Zénobie est le nom latin de celle qui s'appelait Bath Zabbai en araméen. C'était une reine syrienne qui régna de 266 à 272 de notre ère et qui fit de son royaume, Palmyre, un centre de rayonnement culturel. Zénobie est tellement admirée au Moyen-Orient et au Maghreb, qu'aujourd'hui encore, on donne son prénom aux filles: Zineb, forme arabe de Zénobie. Nous allons vous raconter son histoire.
La naissance de Zénobie à Palmyre
Commençons par présenter Palmyre: cette ancienne ville autrefois verdoyante de Syrie se situait entre les fleuves du Tigre et de l'Euphrate, au Nord de Damas. Durant l'Antiquité, on l'appelait Tadmar ("ville des Palmiers"). Le Royaume de Palmyre a été fondé à la fin du troisième millénaire avant notre ère par des tribus araméennes. Palmyre fut dès ses débuts une citée araméenne prospère et devint, plus tard, une province romaine.
Zénobie est probablement née au milieu des années 200, d'un père syrien et citoyen romain et d'une mère égyptienne. Son père, Aurelius Zenobius (Zabaii ben Selim en arabe), était un chef de tribu issu d'une famille royale originaire de Homs (Emese), une ville ancienne sur la rivière Zab (l'Oronte). Zénobie reçut une solide éducation et apprit les langues les plus importantes de son époque: l'Araméen, le Grec, l'Egyptien et le Latin.
Son règne et ses victoires
En 258, le roi de Palmyre Adenan épouse Zénobie, qui devient alors princesse et assiste son époux dans la gouvernance du royaume, sans toutefois prendre directement part aux combats. Adenan (ou Adenath) est un roi charismatique et un vaillant guerrier. Il remporte plusieurs victoires militaires contre les Perses. Comme le royaume de Palmyre est sous tutelle romaine, ces victoires lui valent la reconnaissance de l'empereur romain de l'époque, Gallien, qui lui confie le commandement de l’Armée romaine d’Orient en 261.
Vers 266, Zénobie donne naissance à un fils qui reçoit, comme le veut la tradition bédouine, le prénom de son grand-père paternel Wahballath ("don de la déesse"). Au même moment, le roi Adenan projette peut-être de prendre ses distances vis-à-vis du Pouvoir romain. A cette époque en effet, les combats avec l'ennemi perse cessent. Une réconciliation entre les rois de Palmyre et de Perse a-t-elle eu lieu? Nul ne le sait! Mais si le général romain Aurélien eut vent de cette (possible) réconciliation, cela ne fut sûrement pas à son goût. N'oublions pas qu'Adenan est commandant en titre de l'Armée romaine d'Orient et que la Perse est une ennemie acharnée de Rome.
Une réconciliation entre Palmyre et la Perse serait considérée comme une trahison du roi de Palmyre envers Rome. Justement, ne voilà-t-il pas qu'Adenan est assassiné dans des circonstances mystérieuses! Très peu de temps après, c'est au tour de l'empereur Gallien d'être tué par... son général Aurélien, qui le trouvait trop bon, trop faible. Gallien le poète était surtout devenu gênant aux yeux d'Aurélien, qui briguait la haute fonction d'empereur.
Mais revenons à Palmyre. Comme l'héritier en titre Wahballath n'est encore qu'un bébé à la mort de son père, c'est à sa mère Zénobie que revient la mission de diriger le royaume de Palmyre. A partir de là, une formidable épopée commence! On dit de Zénobie que c'était une souveraine habile, avec une forte personnalité. Mais on omets parfois de dire qu'elle était belle selon les critères de son époque. De mémoire populaire, la reine avait des dents blanches et étincelantes comme des perles et des yeux noirs et brillants comme des miroirs. De plus, la reine Zénobie était cultivée et appréciait beaucoup les auteurs et philosophes grecs de l'Antiquité. Elle aurait mis un point d'honneur à les faire connaître aux savants de son royaume.
Pour honorer la mémoire de son époux, Zénobie s'efforça d'agrandir le royaume de Palmyre, comme il le souhaitait de son vivant. La reine Zénobie connaissait bien la langue et la culture égyptiennes antiques, c'est peut-être pour cette raison qu'elle choisira en premier de rallier l'Egypte à son royaume. Elle est proclamée reine d'Egypte vers 269-270 par le peuple, mais ce n'est qu'un titre honorifique: l'Egypte reste une province romaine. Contrairement à ce que prétendaient les chroniqueurs romains, rien ne prouve que la reine Zénobie ait conquis l'Egypte par la violence. Au contraire, la reine a su gagner la confiance de ses sujets, qui étaient las de la domination romaine et des pillages de leurs ressources agricoles, avec tact et respect. On dit qu'elle était une cavalière remarquable, certes, mais c'était aussi une femme diplomate et qui, de surcroît, avait la plus grande estime pour l'Egypte, d'où sa propre mère était originaire.