La violence s'intensifie de la part des hindous en Inde envers les musulmans. La violence consiste en des agressions gratuites et fréquentes qui sont apparues aux yeux du monde dès 2014 et qui n'ont cessé dès lors. Et depuis 2014, c'est le même homme qui exerce la fonction de premier ministre: Narendra Modi.
L'appel public à tuer des musulmans
Les groupes religieux hindous et nationalistes ont franchi une nouvelle limite: l'appel public au meurtre. Les campagnes contre les musulmans en Inde s'intensifient depuis des années.
Des centaines d'activistes ainsi que des moines hindous nationalistes se sont fait la promesse de transformer l'Inde en une nation hindoue. Ils ne veulent plus de cette république constitutionnellement laïque. Ils sont prêts à tout, même à commettre des meurtres!
Ces menaces génocidaires ont été scandées lors d'une manifestation qui a eu lieu dans la ville de Haridwar, dans l'Etat de l'Uttarakhand. Dans cette même ville, ces activistes ont tenu une conférence dans une salle bondée durant trois jours durant lesquels le sujet principal était d'exterminer les musulmans du pays, la source de tous les maux... Le "New York Times" relatait récemment les propos du chef du "Mahasabha", un groupe qui embrasse le nationalisme hindou pur et dur. Ce dernier expliquait lors de cette conférence à propos des musulmans en Inde: "Si 100 d'entre nous sont prêts à en tuer deux millions, nous gagnerons et ferons de l'Inde un pays hindou. Soyez prêts à tuer et à aller en prison.".
Trois jours durant, les activistes, moines hindous et personnalités politiques sont venus marteler un discours haineux, sans complexe, un appel à la violence qui dépasse les bornes de ce qui est acceptable! C'est bien simple: un véritable génocide est souhaité par ces personnes.
Le Premier ministre indien complice?
De nombreux orateurs ayant participé à cette conférence de Haridwar sont des chefs religieux influents. Mais ce qui est édifiant, c'est leurs liens étroits avec des membres du parti au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi. C'est un fait connu en Inde.
De plus, il paraît évident que ces déclarations incendiaires ne surviennent pas à un moment quelconque. Ces propos violents sont exprimés, sans complexe, à un moment où certains États dirigés par le parti Bharatiya Janata (BJP) du Premier ministre Modi organisent des élections. Y compris l'Uttar Pradesh et l'Uttarakhand, où la conférence a eu lieu. D'ailleurs, M. Modi était occupé à faire campagne cette semaine dans l'Uttar Pradesh pour le candidat de son parti: M. Yogi Adityanath.
Les vidéos de l'événement sont devenues virales sur les réseaux sociaux en Inde cette semaine. Le Premier ministre indien Narendra Modi n'a pas pris la parole pour condamner ces propos ou toute violence faite à l'encontre des musulmans. Il a gardé le silence. Pas un mot sur les appels scandaleux à tuer des musulmans ou des musulmanes! Comment interpréter autrement l'inaction du premier ministre que comme une attitude de protection à l'égard de ceux qui appellent au meurtre des musulmans? Voire pire, il aurait aussi pu en être l'un des instigateurs.
Par ailleurs, la police en Inde affiche la même attitude. Pourtant cette même police emprisonne facilement les militants des droits humains et/ou des personnalités du spectacle qui affichent des positions politiques qui déplaisent au pouvoir en place. Bien souvent en Inde, on met derrière les barreaux des gêneurs sur des accusations non fondées. Ici, des activistes appellent au meurtre de musulmans, et la police ne fait rien.
Les appels aux meurtres, proférés lors de la manifestation de Haridwar, ont été largement rediffusées en vidéo sur Internet. Il aura fallu attendre 4 jours pour que la police de l'État d'Uttarakhand annonce avoir ouvert une enquête. Mais aucune arrestation n'a été effectuée.
Quant aux groupes politiques d'opposition, ils sont appelés à se taire, signe du degré du nationalisme hindou de droite. Nationalisme hindou qui est prédominant dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir de Modi en 2014. "Il ne reste que quelques dirigeants politiques qui mentionnent la nécessité de maintenir la laïcité en Inde", a déclaré Jill Verners, professeur de sciences politiques à l'Université Ashoka près de New Delhi. Le professeur explique également: "Le BJP pourrait être confronté à des défis politiques croissants. Mais il a gagné la guerre des cultures, avec des effets durables sur la démocratie en Inde et sur la plus grande minorité indienne".
Violences contre les musulmans
Le "New York Times" rappelle que les nationalistes hindous de droite appelaient à la violence en ligne depuis des années, mais qu'elle s'est récemment propagée dans les rues. Ainsi, comme lors de l'élection de Modi en 2014 et sa réélection en 2019, de multiples incidents de violences contre les musulmans ont été signalés pendant cette période électorale.