Statut de la femme chinoise

Si l'on n'avait que peu de considération pour les femmes dans l'ancienne Chine, dans la Chine d'aujourd'hui, les femmes sont davantage favorisées.

Le statut de la femme en Chine avant 1949

Durant des siècles, la femme chinoise a connu toutes sortes de discriminations au niveau familial, sociopolitique et culturel, et même des mutilations physiques. Dans la Chine traditionnelle, on considérait que la femme était dénuée d'esprit et dotée d'un mauvais fond. De fait, elle n'avait pas le droit de participer à la vie politique, qu'il s'agisse de voter ou de prendre part aux affaires d'Etat, même lorsqu'elle était une souveraine: cela est très bien expliqué dans le beau roman de Pearl Buck, Impératrice de Chine.

La femme devait obéissance à son père, à son mari après le mariage, et à son fils en cas de décès de son mari. Elle n'avait pas son mot à dire quant au choix du mari, son mariage étant conclu d'après un cérémonial très précis, où son consentement n'était pas requis. Enfin, elle n'avait pas le droit de se remarier si son mari décédait. Financièrement dépendante, elle n'avait pas le droit de posséder ni d'hériter des biens familiaux et, excepté sa dot, n'avait généralement pas de revenus propres.

Elle était également privée du droit de s'instruire et était souvent victime de la polygamie et de la prostitution forcée, cette dernière étant permise par la loi avant 1950!

Par souci esthétique, la grande majorité des femmes chinoises (sauf celles appartenant à certaines ethnies, comme les Mandchoues) étaient forcées de se bander les pieds, pour les garder petits. Cette tradition mutilante et datant du 9e siècle, a valu aux Chinoises le surnom de "femmes aux pieds bandés". Il a fallu attendre 1949 pour qu'elle soit interdite par la loi.

Misère de la Chine rime avec misère des Chinoises

La misère de la femme chinoise a été accentuée par l'envahissement successif de la Chine par les puissances occidentales après la Guerre de l'Opium en 1840, puis par celui de l'armée japonaise. La première guerre sino-japonaise de 1937 fit plus de 30 millions de victimes, principalement des femmes et des enfants. Des dizaines de milliers de Chinoises ont été violées pendant l'occupation japonaise de la ville de Nanjing (Nankin). A mesure que la puissance chinoise déclinait, la misère des femmes augmentait.

La lutte des femmes contre la précarité

Les Chinoises se sont battues pour leur émancipation pendant au moins un siècle. En 1949, lors d'une conférence politique, la Chine a décidé officiellement d'adopter des mesures en faveur aux femmes, parmi lesquelles on peut citer :

- La réforme agraire. Avec elle, les femmes ont hérité des terres au même titre que leurs frères.

- L'interdiction de la prostitution. En 1949, la prostitution était un problème de santé publique, mais son interdiction visait concomitamment la protection des femmes. S'en est suivi la fermeture des maisons closes et l'encadrement des prostituées pour les encourager à retrouver une vie normale et à traiter leurs maladies sexuelles.

- La Loi sur le mariage: promulguée en 1950, elle interdit les mariages forcés et la polygamie.
- Le suffrage universel. En 1953, une loi est promulguée, autorisant les femmes à voter et à être élues.
- La lutte contre l'analphabétisme. En 1958, suivant un plan visant l'instruction des Chinois, 16 millions de femmes jusque-là analphabètes apprirent à lire et à écrire.

L'année 1979 est fondamentale dans la vie des femmes, puisqu'elle marque la mise en place de la Planification du contrôle des naissances. Dès lors, un couple ne peut avoir qu'un seul enfant. Les femmes contractent mariage à 22 ans et les hommes à 25 ans. Les femmes sont incitées à attendre l'âge de 24 ans pour concevoir leur enfant. Cette mesure, qui est compréhensible car elle permettait à la Chine, en contrôlant sa croissance démographique, d'éviter le manque de ressources et la pauvreté, a cependant eu des conséquences néfastes comme les avortements forcés.

En 2000, des études ont révélé que l'analphabétisme des femmes était en très net recul par rapport aux dix années précédentes et que les femmes avaient, dans leur couple, un pouvoir de décision égal à celui de leur partenaire. Aujourd'hui, les femmes chinoises représentent une part importante de la population active nationale. Leur contribution à la croissance économique du pays est d'ailleurs reconnue. Le bilan est donc globalement positif pour les Chinoises, mais des choses restent à faire pour améliorer leurs conditions de vie.

Les revers de la politique de l'enfant unique

En Chine, l'avortement est autorisé sans condition de délai - une femme peut avorter jusqu'au 9e mois de grossesse - et sans qu'aucune justification ne soit nécessaire. Seulement, il n'est pas toujours décidé par la femme, qui est parfois obligée de le faire - dans les campagnes chinoises surtout - lorsque le foetus est féminin. A noter que dès 1984, le gouvernement chinois a accordé des dérogations à des couples désirant un second enfant, quand le premier était une fille. Conséquences: les avortements de foetus féminins se sont multipliés, surtout quand il s'agissait de la deuxième grossesse.

Protéger les femmes contre les violences

Au Tibet, il existe un trafic de filles: enlevées par des réseaux de prostitution, elles peuvent aussi être mariées de force à des paysans chinois. Le gouvernement chinois, tout en condamnant cette pratique, ne parvient pas à l'éradiquer. Dans la loi sur le mariage, il est fait mention que la femme mariée ne doit faire l'objet d'aucun abus. Cependant, il n'existe pas de refuges pour les femmes battues par exemple. Les violences conjugales expliquent en partie l'augmentation des divorces depuis 2002 en Chine.

A noter enfin que, d'après les données de l'ONU, en 2000 en zone rurale, le suicide était la première cause de mortalité des Chinoises âgées entre 15 et 34 ans.

Auteur : L'équipe de Orientale.fr

Mis en ligne : Samedi 4 Août 2007

Dans la même thématique