfois c’est l’enseigne d’un restaurant qui est saccagée, sans scrupules, surtout dans la ville de Baiyin, dans la province de Gansu. Tout comme dans la province du Hebei, la campagne pour supprimer les caractères chinois signifiant "halal" et les symboles arabes se poursuit également à Gansu, la province voisine du Xinjiang. Après la préfecture autonome de Linxia Hui, Pingliang est la ville préfectorale du Gansu qui compte la population musulmane la plus importante de la province. La culture musulmane de Pingliang a également été sévèrement réprimée. L’année dernière, les autorités locales ont ordonné la fermeture d’une école de langue arabe pour les élèves pauvres. La campagne visant à supprimer le mot "halal" et d’autres mots arabes est toujours en cours.

Au-delà de la répression violente et sans concertation d’une minorité et d’une suppression de la diversité culturelle installée dans ces régions depuis plusieurs siècles, la méthode pour sa mise en œuvre est toute aussi choquante. Au lieu de faire passer la pilule de cette répression par des lois, ce sont des agents zélés et violents qui viennent faire appliquer ces nouvelles règles eux-mêmes, à la hâte, en détruisant des panneaux d’information, en cachant des architectures typiques et en confisquant des symboles religieux, sans ménagement (voir les illustrations ci-dessus de mosquées qui ont été à moitié démolies).

Un employé d’un restaurant de la rue Zijincheng, dans le district de Kongtong de la ville de Pingliang, a témoigné que des agents du bureau de la gestion urbaine ont soudainement "fait une descente" dans le restaurant où il travaille. "Ce jour-là, dix membres du personnel vêtus d’uniformes du bureau de la gestion urbaine sont arrivés en voiture à notre restaurant. À l’aide d’une échelle, ils se sont empressés d’enlever le mot "halal" de l’enseigne". Puis ils ont criés au commerçant: "Vous ne pouvez pas accrocher un signe halal ici!".

Cette répression et sinisation des mœurs ne s’arrêtent pas là!

Les autorités du Xinjiang visitent les ménages musulmans et les obligent à se débarrasser de tous les objets ménagers portant des symboles de l’Islam, y compris de leurs tapis de prière!
Après le sort que les Chinois ont réservé aux Tibétains, ils semblent désormais déterminés à se débarrasser des Huis en les forçant à mettre de côté leur particularité. Il est décidément très difficile d’être musulman, même sur un territoire qui a pu tolérer l'Islam depuis des siècles.
Que les Huis se rassurent, en quittant les valeurs de l’islam, ils vont pouvoir découvrir la liberté, l’humanisme, la tolérance et la belle culture nouvelle de cette société chinoise moderne, inspirée de l’Occident donc forcément universelle, et voici un petit avant-goût :

Clip de musique récent appréciée dans la Chine moderne

Auteur :
Mis en ligne : Dimanche 28 Avril 2019
 
Dans la même thématique