Nasr Eddin Hodja, parfois orthographié Nasreddin ou Nasreddine (victoire de la religion) est un personnage mythique de la culture musulmane, philosophe d'origine turque, né en 1208 et mort à 76 ans, en 1284 en Turquie. Ouléma ingénu et faux-naïf prodiguant des enseignements tantôt absurdes tantôt ingénieux, sa renommée va des Balkans à la Mongolie et ses aventures sont célébrées dans des dizaines de langues, du serbo-croate au persan en passant par le turc, l'arabe, le grec, le russe et d'autres.
Les histoires de Nasr Eddin sont généralement construites de la même façon : d'abord on part d'une situation de la vie quotidienne, puis on assiste à un conflit entre deux personnes, et on finit sur une chute inattendue souvent drôle.
Voici quelques titres d'histoires :
Le piment sur les fesses
Où sont les poissons ?
Le mort et les voleurs
Le mensonge du gâteau
La chute dans l'escalier
Les dix ânes
Voici l'histoire des dix ânes :
Un jour, Nasreddine va en ville et achète dix ânes. Il enfourche l'un d'eux, et tire les autres derrière lui. En chemin, il se retourne pour vérifier que ses ânes sont tous là. Mais quand il les compte, il oublie celui sur lequel il est assis.
Il ne trouve donc que neuf ânes. Furieux, il descend de l'âne et, une fois à terre, regarde autour de lui pour chercher le voleur. Cependant, autour de lui, il n'y a personne. Il recompte alors ses ânes et pousse un cri de joie : il y en a à nouveau dix.
Nasreddine remonte sur l'âne et reprend son chemin. Un peu plus loin, il se retourne à nouveau et recompte : malheur ! Ils sont neuf. Il remet le pied à terre et recompte : bonheur ! Ils sont dix ! Nasreddine réfléchit et se dit : chaque fois que je suis sur un âne, les voleurs essaient de m'en dérober un, alors il vaut mieux que je continue à pied. Et c'est ainsi qu'il arrive chez lui transpirant et épuisé, mais fier d'avoir échappé aux voleurs.
Il raconte l'aventure à sa femme qui pousse un grand soupir et dit : "En regardant bien je ne vois pas seulement dix ânes mais onze !".
Son personnage s'est fondu à celui de Joha (au Maghreb) Djha ou Djouha (Algérie). Le personnage de Joha (en Égypte il s'appelle Goha, en Turquie il s'appelle Nasrettin Hoca) préexistait à celui de Nasr Eddin Hodja sans que l'on puisse clairement déterminer l'origine de ce personnage du monde musulman.
En Afghanistan, Iran et Azerbaïdjan, on l'appelle Mollah Nasreddin et en Asie centrale Appendi (du turc efendi : monsieur), mais ce sont toujours les mêmes aventures que l'on raconte à son propos. Ses histoires courtes sont morales, bouffonnes, absurdes ou parfois coquines. La plupart des histoires de Nasr Eddin Hodja ont une morale.