Crimes des USA: les stérilisations massives sans consentement

Puerto-Ricaines
Puerto-Ricaines

Si vous avez entendu, en particulier ces derniers mois, qu'une stratégie de réduction de la population était en cours, que cette stratégie pourrait prendre la forme d'une campagne médicale visant à rendre stérile les hommes et les femmes, vous vous êtes probablement dit: ce serait criminel, cynique et incroyable. D'autant qu'aucune preuve viendrait étayer cette théorie.

Pourtant, l'histoire récente, et souvent trop peu médiatisée, contient plusieurs épisodes de stérilisation à grande échelle initiée par des dirigeants de pays puissants, sans avertissement des populations, et même en les dupant! Entre 1930 et 1970, les États-Unis d'Amérique se sont ainsi rendus coupables de ce crime ignoble auprès des populations de Porto-Rico et des populations amérindiennes.

Des femmes noires, amérindiennes et portoricaines déclarent avoir été stérilisées sans leur consentement après avoir subi des procédures médicales de routine ou après avoir accouché. Après lecture de ces faits avérés, vous ne pourrez plus dire que ça n'a jamais existé. Ces faits atroces remettent en doute la foi que l'on peut placer en l'humanité.

Crimes contre le droit reproductif à Porto-Rico

L'île de Porto-Rico est un territoire américain, dirigé par les USA depuis 1898 mais sans réellement faire partie de la nation américaine. Entre les années 1930 et 1970, près d'un tiers (31%) des femmes ont été stérilisées de force, suite à une campagne médicale négociée entre le gouvernement américain, les législateurs portoricains et les autorités médicales américaines.

Porto Rico connaissait une situation économique difficile avec un taux de chômage élevé. Les représentants du gouvernement avait alors décrété que l'économie de l'île serait assainie si la population était réduite. Ainsi, de nombreuses femmes ont été ciblées pour subir une stérilisation forcée. La plupart appartenaient à la classe ouvrière, car les médecins ne pensaient pas que les femmes pauvres pouvaient réussir à utiliser efficacement la contraception. De plus, de nombreuses femmes ont reçu des stérilisations gratuitement ou pour très peu d'argent au moment de leur entrée sur le marché du travail. Au delà du crime commis, la stratégie s'est avérée ridicule puisque la pauvreté, le chômage et la situation économie globale n'ont pas cessé de s'aggraver.

De ce fait, pendant longtemps, Porto Rico connaissait le taux de stérilisation le plus élevé au monde. La procédure au sein de la population était si courante qu'elle était connue sous le nom de "La Operacion" parmi les insulaires. Des milliers d'hommes à Porto Rico ont également subi des stérilisations. Environ un tiers des Portoricains stérilisés n’auraient pas compris la nature de la procédure, notamment que cela signifiait qu’ils ne pourraient plus avoir d’enfants à l’avenir.

La stérilisation n'est pas le seul moyen par lequel les droits reproductifs des femmes portoricaines sont violés. Des chercheurs pharmaceutiques américains ont également expérimenté sur des femmes portoricaines des essais de la pilule contraceptive dans les années 1950. De nombreuses femmes ont éprouvé des effets secondaires graves tels que des nausées et des vomissements. Trois sont même mortes de ces effets secondaires regrettables. Les participantes n'avaient pas été informées que la pilule contraceptive était expérimentale et qu'elles participaient à un essai clinique, mais seulement qu'elles prenaient des médicaments pour éviter une grossesse.

Les chercheurs de cette étude ont ensuite été accusés d'exploiter des femmes de couleur pour obtenir l'approbation de la FDA (Food and Drug Administration) pour leur médicament, mais, à notre connaissance, ils n'ont jamais payé pour leurs pratiques criminelles.

Stérilisation forcée des femmes amérindiennes

Jane Lawrence détaille les horribles expériences vécues par les femmes amérindiennes dans son article de l'été 2000 pour American Indian Quarterly - "The Indian Health Service and the Sterilization of Native American Women".

Lawrence rapporte notamment comment deux adolescentes ont subi une ligature des trompes sans leur consentement, alors qu'elles étaient prises en charge pour des appendicectomies dans un hôpital du Indian Health Service (IHS) du Montana.

Ou encore le cas d'une jeune femme amérindienne qui avait rendu visite à un médecin pour demander une "greffe de l'utérus". Elle ignorait apparemment qu'une telle procédure n'existe pas. Elle avait subi une hystérectomie dans le passé mais ignorait que cela signifiait qu'elle et son mari n'auraient jamais d'enfants biologiques.

Partant de ces exemples, J. Lawrence déclare que "ce qui est arrivé à ces trois femmes était un phénomène courant dans les années 1960 et 1970. Les Amérindiens ont accusé le Service de santé indien d'avoir stérilisé au moins 25% des femmes amérindiennes âgées de 15 à 44 ans dans les années 1970.".

Les femmes amérindiennes disent que les responsables de l'INS ne leur ont pas donné d'informations complètes sur les procédures de stérilisation, les ont forcées à signer des documents acceptant de telles procédures et leur ont donné des formulaires de consentement inappropriés, pour n'en nommer que quelques-uns.

Lawrence dit que les femmes amérindiennes étaient ciblées par la stérilisation parce qu'elles avaient des taux de natalité plus élevés que les femmes blanches et que les médecins de sexe masculin blancs utilisaient des femmes appartenant à des minorités pour acquérir une expertise dans l'exécution de procédures gynécologiques, entre autres raisons douteuses.

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Mis en ligne : Jeudi 17 Février 2022
 
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