Mardi soir, l’armée nigériane ainsi que sa police ont tiré à balles réelles sur des manifestants pacifiques, faisant au moins douze morts et des centaines de blessés à Lagos.
Le président nigérian, Muhammadu Buhari, un ancien militaire putschiste, s’est montré intransigeant, jeudi 22 octobre, face au soulèvement populaire depuis près de quinze jours.
Il a prévenu les manifestants qu’il "n’autoriserait personne ni aucun groupe à mettre en péril la paix et la sécurité nationale", dans un discours très attendu par les quelque 200 millions de Nigérians. "Résistez à la tentation d’être utilisés par des éléments subversifs pour causer le chaos et tuer notre jeune démocratie", a-t-il déclaré.
200 millions de Nigérians à contenir
Le président nigérian n’a lui-même fait aucun commentaire sur cette répression sanglante, il a même prétendu avoir 'montré des signes de faiblesse en acceptant les (…) demandes faites par les manifestants' de réformer la police.
Un entrepôt où étaient stockés des milliers de sacs de vivres destinés à être distribués aux ménages pauvres affectés par la pandémie de Covid-19 a aussi été pillé, selon le gouvernement de l’Etat de Lagos. Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on pouvait voir des centaines de personnes transportant des sacs blancs estampillés 'Covid'.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et première puissance économique du continent grâce à son pétrole, est aussi le pays qui compte le plus grand nombre de personnes vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté.
Le président Buhari, démocratiquement élu en 2015 et 2019, connu pour sa fermeté, avait tenu un conseil de défense. Son conseiller spécial pour la sécurité avait assuré qu’il allait proposer 'des solutions' pour mettre fin à la crise.
La Cour pénale internationale (CPI) a affirmé 'suivre de près les incidents en marge des manifestations au Nigeria', dans un communiqué jeudi. 'Nous avons reçu des informations concernant des crimes présumés et nous regardons de près la situation, dans le cas où la violence s’intensifierait', a déclaré Bensouda procureur général de la CPI.