L'exemple du Canada est édifiant en matière de légalisation
Le cannabis est, en France comme au Canada, un produit très consommé ! La consommation du cannabis, en France, est l’une des plus élevée au monde, surtout chez les jeunes. Si en France la législation interdit et sanctionne avec sévérité les usages de drogues, ce n’est pas le cas de tous les pays. Au Canada, par exemple, la situation est tout autre. Depuis 2018, les adultes sont autorisés à acheter et détenir jusqu’à 30 grammes de cannabis, vendu dans les boutiques de la Société québécoise du cannabis (SQDC).
Pour Emmanuel Macron, "la drogue a besoin d’un coup de frein, pas d’un coup de pub". Dans une interview accordée au journal Le Figaro le 18 avril 2021, le président de la République montre son opposition à la légalisation du cannabis.
Etant donné qu’au Canada, 44,5% des adultes âgés de 18 à 64 ans ont déjà consommé du cannabis, il peut être intéressant de constater les effets de cette légalisation.
La consommation canadienne du cannabis est très proche des niveaux de consommation français, où 44,8% des adultes âgés de 18 à 64 ans ont déjà consommé du cannabis au cours de leur vie, selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies, avec comme nous le disions précédemment, une forte prévalence chez les jeunes.
La légalisation du cannabis n’a pas été à l’origine de plus d’accidents
En 2012, le marché noir du cannabis canadien était évalué à 6,2 milliards de dollars canadiens, soit environ 3,98 milliards d’euros. Le cannabis était de plus en plus accessible financièrement, ce qui contribuait à augmenter l’offre et à stimuler la demande tout en alimentant les réseaux criminels. Les prix du cannabis vendu par la SQDC ne devaient donc pas être trop élevés pour ne pas rediriger vers les marchés illicites, sans être non plus trop faibles pour ne pas motiver les consommations.
L’organisme national Statistique Canada avait diffusé un sondage en janvier 2018 pour connaître le prix moyen d’un gramme de cannabis sur le marché noir, auquel 15 000 Canadiens avaient participé, d’après Radio Canada.
Contrairement à ce qu’annonçaient les détracteurs de la légalisation, on a pu constater que les consommations de cannabis n’ont pas explosé et le nombre d’accidents de la route liés aux usages d’herbe ou de résine n’a pas augmenté, comme démontré par Statistique Canada. Cependant, les consommateurs sont encore nombreux à passer par le marché noir, malgré les efforts mis en place pour dissuader les recours aux trafics illicites.
Pourquoi les usagers continuent-ils à acheter du cannabis au marché noir ? Parce que les dealers proposent plusieurs variétés de cannabis avec des tarifs dégressifs en fonction de la quantité achetée. Alors que la SQDC ne propose que des tarifs invariables, sans jamais faire d’offre spéciale.
Depuis plusieurs années, le marché illicite du cannabis à Montréal a mis en place une offre très professionnalisée.
Les prix sur le marché noir sont aussi moins élevés. Debby, 19 ans, étudiante en cinéma, explique que sur le marché licite, elle paye en moyenne 25 dollars canadiens pour trois grammes, alors que sur le marché illicite, ces trois grammes lui coûtent 10 dollars. Son dealer, qu’elle connaît depuis longtemps, pratique aussi des promotions, avec '5 grammes offerts pour 10 grammes achetés', ce que la SQDC ne propose pas. Pour cette jeune femme qui fume quotidiennement et ne dispose pas de beaucoup d’argent, les tarifs dégressifs et moins élevés proposés sur le marché noir constituent un argument de poids.
Également, plusieurs interrogés mettent en avant une qualité décevante à la SQDC, ainsi que des problèmes sur la présentation des produits, vendus dans des emballages opaques ne permettant pas aux consommateurs de voir ce qu’ils achètent, et les quantités. Sofian, 25 ans, consultant en développement économique, interrogé au cours d’un entretien, affirme ainsi qu’ 'une fois quand j’ai ouvert il n’y avait clairement pas les 3,5 grammes indiqués, il manquait 0,5 gramme. Vu les tarifs, je ne peux pas me permettre ça.'
Un marché noir plus... efficace?
Le marché illicite n’est pas seulement moins cher, il est aussi, semble-t-il, moins contraignant. Le marché noir propose des livraisons quasiment en continu quand la SQDC est ouverte du lundi au vendredi de 9 heures à 21 heures, et le week-end de 9 heures à 17 heures. Il est possible de se faire livrer du Cannabis par la SQDC, mais il faut attendre plusieurs jours pour recevoir son colis, contre une livraison dans la journée sur le marché noir.
Les déplacements jusqu’aux filiales de la SQDC sont parfois décrits comme contraignants par les usagers. Ils déplorent aussi le fait que la SQDC vérifie les cartes d’identité de ses clients à l’entrée des magasins, alors que les contrôles sont moins stricts pour les magasins de la Société d’Alcool du Québec (SAQ).
De plus la SQDC a parfois été en rupture de stock sur certaines variétés de cannabis très demandées. Plusieurs interrogés expliquent donc qu’il est plus simple et plus pratique pour eux de se faire livrer leur cannabis via le marché noir.
D’autres interrogés ne se font pas livrer leur cannabis, mais passent par des amis qui se chargent de commander l’herbe ou la résine sur le marché illicite. Faire des achats groupés entre amis permet plusieurs avantages : bénéficier de tarifs dégressifs, mais aussi passer un moment 'convivial', pour reprendre les propos de Fleur, 24 ans, serveuse.
Enfin, certains consommateurs refusent par principe d’acheter sur le marché licite, mettant en avant des arguments idéologiques liés à la vente étatique et aux sanctions pesant toujours sur les dealers. C’est le cas d’Amanda, 23 ans, animatrice en centre-périscolaire, qui explique par téléphone qu’elle refuse d’acheter "au gouvernement" : "Tant que les gens qui ont été emprisonnés pour possession de cannabis n’ont pas été libérés, tant qu’on n’efface pas leur dossier criminel, c’est de l’hypocrisie."
Beaucoup d’interrogés critiquent aussi l’aspect peu écologique des nombreux emballages en plastique non-réutilisables utilisés par la SQDC. Cette dernière justifie ces emballages par la nécessité de protéger les produits vendus de toute altération.
Les consommateurs connaissent les taux de THC contenus dans le cannabis quand ils achètent au SQDC
La plupart des interrogés déclarent se fournir à la fois sur le marché licite et illicite. Les usagers apprécient la possibilité, dans les magasins de la SQDC, de connaître les taux de THC des variétés de cannabis et de pouvoir être conseillés par les vendeurs. Certains consommateurs rencontrés mettent aussi en avant un autre argument idéologique, allant cette fois par principe en faveur du marché licite : June, 28 ans, chargée de projet numérique, consommatrice quotidienne de cannabis, explique ainsi qu’ "on a voulu la légalisation, maintenant il faut acheter sur le marché licite, il faut soutenir ça".
Les marchés du cannabis québécois, qu’ils soient légaux ou illégaux, semblent avoir de beaux jours devant eux : les magasins de la SQDC sont ainsi restés ouverts durant les confinements au Québec, tandis que de nombreux commerces jugés moins essentiels fermaient leurs portes, et l’usage récréatif du cannabis au Canada a considérablement augmenté depuis le début de la crise sanitaire.
En France aussi, les fumeurs ont globalement consommé davantage depuis le début de la crise sanitaire, et on a vu apparaître sur le territoire depuis la fin de l’année 2020 de nombreuses alertes sur des cannabinoïdes de synthèse dangereux présents dans les lots d’herbe et de résine échangés sur le marché noir.
Malgré ces constats, les fumeurs français sont contraints de continuer à se fournir sur le marché illicite, la position du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’allant pas dans le sens d’un assouplissement de la législation.
Risques pour la santé physique, répercussion des cannabinoïdes sur les émotions
Alors certes, le cannabis n’entraînera pas automatiquement des problèmes de vigilance, mais cette drogue a forcément des répercussions négatives sur la santé. L'inhalation de la fumée de cannabis peut aggraver certaines maladies respiratoires déjà existantes et même en favoriser l'apparition. La fumée produite par la combustion du cannabis contient, comme celle du tabac, plusieurs produits néfastes pour la santé, dont certains cancérigènes. On connaît mal les effets des cannabinoïdes sur les émotions, mais la consommation de cannabis augmente le risque de développer des maladies mentales, notamment la psychose ou la schizophrénie.
Chicha va de pair avec les cannabinoïdes ?
Le narguilé est surtout fumé par une population jeune. Une enquête conduite à Paris en 2007 montre que 50 % des jeunes de 16 ans ont déjà au moins une fois fumé la chicha.
La chicha (appelée aussi narguilé) est une pipe à eau permettant de fumer du tabac. En général, il s’agit de tabac blond ! Traditionnellement, on ne fume pas de cannabis avec la chicha, au Maghreb, du moins.
Le tabac est placé dans une douille avec un vase rempli d’eau. Il est chauffé et partiellement brûlé par adjonction dans la douille d’un charbon incandescent, séparés du tabac avec un papier d’aluminium percé. Un ou plusieurs tuyaux sont reliés au sommet du vase pour permettre aux utilisateurs d’inhaler, aspirant la fumée dans la cheminée à travers l’eau.
De nos jours, il se fait des produits sans tabac et sans nicotine (à base de fruits).