Inanna-Ishtar ou Astarté, la déesse sumérienne

Siège votif dit Trône d'Astarté
Siège votif dit Trône d'Astarté

Déesse des Cananéens, considérée comme la femme de Baal, Astarté est le nom grec pour Ashtoreth. Elle a gardé l’héritage de l’Ishtar babylonienne qui elle-même avait pris la succession de l’Inanna sumérienne. Pour certaines cultures, il s'agit d'un démon - par ailleurs affreux. L'invoquer selon les croyances chrétiennes serait très dangereux pour les humains, car cette diablesse est maléfique!

Mais revenons-en à la "déesse des Cananéens": Elle est souvent représentée sous les traits d’une femme nue aux organes sexuels hypertrophiés. La prostitution sacrée faisait partie de son culte.

Ishtar, dont le nom se rapproche du syrien Ashtoreth, est l’avatar d’Inanna. Ishtar est la déesse suprême des Assyro-babyloniens et Vénus est sa planète. Dans les tablettes d’argile babyloniennes, elle est souvent surnommée la Grande Déesse; dans l’épopée de Gilgamesh, elle porte aussi les noms d’Isharra et d’Irni.

Ishtar a d’abord été une déesse adorée par les agriculteurs qui lui vouait un culte dans l’espoir qu’elle protège leurs récoltes. Mais au fil du temps, son culte s’étendit de façon exceptionnelle au point de devenir une Déesse-Mère assimilée à toutes les divinités féminines de la Mésopotamie.

La déesse de l’Amour

La déesse Ishtar, réputée pour sa grande beauté et son charme irrésistible, gouverne l’amour, la fertilité et la fécondité. Mais elle est aussi la déesse protectrice des guerriers. Ainsi, à  Irbil en Assyrie, elle est représentée comme une femme hérissée de glaives jaillissant de ses épaules.

La déesse joue en effet plusieurs rôles et a  plusieurs facettes  selon le sanctuaire où elle est vénérée. Elle est tantôt fille d’Anu (dit "le Sublime", Roi des Anounaki qui décrètent les destins des hommes), tantôt fille et épouse d’Assour. Elle est également la sœur de Shamash, le dieu du soleil, et d’Ereshkigal, déesse des Enfers.

L’épisode de la descente aux Enfers

Le célèbre épisode de la descente aux Enfers la représente en tant qu’avatar d’Inanna dans le sanctuaire d’Uruq ou Ourouk, ville importante de l'ancienne Mésopotamie (aujourd'hui Warka, au sud de l'Irak).

Inanna souhaite accroître sa puissance divine. Cette occasion se présente à elle un soir où son père (ici Ea) enivré par le vin et ensommeillé par un festin, lui fait don des "Destins".

Les Sumériens et une représentation de la déesse Ishtar
Les Sumériens et une représentation de la déesse Ishtar

Inanna, qui souhaite conquérir le royaume souterrain sur lequel règne sa sœur, doit pour y parvenir franchir sept paliers et sept portes. Mais à chaque fois qu’elle franchit une porte du royaume souterrain, la déesse doit ôter l’un de ses ornements. Lorsqu’elle atteint le dernier palier, elle est entièrement dénudée et vulnérable. Sa sœur Ereshkigal qui connaît ses intentions en profite pour l’empaler. Sur terre, en l’absence de la déesse de l’amour, règnent tristesse et désolation. Le dieu Ea use alors de magie pour faire revenir sa fille sur terre, mais pour que son rituel de magie réussisse, il doit faire l’offrande d’une vie pour remplacer celle d'Inanna au royaume souterrain, car ce dernier est "le pays  sans retour".

Inanna voit que son époux, Doumouzi, vit dans l’opulence et la volupté sans s’inquiéter du malheureux sort de son épouse. C’est ainsi qu’elle décide de désigner ce berger aux démons qui l’emmèneront aux Enfers. Cependant, Ereshkigal, soucieuse d’atténuer la peine de Doumouzi, lui permettra de vivre la moitié de l’année sur terre et l’autre dans le royaume souterrain.
Cet épisode mythologique symbolise sans doute le cycle des principales saisons : l’été qui est lumineux car il se rapporte à la vie terrestre et l’hiver qui est sombre car il se rapporte au mystérieux royaume souterrain.

Statue de déesse nue debout 3ème siècle avant JC - ancienne Iraq
Statue de déesse nue debout 3ème siècle avant JC - ancienne Iraq

La déesse de la planète Vénus

On décrit la déesse Ishtar comme la maitresse de la planète Vénus. Mais là encore, Ishtar a deux facettes : En tant que Vénus du Matin la déesse est figurée avec un arc, portée sur un char tiré par sept lions, alors que la Vénus du Soir incite à l’amour et à la quiétude…

Ses figurations la représentent comme une femme nue, tenant parfois des épis (en référence à l’agriculture), ou ailée (en référence à la puissance céleste). Il arrive qu’elle soit représentée entourée de rayons solaires, parfois en compagnie d’un félin. Son symbole est une étoile à six branches.

Inanna la déesse sumérienne

Inanna, déesse de l’amour et de la fécondité est la protectrice de la cité d’Uruq. Elle est tantôt la fille du dieu du ciel Anu, tantôt du dieu de la lune, Nanna. Au fil du temps, elle sera assimilée à Ishtar la babylonienne.

Dans l’épopée de Gilgamesh, la belle déesse propose à Gilgamesh de s’unir à lui lors d’une cérémonie rituelle sumérienne. Mais le roi d’Uruk, bien que fidèle adorateur d’Inanna-Ishtar, refuse en lui disant "Lequel de tes amants as-tu aimé pour toujours? Tu les as séduits puis battus et ensorcelés! Si je me donne à toi, je subirai le même sort!".

Symboliquement, le roi Gilgamesh se rebelle pour la première fois contre les dieux. Blessée dans son amour-propre, Inanna-Ishtar déchaîne le taureau céleste contre le roi d’Uruk et son ami Enkidou. Les deux héros viendront à bout du monstre, mais Enkidou finira par périr.

Le temple le plus imposant dressé en l’honneur d’Inanna-Ishtar l’aurait été par Gilgamesh si l'on en croit la légende. Quant à la fameuse Porte d'Ishtar, il s'agit en fait d'un magnifique portique bleu lapis-lazuli. D'après la croyance des Sumériens, le culte de la déesse Inanna-Ishtar apporte l’abondance et la prospérité au peuple, c’est pourquoi le rite en son honneur était célébré chaque année avec faste, surtout à Uruk, la ville protégée d’Inanna.

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Mis en ligne : Vendredi 29 Avril 2011
 
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