Le commandant Che Guevara ou Le Che, de son vrai nom Ernesto Rafael Guevara de la Serna, avait effectué plusieurs visites officielles en Algérie. Sa première visite date du 4 juillet 1963 dans la ville d'Alger. Il était ministre de l’Industrie à Cuba lors de sa deuxième visite dans la capitale de l'Algérie: visite qu'il avait effectuée dans le but de participer au séminaire économique de solidarité afro-asiatique, entre le 22 et 27 février 1965.
L’île de Cuba a vu la naissance du Mouvement du 26-Juillet, dirigé par Fidel Castro, puis son triomphe face au dictateur Ruben Fulgencio Batista, en janvier 1959. Ce mouvement victorieux s'est fixé alors un objectif plus large: poursuivre sa lutte sur le front anti-impérialiste. Le Che se livre à de nouvelles batailles, celles de passer d’une économie capitaliste agraire à une économie socialiste industrielle à Cuba. Il est reconnu comme leader pour son engagement contre la politique étrangère des Etats-Unis dans le monde.
Perçu comme un pays important pour les mouvements de libération nationale, l’Algérie, et notamment sa capitale, Alger, est la seule d'un pays africain à avoir acquis l’indépendance grâce à une grande lutte armée et diplomatique, en dépit d’une colonisation de peuplement. Ce qui ne fut pas le cas en Tunisie et au Maroc. La guerre de libération de l'Algérie est une référence majeure en Afrique. Elle a forgé la conscience nationale en Algérie. Elle a même porté le combat pour l’indépendance en métropole française.
En France, la guerre de libération de l'Algérie constitua aussi un des facteurs de crise de la IVe République. L'administration coloniale fut contrainte de négocier la paix et l’autodétermination algérienne, jusqu’à la signature des Accords d’Evian, le 18 mars 1962.
Che Guevara souhaitait une solidarité internationale
Le 24 février 1965 à Alger, Che Guevara prononce un discours mémorable, durant lequel il insiste sur la nécessité du soutien des Etats socialistes au développement de tous les pays du Tiers-Monde, comme on les appelait autrefois. En conclusion de son discours devant les participants au séminaire, Le Che salue ce combat: "Peu de scènes sont aussi symboliques qu’Alger, l’une des capitales de la liberté les plus héroïques, pour une telle déclaration. Que l’admirable peuple algérien, trempé comme peu de peuples l’ont été dans les souffrances de l’indépendance, sous la direction de son parti, nous inspire dans cette lutte sans quartiers contre l’impérialisme yankee".
En porte-parole latino-américain, il a réitéré la nécessité de la lutte commune contre les impérialismes. Il apporte son soutien à la proposition algérienne d’institutionnaliser les rapports entre les pays socialistes et ceux en voie de développement. Cette alliance doit notamment, selon Le Che, "veiller au caractère révolutionnaire de l’union, en y interdisant l’accès aux gouvernements et aux mouvements qui ne s’identifient pas aux peuples et en créant des mécanismes qui permettent de se séparer de quiconque s’écarte de la route juste, qu’il soit gouvernement ou mouvement populaire". La nature internationale est ainsi affirmée: "Il n’est pas de frontières dans cette lutte à mort ".
Par ailleurs, Le Che dénonçait la coexistence pacifique, celle prônée par l’Union soviétique, mais sans la nommer. Et il proclame: "Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les pays exploiteurs de l’Ouest" .
Ernesto CHE GUEVARA - Le discours d’Alger
Publication ci-dessous d’extraits du discours prononcé par le Che au cours du Séminaire économique de solidarité afroasiatique, les 22 et 27 février 1965 à Alger.
"Chers frères, Cuba participe à cette Conférence, d’abord pour faire entendre à elle seule la voix des peuples d’Amérique, mais aussi en sa qualité de pays sous-développé qui, en même temps, construit le socialisme.
Ce n’est pas un hasard s’il est permis à notre représentation d’émettre son opinion parmi les peuples d’Asie et d’Afrique. Une aspiration commune nous unit dans notre marche vers l’avenir: la défaite de l’impérialisme. Un passé commun de lutte contre le même ennemi nous a unis tout au long du chemin. (...)".