Une Algérienne soutient une thèse sur la prostitution

Prostitution durant la colonisation
Prostitution durant la colonisation

Keltoum Boulkhadrati apparaît comme une pionnière pour avoir soutenu une thèse sur la prostitution clandestine dans le monde musulman. Son courage a été salué par le jury et son travail récompensé par une excellente note.

Pour définir le concept de prostitution en tant que rapport marchand, Keltoum Boulkhadrati s'est appuyée sur des travaux et des législations européennes et sur des écrits issus du monde musulman, notamment à l'époque du Prophète Mahomet.

La doctorante a en outre souligné l'existence, en Algérie, d'impôts sur la prostitution, à l'époque de la Régence d'Alger (XVIe siècle), sous le protectorat ottoman...

La doctorante a également effectué une enquête sur le terrain. Une quarantaine de femmes vivant de la prostitution a accepté de participer à son étude. Plusieurs critères ont été pris en compte dans cette étude. Il en ressort, notamment, que ces femmes, indifféremment jeunes ou âgées, étaient souvent veuves, divorcées, issues d'un milieu économiquement défavorisé ou avaient été victimes de viols.

Pour étudier de près ce commerce des corps féminins, Keltoum Boulkhadrati s'est notamment fait passer pour une femme de ménage dans des "maisons de rendez-vous" des plus modestes aux plus luxueuses... De ses observations est ressorti en outre le fait que certaines femmes s'accommodaient de leur situation, tandis que d'autres évoquent le lourd monopole des proxénètes "prêts à tuer pour sauvegarder leur source de revenus".

Dans le cadre d'une démarche anthropologique et scientifique, Keltoum Boulkhadrati s'est gardée de porter un jugement moral sur le sujet, mais a évoqué le point de vue de la religion sur la question ainsi que la notion de plaisir, qui n'est pas non plus absente de l'étude.

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Mis en ligne : Mardi 5 Juillet 2005
 
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