Crise aux frontières Pologne-Biélorussie: dans les yeux des militants

Migrants irakiens kurdes en Biélorussie
Migrants irakiens kurdes en Biélorussie

Alors que les tensions s'exacerbent au sein de l'Union Européenne (UE) quant à la gestion des flux migratoires et des nombreuses populations qui cherchent à trouver une vie meilleure en Europe, le journal britannique "The Guardian" nous relate l'expérience d'un groupe de volontaires polonais, membres d'une ONG d'aide aux migrants.

L'ONG Grupa Granica aide les migrants

Récemment, les membres de l'ONG "Grupa Granica" ont été alertés du fait qu'un groupe de 15 personnes, toutes kurdes irakiennes, était bloqué dans un sous-bois de la localité de Narewka, en Pologne, après avoir réussi à traverser la frontière biélorusse. Un jeune militant se rend sur place. Il explique être immédiatement venu en aide à une femme qui pouvait à peine marcher. D'autres présentaient des signes précoces d'hypothermie.

Le jeune volontaire est l'un des quelque 40 membres de "Grupa Granica", une ONG constituée en un réseau de surveillance des frontières polonaises dans le but de pouvoir agir rapidement et venir en aide aux migrants. Si le jeune homme n'expliquera pas comment il a pu être au courant de la présence de ce petit groupe d'Irakiens, il affirme qu'il devait se rendre sur place le plus vite possible, avant que la police polonaise ne se rende également sur place. Le jeune militant affirme que si les forces de l'ordre arrivaient sur place avant lui, elles procéderaient irrémédiablement au refoulement des migrants vers la Biélorussie, en faisant courir un risque sanitaire grave pour ces personnes.

Le jeune militant, rejoint par d'autres membres de son équipe a pu retrouver le groupe d'émigrés irakiens dans les bois. La police des frontières polonaise se trouvait déjà sur place. Ils auraient réussi à traverser la frontière depuis la Biélorussie la veille. Alors que la nuit tombe, la température se met à chuter pour atteindre zéro degré Celsius. L'équipe de "Grupa Granica" distribue des couvertures et du thé chaud aux familles. Des avocats spécialistes en droit d'asile sont également venus prodiguer des conseils aux Irakiens puis ont ensuite expliqué à la police leur obligation d'autoriser les personnes à soumettre des demandes de protection internationale, rappelant que tout refoulement hors des frontières polonaises constituerait une violation de plusieurs lois internationales. Les gardes-frontières ont ensuite emmené le groupe vers un centre d'accueil frontalier.

L'aide aux migrants est une mission difficile selon les militants

Le "Centre d'aide pour les étrangers" est basé à Varsovie. Selon sa responsable, Anna Chmielewska: "Travailler ici dans la région frontalière est difficile à plusieurs niveaux. Tout d'abord, nous ne pouvons pas entrer dans la zone sécurisée [une zone militarisée créée par le gouvernement polonais], ce qui signifie que nous ne pouvons pas aider les gens là-bas. Seuls les locaux peuvent aider les gens dans la zone. L'hiver arrive et les gens ne sont pas prêts à rester dehors jour après jour dans le froid. Nous craignons que le mauvais temps ne fasse plus de morts.".

"La police des frontières peut être très agressive", a déclaré Mme Chmielewska. "Nous ne faisons rien d'illégal, mais ils nous font nous sentir coupables. Aider les gens devrait être tout à fait normal. Mais dans cette situation, cela devient une sorte d’activité secrète. Je sens juste qu'en ces temps, ici, dans ce morceau de frontière, ce qui est légal est si loin de ce qui est moral.".

Le gouvernement polonais réfute le discours des militants

Le gouvernement polonais a diffusé ces derniers mois plusieurs reportages à la télévision nationale pour montrer les camps d'accueil des réfugiés. Dans une volonté de montrer que le problème est traité avec sérieux et efficacité par les forces de l'ordre, le respect des personnes avait pour mission de montrer au public que le discours des militants "pro-migrants" était alarmiste et inexact. Même une chaîne américaine, Fox News, est venue observer le traitement réservé aux migrants par les autorités et en conclut que l'accueil était humain et respectueux des lois internationales. Et que c'est ainsi que le gouvernement Biden devrait accueillir les migrants qui franchissent par milliers ces derniers mois la frontière mexicaine.

Il est certain que les militants des ONG veulent bien faire et désirent apporter de l'aide bienveillante et du respect humain aux personnes bloquées aux frontières, mais il serait naïf de penser que les flux migratoires ne fassent pas l’objet d'une manipulation à grande échelle, poursuivant de nombreux objectifs distincts, dont un but électoraliste.

Quoiqu'il en soit, ce sont ces personnes qui quittent leur pays et tentent un voyage fou, au péril de leur vie, qui sont les victimes de ces flux migratoires organisés et facilités. Il n'est pas évident de quitter sa terre natale, encore moins quand des familles entières avec femme et enfants parcourent des distances longues et périlleuses. Pour la plupart d'entre eux, c'est avant tout une question de survie.

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Mis en ligne : Jeudi 11 Novembre 2021
 
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