Souad Hosni Al-Baba (née le 26 janvier 1943 - décédée le 21 juin 2001) était une actrice et chanteuse égyptienne d'origine syrienne. Elle est considérée comme une artiste aux multiples talents : c’était une chanteuse, une actrice et un metteur en scène. C’est l'une des actrices les plus célèbres d'Égypteet du monde arabe, mais aussi l’une des plus belles aux yeux des hommes arabes.
On l’a surnommée "La Cendrillon de l'écran arabe" (du nom d’un film dans lequel elle a joué) lors de la célébration du centenaire du cinéma égyptien en 1996, et elle est arrivée deuxième dans un sondage égyptien de la meilleure actrice du XXe siècle. Des critiques de cinéma ont en effet choisi huit films la mettant en vedette dans la liste des 100 meilleurs films égyptiens, ce qui en fait l’une des meilleures actrices, juste après Faten Hamama. Souad Hosni a par ailleurs remporté de nombreux prix cinématographiques et a été honorée par le président égyptien Anwar Sadat en 1979 lors des célébrations de la Journée de l'Art.
En 1987, elle a commencé à ressentir des douleurs à la colonne vertébrale, ce qui l'a obligée à s’éloigner des projecteurs. Elle est décédée le 21 juin 2001, après avoir chuté du balcon de sa maison, sans que l’on sache s’il s’agissait d’un suicide ou d’un meurtre. Les causes de sa mort sont un grand mystère qui n’a toujours pas été élucidé.
Son enfance
Souad est issue d’une famille d’artistes d’origine syrienne. Elle née dans le quartier Boulak, au Caire, d'un père appartenant à une famille damascène levantine, Muhammad Kamal Hosni Al-Baba, et d’une mère, Jawhara Hassan Safour, qui avait également des racines syriennes. Son père était un célèbre calligraphe arabe qui s'est installé au Caire en 1912 et qui a eu un poste à l'institut de calligraphie arabe royale. Son grand-père, Hosni Al-Baba, était un chanteur bien connu à Damas, et son oncle, Anwar Al-Baba était un célèbre acteur syrien. Souad était la dixième enfant d’une fratrie comptant pas moins de seize frères et sœurs (dont des demi-frères et sœurs) ! Parmi ses sœurs les plus célèbres figurent la chanteuse Najat Essaghira.
Sa mère s'est séparée de son père lorsque Souad avait cinq ans et a épousé son deuxième mari, Abdel Moneim Hafez, inspecteur de l'éducation au Caire, qui avait trois filles d’un précédent mariage. A partir de là, la jeune Souad ne fréquenta plus l’école mais recevra une instruction à la maison. Elle se serait également inscrite à des cours de chant et de théâtre.
Sa carrière dans le show-business
En 1956, le poète Abdul Rahman Al-Khamisi la trouve intéressante et pense qu’elle a du talent. Il l’inclut dans le groupe d’une pièce de théâtre, Hamlet de Shakespeare, dans laquelle elle interprète le rôle d’Ophélie. Vers 1958, le réalisateur Henri Barakat lui propose de participer à un casting du film Hassan et Naïma, et elle obtient le rôle principal de Naïma. Le film est sorti en 1959, et après cela, elle a continué à participer au tournage de nombreux films et à huit séries radiophoniques.
Si les films Hassan et Naïma (1959), Trop jeune pour aimer (1966), Le Coucher et le Lever du soleil (1970), La Seconde épouse (1967), Chafiqa et Mitwalli (1976), Karnak (1975) et La Princesse de mon amour (1975), sont considérés comme ses films les plus célèbres, c’est surtout avec son rôle de Zouzou, dans le film Méfie-toi de Zouzou (1972), qu’elle a remporté la plus grande adhésion du public.
Elle a commencé à jouer en 1959. Elle a participé en tout à 91 films. Pour quatre d'entre eux, le tournage a été réalisé hors d'Egypte. La plupart ont été tournés entre 1959 et 1970. La dernière fois qu’elle a participé à un projet artistique, c’était une œuvre radiophonique poétique intitulée Ajabi tirée des quatrains du poète Salah Jaheen (un ami de l’actrice égyptienne, par ailleurs), enregistrée pour la BBC Arabic Radio à Londres. Sans oublier sa remarquable récitation du poème Al-Munji de Salah Jaheen, également, pendant l'Intifada en soutien au peuple palestinien.
Ses maris
Souad Hosni a eu plusieurs maris mais n’a jamais eu d’enfants.
Souad Hosni et Abdel Halim Hafez
Souad s'est mariée cinq fois au cours de sa vie. Son premier mariage, de type coutumier et non officialisé, était en 1959 avecAbdel Halim Hafez. Seuls quelques-uns de leurs amis ont assisté à ce mariage, à l’instar du journaliste Moufid Fawzi, qui a filmé la petite cérémonie. Cette relation a duré près de six ans avant que les deux acteurs décident de se séparer en 1965.
Ce mariage est cependant resté méconnu de sa famille jusqu'après sa mort : Jangah Abdel Moneim, sa demi-sœur, a déclaré par la suite que sa famille avait finalement reconnu le mariage de Souad avec Abdel Halim Hafez, et l’a ajouté à sa liste de maris dans sa biographie, portant à cinq le nombre de ses mariages. Ironiquement, la date de son décès, le 21 juin 2001, coïncide avec le jour même de la naissance d'Abdel Halim Hafez, le 21 juin 1929.
Souad Hosni et Salah Karim
Un an après sa séparation d'avec Abdel Halim Hafez, l'actrice a épousé le photographe Salah Karim et a déménagé de son petit appartement à Zamalek pour s’installer avec lui à Dokki. Un mois après leur mariage, Salah Karim a commencé à vouloir contrôler Souad Hosni, selon ce qu’a révélé son ami Jamal Al-Laithi. Souad Hosni et Salah Karim sont restés mariés pendant environ deux ans et ont divorcé en 1968.
Souad Hosni et Ali Badrakhan
Ensuite, Souad a rencontré le réalisateur Ali Badrakhan, fils du réalisateur Ahmed Badrakhan, en 1970. Souad Hosni aurait a eu un coup de foudre pour le réalisateur : elle s’est aperçue qu'Ali Badrakhan était gentil et doux et entretenait de bonnes relations avec tous ceux qui travaillaient avec lui, ce qui fait qu’elle l’admirait beaucoup. Leur histoire d’amour s'est rapidement conclue par un mariage.
Elle a déclaré à son sujet dans son entretien avec le magazine Al-Mawaed : "Sans aucun doute, l’harmonie entre nous, tant du point de vue émotionnel qu’artistique, est ce qui a aidé l’amour et le mariage à tenir face aux épreuves".
Mais le couple a connu une crise. Par la suite, Badrakhan a révélé dans une interview télévisée qu’il ressentait de la froideur de la part de sa femme à son égard et qu’il était tombé amoureux d’une autre. Le réalisateur pensait que ce n’était peut-être qu’une folie d’un moment et qu’il retomberait amoureux de sa femme. Souad n’était cependant pas disposée à lui pardonner son incartade et était très en colère. Elle demanda le divorce après 11 ans de mariage, et la séparation eut lieu en 1981.
Souad Hosni et Zaki Fateen Abdel Wahab
Puis, la même année, elle épousa Zaki Fateen Abdel Wahab, le fils de Laila Murad (une chanteuse et actrice égyptienne), étudiant en dernière année au département de réalisation de l'Institut du cinéma, mais ils se séparèrent après seulement quelques mois de mariage car Souad Hosni ne s’entendait pas avec sa belle-mère et que celle-ci avait poussé son fils à rompre.
Souad Hosni et Maher Awad
Son dernier mariage remonte à 1987 avec le scénariste Maher Awad, avec lequel elle est restée mariée jusqu’à sa mort.
Il faut savoir que l’actrice n'a jamais porté de robe de mariée à ses propres mariages. Ironiquement, elle en a porté à l'écran. Elle n'a donné naissance à aucun enfant, malgré ses multiples grossesses issues de son mariage avec Ali Badrakhan, qui se sont soldées par des fausses couches, à cause du stress et de la grande fatigue dont elle souffrait.
Ses graves problèmes de santé
Lors du tournage d’une série, Souad a commencé à ressentir une douleur intense dans le dos. Elle apprendra par la suite qu’elle souffrait d'érosion des vertèbres (sacrales et lombaires). Cette douleur s'est intensifiée pendant le tournage d’un film en 1987.
En fait, après avoir souffert de pression artérielle et d'une crise cardiaque, elle a ressenti une douleur insupportable aux pieds et à la colonne vertébrale. Alors qu’elle se rétablissait, on lui a proposé de participer à son dernier film Le berger et les femmes (1991), et malgré la douleur qu'elle éprouvait, elle a accepté de jouer dans le film, ce qui a considérablement augmenté son stress. Son état de santé s’était tellement détérioré qu’elle a été envoyée en France en 1992, afin de subir une intervention chirurgicale à la colonne vertébrale, au cours de laquelle le chirurgien a stabilisé les deux vertèbres à l'aide d'une plaque métallique.
Revenue au Caire pour reprendre le cours normal de son existence, ses douleurs se sont manifestées avec une plus grande intensité qu'auparavant et elle s’est mise à souffrir d'une paralysie faciale, résultant d'une infection virale du septième nerf, ce qui l’a contrainte à suivre un traitement à base de cortisone qui lui a fait prendre beaucoup de poids.
Bien que sa prise de poids importante ait aggravé son mal-être, c'est lors du décès de sa mère bien-aimée, que l'actrice a sombré. L’actrice a arrêté son traitement brusquement et a donc subi une rechute (récidive de la maladie), l'obligeant à se rendre à Londres pour se faire soigner, à ses frais (ce détail a de l'importance).
Sa maladie mentale
Souad a suivi un traitement contre la schizophrénie pendant une courte période. Peu de temps après la mort de son ami poète Salah Jaheen, elle a suivi une psychothérapie à Londres auprès d’un psychiatre égyptien, le Dr Essam Abdel SamadAl-Tayeb, pendant plusieurs années.
Sa mort
Elle est décédée après être tombée du balcon d'un appartement situé au sixième étage de l’immeuble Stuart Tower à Londres le 21 juin 2001. Sa mort a suscité une polémique du fait qu’on n'en connaisse pas les circonstances : suicide ou meurtre ? Comme l'a expliqué la police britannique, de nombreuses personnes, en particulier sa famille, pensent qu'elle a été assassinée. Une enquête ouverte à la demande de sa sœur a conduit à l’arrestation de Safwat Al-Sharif, l'ancien président du Conseil de la Choura, mais elle n’a pas eu de suite.
Certains affirment que Souad s'est suicidée à cause de sa fragilité psychologique. C'est l'opinion d’Essam Abdel Samad Al-Tayeb, le médecin-psychiatre égyptien. Celui-ci a expliqué qu'elle était soignée pour perdre du poids dans un hôpital de rééducation, qu'elle était sortie de l'hôpital quelques jours avant l'accident et qu'elle souffrait de dépression sévère.
La vérité sur son meurtre
En plus des accusations de sa famille selon lesquelles un agent des services secrets égyptiens était derrière le meurtre de Souad Hosni, Etemad Khorshid, producteur, avait également précédemment accusé Safwat Al-Sharif.
Etemad Khorshid a écrit :
"Après avoir pris la décision d'écrire ses mémoires et de les vendre, à cause de son besoin urgent d'argent pour payer son traitement, elle a révélé qu’elle avait été harcelée par un membre de la Choura (Le Conseil consultatif en Egypte) qui n’était autre qu’un agent secret égyptien, Safwat Al-Sharif. Ce n’est pas un pur hasard si elle est morte après sa rencontre avec AbdulLatif Al-Manawi, qui devait rédiger ses mémoires. Souad a été tuée le jour même où elle se préparait à aller à l'aéroport pour retourner au Caire, avec les cassettes sur lesquelles elle avait enregistré ses mémoires. Lorsque Manawi s’est rendu à son appartement pour l'emmener à l'aéroport, il a trouvé la police devant l'immeuble, il s'est éloigné un peu et s'est tenu de l'autre côté pour s'enquérir de son état. Les voisins lui ont dit qu'ils avaient entendu un appel à l'aide provenant d'un des appartements, mais qu’il avait pris fin avant l'arrivée de la police.
Il ajoute : A ce moment, Souad est tombée de son balcon, sous les yeux de ses voisins, qui ont tout vu mais ont eu peur de parler, et qui ont assuré que Souad n'avait pas versé une seule goutte de sang après sa chute, ce qui signifie qu'elle avait été tuée avant d'être jetée. De plus, ce bâtiment a été acheté par les renseignements généraux égyptiens, ce qui ne serait être une coïncidence.".
On peut aussi se demander ce que faisait son mari Maher Awad, pendant que Souad Hosni se faisait éventuellement tuer ?
Réactions à sa mort
La célèbre actrice Mona Zaki, qui a joué le rôle de Souad Hosni dans la série Cendrillon, a déclaré : "Après avoir lu sa biographie, j'ai eu la certitude qu'elle ne s'était pas suicidée, mais qu'elle aimait beaucoup la vie et était très optimiste.".
Tandis que l’artiste Ahmed Zaki a déclaré : "Je n’ai pas supporté la nouvelle de la mort de Souad Hosni. C’est un éclair qui a frappé mon âme.".