Les tabous familiaux
Il existe des coutumes familiales qui sont universelles et qui peuvent faire beaucoup de mal. Il en est ainsi des secrets de famille.
Que vous soyez issu d'une famille arabe, européenne, africaine ou asiatique, qu'elle soit chrétienne, juive ou musulmane, votre famille a sans doute ses secrets.
Mais quand ces derniers sont considérés comme inavouables, ils peuvent empoisonner votre esprit sans même que vous vous en rendiez compte. Le type même de secret de famille est l'origine de celle-ci, les circonstances d'une naissance ou d'un décès, un viol ou encore l'emprisonnement d'un membre de la famille...
Si la famille se tait, c'est bien souvent pour préserver les plus jeunes d'un fait qu'elle juge trop douloureux ou trop honteux. Mais ceux qui se taisent font souvent plus de mal que de bien. En effet, on sait maintenant que lorsqu'un événement familial tabou nous est dissimulé, nous portons inconsciemment le lourd fardeau de culpabilité, de honte ou de souffrance de ceux qui le connaissent.
C'est pourquoi les psychanalystes nous encouragent à percer à jour ces secrets. Mais pas de n'importe quelle façon. Ainsi, Philippe Grimbert, auteur de Un secret (éditions Grasset), donne quelques conseils pour y parvenir. Par exemple, il conseille de ne pas tenter d'arracher des aveux, comme on peut le voir dans des séries policières, à la personne qui sait ou aux personnes qui savent. Il déconseille également de réunir la famille pour juger ou accuser la personne qui se tait, comme dans un tribunal.
Le mieux est de poser des questions à la personne qui sait, avec tact et douceur, lors d'un moment de calme, si possible en tête à tête. Le but est de mettre cette personne en confiance et de ne surtout pas la culpabiliser. Il n'est pas rare que certaines personnes apprécient de se libérer d'un secret de famille trop pesant. C'est aussi un soulagement pour elles! Quand les aînés ont été eux-mêmes victimes d'un secret de famille, ils se tairont à leur tour. Il ne faut pas leur en vouloir d'avoir dissimulé un secret mais au contraire faire preuve de compassion envers eux, car ils en souffrent aussi.
Comment révéler un secret de famille? Selon Philippe Grimbert, il faut le faire avec l'envie sincère d'aider autrui. Il n'est d'ailleurs pas utile de livrer des détails morbides sur les circonstances d'un suicide, par exemple. En un mot, il faut se contenter de ne révéler que ce qui est utile et toujours sans agressivité.