Si en temps normal nous parlons plus souvent d’islam, aujourd’hui nous allons aborder la question des relations entre juifs et non juifs. Ces unions mixtes ne datent pas d’hier. Lorsque des juifs se marient avec des chrétiens, ils se sentent souvent obligés de se convertir au christianisme.
Lorsque le mari est de confession juive et la mariée de confession chrétienne, il est assez fréquent que l’épouse se convertisse au judaïsme. Lorsque cela arrive, la femme doit faire un effort considérable en renonçant à la religion et la culture qui définissaient son identité jusqu’ici ; cela peut bien se passer mais on peut aisément comprendre que cela puisse également déboucher sur des conflits ultérieurs.
Par contre, il arrive que les deux époux conservent leurs différentes religions et culture. Dans ce cas de figure, il apparaît que les deux époux finiront par s’éloigner chacun de leur culture et de leur religion, affaiblissant ainsi leur lien avec leur identité d’origine.
Tout ça parce qu’un moment donné, la personne juive s’est dit qu’en épousant une chrétienne, elle aura l’air plus intelligente (si l’homme juif se marie avec une blanche chrétienne) car à une époque les chrétiens avaient un niveau d’études supérieurs selon une étude réalisée par Doris Bensimon et Françoise Lautman. L’idée est encore ancrée dans les esprits, même si cela peut sembler idiot.
Si par contre la femme que l’on épouse en tant que juif n’est pas blanche, on (ou plutôt l’époux juif) va expliquer que c’est lui le gentil parce qu’il a épousé une étrangère. Attitude qui cherche à se racheter une conscience. Mais l’amour est-il sincère et durable … !? Nous, on en doute, forcément, car se racheter une conscience ou chercher à avoir une bonne image n’est pas compatible avec l’amour vrai : il n’empêche que c’est possible.
Voici une vidéo pour illustrer une cérémonie réussie d’un mariage juif.
Un rabbin a répondu à la radio de la communauté juive que le mariage mixte est permis.
'Les auditeurs de la radio sont émus de la réponse de leur rabbin car, dans la tradition juive, pour atteindre la pleine communion dans un couple, il faut que les deux soient juifs. Alors, comment un rabbin peut-il être pour un couple mixte ? Et le rabbin de préciser sa pensée :'Je suis pour les couples mixtes, un homme et une femme s’entend.'. Mais, selon père Robert Pousseur, il n’en demeure pas moins que lorsqu’on projette de se marier avec un conjoint d’une autre religion que la sienne ou que l’on accompagne deux personnes de religions différentes vers le mariage, il faut bien connaître la foi, les traditions, la mémoire et le langage de l’un et de l’autre. Isabelle Lévy, spécialiste des pratiques religieuses, met bien en évidence que le oui pour la vie engage dans la vie de tous les jours, que l’on soit parents, que l’on projette de décorer sa maison en cherchant à respecter les coutumes différentes, que l’on pense à remplir son frigo (avec des produits qui doivent être kasher, forcément), que l’on élabore un menu qui respecte ceux qui viennent partager un repas…
Son livre précieux est plein de conseils qui couvrent toute la vie, de l’attente d’un enfant au fait de savoir adopter la conduite adéquate à une cérémonie d’enterrement. Ce livre est indispensable pour ceux et celles qui se posent mille questions à propos du mariage et de la vie quotidienne des 'couples mixtes'. Esprit & Vie, n° 199, septembre 2008.
Dans ce type de mariage, les relations entre les familles juives et chrétiennes sont parfois problématiques, que le mariage soit sincère ou pas.
Il apparaît que les adolescents issus de telles unions mixtes ne se sentent ni juifs, ni chrétiens, les enfants sont même indifférents à la culture de leurs parents. Dans certains couples, le conjoint chrétien n’ose pas avouer que ses enfants se considèrent comme juifs, l’inverse est aussi vrai pour les conjoints juifs. Cette attitude, comme d’ailleurs l’indifférence dans la mesure où elle n’est pas le résultat d’une éducation résolument antireligieuse, pourrait être interprétée comme un refus d’identité. Le fait d’appartenir au même groupe ethnico-religieux permet aux juifs d’avoir des repères.
On notera au passage que lors d’un mariage mixte, on peut voir que c’est souvent la mère qui est hostile au mariage de son fils juif avec une femme chrétienne. Quand on pense qu’aujourd’hui en France la moitié des mariages contractés par des personnes juives sont des mariages mixtes, la question 'qu’est-ce qu’être juif?' revêt toute son importance. Que transmet-on lorsque l’on se sent juif, que l’on n’est pas pratiquant, que l’on partage sa vie et que l’on élève des enfants avec un conjoint non juif ? Il n’est pas rare que des enfants issus de couples mixtes renient une partie de leurs origines : Prenons l’exemple du rappeur Booba, dont le vrai prénom est Elie, celui-ci a des origines juives par sa mère. Booba se met systématiquement en colère lorsqu’on s’intéresse à ses origines juives. Le rappeur se revendique uniquement musulman.
L’enquête sociologique menée par le groupe 'Diversité urbaine' montre que les deux conjoints juifs souhaitent transmettre un judaïsme qui ne soit pas uniquement religieux (voire non religieux), souvent qualifié de 'culturel'. Il s’agit de réinventer des espaces, symboliques ou réels, pour donner corps à l’héritage religieux ou culturel. Il est entendu que les mariages entre juifs ashkénazes et séfarades ne sont pas considérés comme mixtes. Et ce, même si la ou le Séfarade devra perdre l’habitude de prononcer la phrase rituelle ‘In chaallah’ pour la remplacer par ‘Bé'ézrat Hachem’ puisqu’on dit que si un des deux conjoints est Séfarade, il doit prendre les habitudes de celui qui est Ashkénaze. Ce qui implique aussi d’arrêter d’écouter de la musique arabe et préférer à la place la musique juive traditionnelle afin d’éviter tout problème à une bar-mitsva. C’est la vie : voir les conseils d’un rabbin ashkénaze sur le mariage entre Ashkénazes et Séfarades